Avec son emballage plastique éco-responsable, Sempack bouscule le monde du packaging

Dérivé de la poche à douille, l’emballage mis au point par la société franco-monégasque, dont le site de production est basé à Castagniers, près de Nice, veut proposer une alternative au packaging standard traditionnel qui peine à se réinventer. La PME vient d’opérer une première incursion sur le marché agro-alimentaire et entend désormais accélérer son développement.
(Crédits : DR)

Lorsqu'en 2011, Wenael Régnier prend les rênes du fabricant de packaging rigide monégasque Semco, l'ex-directeur supply chain de l'équipementier automobile Novarès a un objectif en tête : "Imaginer le plastique autrement". "C'est l'idée, explique-t-il, que nous, fabricants d'emballage, devons prendre notre part face à la problématique de la pollution plastique en milieu marin et proposer de nouvelles alternatives au packaging standard traditionnel". Une décennie plus tard, c'est chose faite. Baptisé Sempack, ce dérivé de la poche à douille, qui veut bousculer le monde du packaging où l'innovation produit, depuis les années 60 et l'apparition du Tetra Pack, reste atone, a opéré une première incursion sur le marché de l'agroalimentaire en séduisant le breton Soréal, spécialiste des sauces destinées aux professionnels de la restauration.

Un contenant éco-responsable

Il faut dire que le contenant 100% éco-responsable développé par la société - et breveté - a des arguments pour convaincre. Simple, ergonomique, customisable, "Sempack rassemble les atouts des emballages actuels sans les inconvénients", revendique le dirigeant. Adapté à toute forme de produits, du liquide au pâteux, il présente surtout des avantages environnementaux forts : léger ("trois fois plus qu'une bouteille de ketchup"), économe en matière première, compactable à 95%, évidemment recyclable et permettant un taux de restitution pouvant aller jusqu'à 99%. "Nous avons en effet travaillé aussi sur la notion de gaspillage, d'abord parce que ce qui reste dans la bouteille, c'est de la marge qui part à la poubelle pour les professionnels, ensuite parce que l'on sait maintenant que 25% des émissions de CO2 en France sont liées au gaspillage alimentaire".

Une industrie à impact positif

Destiné aux particuliers, mais aussi aux secteurs de l'agro-alimentaire, des cosmétiques, de la nutrition ou encore industriel comme celui des colles, Sempack est porté par une structure éponyme, labellisée Solar Impulse Efficient Solution en 2019 et dont la filiale Sempack France a été créée en 2020. Celle-ci dispose d'un site de production à Castagniers, près de Nice, au sein du parc d'activités Roguez Village. "C'est un vrai projet industriel qui intègre des compétences locales, une douzaine aujourd'hui", insiste le dirigeant qui vient de réceptionner une deuxième génération de machine et d'obtenir un soutien de 800 000 euros via France Relance. "Il s'agit aussi de s'inscrire sur un axe RSE très fort, reprend-il, car au-delà du produit, nous cherchons à imaginer l'entreprise de demain, une industrie à impact positif". Et cela se traduit, entre autres, par un double business model : la vente de packs vides fabriqués dans les Alpes-Maritimes d'une part, et de l'autre celle des machines de production, que le dirigeant souhaite positionner chez les grands donneurs d'ordre, français ou européens, de manière à réduire le bilan carbone.

Un investissement de 2,7 millions d'euros

Au total, Wenael Régnier évalue l'investissement consacré à Sempack depuis le lancement du projet à 2,7 millions d'euros. "Nos besoins sont grandissants, d'où notre engagement aujourd'hui dans la recherche d'investisseurs", indique-t-il. L'objectif étant de financer l'évolution de l'outil industriel, l'ensemble des ressources commerciales et techniques nécessaires et la R&D. Celle-ci se déploie sur trois points : le produit avec notamment l'élaboration d'un format nomade de 100 ml, le process à travers un travail sur les soudures par ultrason, et le matériau avec le lancement prochain d'une version papier et le développement de produits biosourcés.

En attendant, l'entreprise vient de lancer "une grande campagne de communication pour accélérer la commercialisation". Et, parallèlement, contribuer à la réhabilitation de l'emballage plastique. "On fait au plastique un faux procès, avance-t-il. C'est une invention noble dont on ne peut, dans certains cas, pas se passer. Aller vers le zéro plastique me paraît une erreur. Certes, il y a des restrictions à mettre en place, des évolutions à apporter dans le cadre de son utilisation, des mentalités à changer afin d'entrer dans une logique d'économie circulaire à 100%, mais qu'on se le dise, la révolution de l'emballage ne pourra se faire sans celle du recyclage". Et le dirigeant de formuler un vœu : "Faisons en sorte de réagir ensemble, pas de manière isolée et surtout sans chercher à nous opposer".

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