SerenySun Energies applique le BtoGéographie, le circuit-court pour tous, à l'énergie

La start-up installée à Aix-en-Provence crée des unités de production d'énergies renouvelables mais à destination de consommateurs situés dans un périmètre de deux kilomètres alentour. Un premier projet a vu le jour dans une école des Bouches-du-Rhône, associant acteurs publics, privés ainsi que des citoyens. Trois autres projets doivent aboutir d'ici la fin de l'année.
(Crédits : DR)

Consommer plus proche de chez soi, c'est aussi applicable à l'énergie. C'est en tout cas ce que croit Donald François le fondateur de la start-up SerenySun Energies. Basée au technopole de l'Arbois à Aix-en-Provence, elle veut développer les communautés d'énergies renouvelables en France. Un concept d'abord juridique, issu de la législation européenne, que le dirigeant définit comme "l'objet qui incarne nos deux principes, le circuit court et la participation des parties prenantes".

Dans les faits, SerenySun Energies est propriétaire d'actifs de production d'énergies renouvelables (EnR). Des mégawatts qu'elle propose ensuite aux potentiels consommateurs, publics comme privés, situés dans une zone de deux kilomètres de diamètre. Cette distance maximale est définie par la loi pour ce qui concerne l'autoconsommation, elle s'étend à 20 kilomètres pour les zones rurales. Ce type de démarche n'est pas tout à fait niveau, l'association Energie partagée en mène depuis plusieurs années. "Nous travaillons avec eux, ils nous aident sur la mobilisation citoyenne", explique Donald François. "Notre start-up permet d'accélérer ce modèle en fournissant une offre de service", poursuit-il.

Une approche B to Géographie

Preuve en est, le plus gros projet d'autoconsommation collective a vu le jour en fin d'année dernière à Calas, dans les Bouches-du-Rhône. Et il est porté par SerenySun Energies, en lien avec l'association. Il s'agit de 1.200 m2 de panneaux photovoltaïques installés au sein d'une école avec une capacité de production de 282 MWh par an, soit environ la consommation de 70 foyers. Une énergie qui va bénéficier à l'établissement scolaire et lorsqu'il est fermé à des foyers privés.

Le modèle économique s'adresse aux entreprises, il est donc aussi bien BtoB que BtoC. Donald François parle d'ailleurs de "B to Géographie" car il vise d'abord un lieu. "Notre point de départ est très territorial, nous visons d'abord les acteurs publics pour la mise à disposition d'un espace foncier. Quand nous savons où installer une unité de production, nous regardons qui pourrait profiter de l'énergie", développe-t-il. Le financement lui associe la start-up, les collectivités et des citoyens. "Nous souhaitons le proposer aux particuliers mais il n'y a aucune obligation", précise le dirigeant. Tous sont ensuite réunis dans une société de projet, en l'occurrence la SAS SerenyCalas.

Un prix attractif

Pour être consommateur de l'énergie produite il n'est pas nécessaire d'être actionnaire.  "Il suffit d'adhérer pour qu'un certain pourcentage de la production soit attribué, le client garde son fournisseur", souligne Alice Gaubert, chargée de développement. Un volet important pour la start-up qui souhaite dans sa démarche permettre à un maximum de foyers d'accéder à de l'EnR de proximité. "Jusqu'à présent il fallait être propriétaire foncier pour avoir accès à de l'énergie solaire ou être investisseur, note Donald François. Ceux qui souffrent de la hausse des prix aujourd'hui sont les mêmes qui ne pouvaient pas accéder à l'autoconsommation".

Car SerenySun Energies revendique un prix compétitif. Un argument bien loin de ce qu'on l'entend depuis de nombreuses années sur les EnR. Ce changement s'explique par l'évolution technologique permet aujourd'hui de réduire les coûts de production alors que dans le même temps la facture de l'énergie "classique" s'envole. "Quand nous avons démarré notre projet à Calas c'était plus difficile de trouver un modèle rentable qu'aujourd'hui", estime Donald François. Les évolutions réglementaires, notamment pour ce qui concerne les appels d'offres, permettent aussi de mieux soutenir ce type de démarche. A Calas par exemple, l'électricité redistribuée est 5% moins cher.

Diversifier ses sources d'énergies

La combinaison des prix attractifs et des circuits courts doit aussi limiter le phénomène de nimby (not in my back yard, littéralement pas dans mon jardin). Car accepter de voir des infrastructures est souvent un frein comme on peut le constater avec les éoliennes. "Les mentalités évoluent sur ces choses", juge Donald François. "Nous incluons tous les acteurs dès le début du projet ce qui leur permet de se l'approprier", embraie Alice Gaubert. Le développement du modèle de SerenySun Energies appelle de facto à la création d'autres unités de production. "Quand nous nous implantons quelque part nous visons les 4.000 m2 donc c'est ce que nous allons faire à Callas". Pour atteindre cette surface trois projets sont en cours, ils devraient aboutir en fin d'année.

A terme, la start-up de six salariés souhaite aussi diversifier ses sources d'énergie. Pour ce qui est du stockage, qui permettrait une alimentation permanente, il faudra en revanche être patient. La technologie représente aujourd'hui un coût trop important et l'impact des batteries n'est pas encore optimal. Pour financer ces projets, Donald François prévoit une levée de fonds très prochaine avec comme objectif la somme de 500 000 euros. L'entrepreneur aimerait que dans les zones urbaines et péri-urbaines, 50% des besoins en électricité soient alimentés par de l'autoconsommation. Ce qui signifierait une vaste réindustrialisation énergétique.

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