Pour Technopolis, l'industrie à sa place dans les Alpes (et c'est bon pour l'attractivité)

L'entreprise va lancer une production de pièces métalliques en impression 3D à Sisteron. Avec ce procédé innovant, le directeur général veut jouer un rôle de démonstrateur afin d'inciter d'autres sociétés industrielles à, elles aussi, faire le choix d'une implantation dans le département alpin.
(Crédits : DR)

Quand on évoque l'industrie, on ne pense pas immédiatement aux Hautes-Alpes ou aux Alpes-de-Haute-Provence. Et c'est bien ce qu'espère changer Marc Ventre. Cet ancien directeur du groupe Safran, originaire de Veynes, ne cache pas sa passion pour l'industrie. Un secteur qui ne pèse que 5 ou 6% sur les territoires alpins de Provence Alpes Côte d'Azur affirme-t-il. Un donnée qu'il connaît bien pour avoir réalisé au milieu des années 2020 une étude sur l'attractivité économique des Hautes-Alpes, et ceci à la demande d'un ancien préfet. "Je me suis dit que l'industrie était un axe à développer à condition qu'il s'agisse de haute technologie et qu'elle garde une taille humaine", raconte-t-il.

C'est donc une poignée d'années plus tard, que Marc Ventre vient de poser la première pierre de Technopolis à Sisteron. Cette entreprise va concevoir et produire des pièces métalliques en impression 3D. "C'est de la fabrication additive comme avec les imprimantes 3D pour le plastique, c'est-à-dire que l'on ajoute des couches pour réaliser un objet au lieu d'enlever de la matière", détaille le dirigeant. La technologie de ce procédé "peu développé" selon l'entrepreneur s'appelle la Bound Metal Deposition.

Scanner des pièces cassées pour les remplacer

"Cette opération doit servir de projet pilote et de vitrine pour générer des idées et des implantations", prévient Marc Ventre. Le but est de montrer que l'industrie à toute sa place dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes. C'est d'ailleurs dans ce dernier département que le dirigeant et ses associés - Christian Aubert, directeur des opérations chez SNCF Réseau et Jean-Luc Doublet, président de la société de conseil en stratégie industrielle Latitude 44-20 - voulaient s'installer. Mais Marc Ventre se montre ravi d'être à Sisteron. "C'est encore mieux car la zone d'activité est très belle et elle offre un accès direct à l'autoroute", se réjouit-il. Le soutien des collectivités locales a aussi favorisé cette implantation. "Nous avons eu le permis de construire en un mois", illustre Marc Ventre.

Entre son discours dithyrambique pour la zone d'activité et ce projet de démonstrateur, on pourrait croire que l'ex-directeur général du groupe Safran joue un véritable rôle de VRP pour le territoire. "Nous ne faisons pas cela que pour la science", sourit-il rapidement. Le modèle économique de Technopolis est bel et bien établi. "Nous visons les pièces de remplacement du secteur agricole, des machines de ski, de l'aéronautique légère et de l'automobile".

Car grâce à son process technologique, l'entreprise bas-alpine peut scanner des pièces existantes cassées pour les reproduire. Pour ce qui est de l'aéronautique plus lourde, elle se positionne sur les pièces dédiées aux prototypes et au développement. "Pour un moteur d'avion par exemple il faut normalement créer un moule pour seulement quelques pièces, c'est une opération longue et couteûse", explique Marc Ventre.

Trois ans de R&D

Pour l'instant aucun contrat n'est noué avec des partenaires commerciaux. Le bâtiment sera livré en novembre et s'il dispose de 200 m2 d'atelier seulement 25% seront occupés par des machines. "Nous avons encore des travaux de recherche et développement à mener pour valider les outils de conceptions et la qualité des pièces à l'usage", justifie Marc Ventre. Ce travail de R&D, c'est l'association Micado qui va s'en charger. Cette dernière est un think tank spécialisé dans la conception assistée par ordinateur, la simulation numérique et la fabrication additive. Elle opérera les machines de Technopolis via un contrat de services.

Cette période de R&D doit durer trois ans, des pièces pourront être produites en parallèle. Le temps de laisser Technopolis s'agrandir doucement et pourquoi pas, voir des entreprises positionnées sur le même marché ou sur des métiers liés au post traitement faire, elles aussi, le choix des Alpes. Et créer un écosystème...

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