Le crowdfunding ou comment le Stade niçois structure son financement… et sa stratégie

Le club de rugby, qui a intégré pour l’année 2020-2021 le Championnat de France, ouvre son capital, à hauteur de 10%, en lançant une campagne de financement participatif via la plateforme tudigo. Une initiative totalement innovante dans le monde du ballon ovale qui vise à faire appel à la contribution des entreprises comme des particuliers. Une façon d’accélérer la réalisation des projets structurants dont le centre de formation est l’une des composantes. Le tout dans un contexte qui voit le club être aux portes de la D2.
(Crédits : DR)

Il en va ainsi du sport comme des startups. Ou presque. En lançant une campagne de financement participatif via la plateforme tudigo, le Stade niçois secoue le cocotier et le monde du sport - du rugby encore plus particulièrement. Car l'appel à la contribution financière du grand public - particuliers comme entreprises - est totalement innovant pour la filière. Nouveau, mais stratégique aussi. Car, sur ce point également, le recours « à la foule » est, autant que pour les startups, une façon d'associer ce grand public à une marque.

Favoriser la marque... et le territoire

Sur le fondement de cette opération, Régis Bauché est clair. Le club est dans une phase de développement qui suit une période qui a vu le mythique Racing club de Nice, descendu de quelques divisions, se rapprocher de l'élite. Le crowdfunding est donc « un moyen économique et de communication qui nous permet de nous différencier », indique le directeur général du Stade niçois. Et de rapprocher aussi ceux qui méconnaitraient le club.

Or toutes les marques l'ont bien compris et c'est sans doute encore plus vrai pour un club représentant l'une des disciplines les plus aimées et médiatiques de France, être proche de son territoire fait partie de la capacité à réussir son développement. « Le crowdfunding nous est apparu comme s'inscrivant dans une logique d'investissement », poursuit Régis Bauché. « Nous mettons le rugby au cœur de la ville, des quartiers et des jeunes. C'est aussi une façon d'impliquer l'ensemble du territoire ».

Et une façon d'accompagner le développement du club, dont l'ensemble des équipes - 25 au total, masculines et féminines - évoluent en élite. Un club qui doit aussi faire face à d'autres clubs extrêmement structurés. « Nous avons besoin de donner des moyens aux équipes, ne serait-ce que concernant l'encadrement sportif, la préparation physique, le personnel médical, les conditions de déplacement... » ajoute Guillaume Cazanave, en charge du développement.

Un tour de table pour consolider

Une levée de fonds de l'ordre de 2 millions d'euros a déjà été conclue auprès d'entrepreneurs locaux. Cette ouverture de capital - pour 10% - devrait permettre de récolter 500.000 euros.

Le centre de formation, labellisé comme tel en 2022, constitue aussi une force dans le plan de déploiement de tout club, et c'est vrai ici aussi. Et au-delà du recrutement d'un directeur du centre de formation ou de médecins, c'est aussi le volet gestion de data pour rendre le suivi intelligent et performant qui est crucial. Et qui fait totalement partie de la stratégie de compétitivité.

Effets de levier

Doté d'un budget de 5 millions d'euros, le Stade niçois devrait obtenir le financement d'une nouvelle tribune de la part de la Ville de Nice, doublant ainsi la capacité d'accueil.

Une holding regroupant les investissements obtenus auprès du grand public rejoindra celle qui gère les investissements apportés par les entrepreneurs. « Nous sommes montés de trois divisions en 5 ans, nous avons besoin d'être prêts pour l'étape suivante », dit encore Régis Bauché. « Nice est une ville cosmopolite, nous avons des qualités que d'autres n'ont pas. Si Nice monte en pro D2, nous serons dans un rattrapage technique ».

Et puis il y l'effet grands événements sportifs, opportunités à ne pas laisser échapper.

La tenue à l'Allianz Riviera de quatre des matchs s'inscrivant dans la Coupe du monde de rugby peut en effet jouer l'effet de levier qui va bien. Tout autant que les demi-finales du Top14 qui se tiendront en mai à Nice. Sans oublier les JO2022. « Nous devons profiter de cette ambiance, de l'intérêt du public qui est plus vif à ces moments là », ajoute Régis Bauché. Pour rappel, le Stade niçois emploie 40 joueurs en contrat professionnel, dispose d'un encadrement ainsi que d'un service administratif d'une dizaine de personnes chacun et rassemble plus de 600 licenciés.

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