Julien Einaudi - Ortec : « Un développement structuré doit intégrer audace et rigueur »

Directeur du pôle Global Services du groupe familial spécialisé dans les services en ingénierie et travaux basé à Aix-en-Provence, cet ex-startupeur, insuffle innovation et vision élargie dans l’entreprise, regarde les pépites avec attention et avec un outil pour les aider, baptisé Ortec Ventures, les jeunes aussi en misant sur l’alternance. Et prépare demain, où l’acquisition de compétences doit mener à l’objectif 2025 : doubler de taille.
(Crédits : DR)

Il y a souvent de l'atavisme dans l'entreprenariat. Parfois, celui-ci prend des chemins de traverse. C'est un peu le cas de Julien Einaudi. Qui regarde le monde de l'entreprise assez tôt, durant ses études, puisque c'est le moment qu'il choisit pour créer sa première entreprise. L'ingénieur des Arts et Métiers, qui possède aussi un master en entreprenariat, fonde avec ses camarades de promo, People Doc en 2007, startup spécialisée dans la dématérialisation des documents RH. S'ensuit la belle histoire dont rêvent tous les startupeurs : le rachat, pour 300 millions d'euros.

La croissance externe pour ajouter des compétences


C'est donc en 2010 que Julien Einaudi franchit pour la première fois les portes d'Ortec. Ce ne sera pas à Aix-en-Provence, où se situe le siège, mais en Angola, pour assurer des missions de maintenance offshore. Douze mois plus tard, retour en France, en Provence au sein de Contracting France, la branche spécialisée dans les travaux sur installation où il continue de travailler sur des dossiers africains. Un détour par la pétrochimie en arrêt d'unité plus tard, le voici ensuite du côté du nucléaire. En 2013, changement de braquet. Ortec vient de racheter Ducamp, PME de 350 personnes qui réalise 35 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il faut mener l'intégration au sein du pôle Global Service. Un pôle dont Julien Einaudi prend la responsabilité et poursuit la politique de croissance externe, notamment en faisant l'acquisition de Brunet, spécialisé dans la maintenance électrique. « Il nous manquait une brique dans l'électricité », dit-il. Manque comblé.

Si le groupe déploie un plan de développement structuré, qui semble savoir anticiper, la vie d'Ortec n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. En 1992, un LMBO signe l'indépendance de celle qui était née au sein du groupe Onet. « L'entreprise a connu des années qui n'étaient pas toutes roses, avec beaucoup d'endettement et de contexte compliqué » raconte Julien Einaudi. « Ce qui nous porte, c'est l'audace et la rigueur. Le développement de l'entreprise, c'est important, mais cela demande de la rigueur, de placer les bonnes personnes au bon endroit ».

Former, accompagner, soutenir

Anticiper l'évolution, savoir acquérir les expertises qui manquent et qui sont capables de faire grandir, ça n'est pas forcément inné, explique Julien Einaudi. Surtout dans un secteur qui est complexe, pas toujours bien compris par les non-initiés.

« La vision vient avec le temps. Notre ADN, c'est le Made in Ortec et c'est ce qui fait le lien avec l'ensemble de nos activités. Nous travaillons dans des univers qui peuvent être sensibles, l'erreur, on la paye cash. Nos métiers ne sont pas connus, ne sont pas reconnus. Nous devons être fiers de notre travail ». Les Casques d'Or, cette récompense créée en interne, vise justement à récompenser les meilleurs professionnels du terrain. Plus globalement, « nous voulons que les opérations se passent en sécurité, dans les temps et dans les prix du marché », indique Julien Einaudi. Ortec consacre par ailleurs 5% de sa masse salariale à la formation, soit plus de 15 millions d'euros.

Ortec qui a mis en place O 'Solidaire, un fonds interne de solidarité, qui vient compléter les autres actions sociales du groupe, financé par une partie des bénéfices et qui est là pour épauler les collaborateurs dans les moments difficiles de la vie, en aides d'urgence, de désendettement, de soutien aux familles dont les enfants sont en situation de handicap...

De la R&D interne aux startups

Sur la roadmap, figure aussi l'innovation. Presque un passage « naturel » quand on sait que l'industrie est très appétante à la chose. C'est, au quotidien, le sujet de la Direction technique instaurée exprès, « pour effectuer la R&D en interne, pour développer nos propres matériels ». Mais qui dit innovation, dit startups. De jeunes pousses qui sont observées par un comité digital, capable de soutenir financièrement les pépites les plus prometteuses via Ortec Ventures, le véhicule dédié à la prise de participation. Un choix d'investir dans l'innovation qui pousse même Ortec loin de son cœur de métier. « Nous sommes en train de lancer un projet qui permet de monitorer le rythme cardiaque. Cela nous permet d'anticiper et prendre soin de la santé de nos salariés sur le terrain », explique Julien Einaudi. « Si nous nous positionnons ainsi, c'est que nous avons la possibilité d'accélérer ».

Doubler de taille, le défi de dans 4 ans

Que sera donc Ortec à horizon de quatre ans ? Julien Einaudi échafaude plusieurs scénarios. « Soit Ortec est en croissance, nous continuons alors à nous développer et nous pouvons prévoir un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros à horizon 2025. Soit le contexte général ne nous permet pas de croître, et Ortec se maintient. Soit le contexte se dégrade et Ortec ralentit son développement. Nous savons que tout est fragile ». Mais, rajoute celui qui figure dans le classement Choiseul, « ce qui motive les salariés, c'est le développement. C'est prendre plus de responsabilités, changer de métier. Tous les 5 ans, nous réfléchissons sur ce que doit être l'entreprise ». La feuille de route, pour l'heure, reste solidement ancrée autour de la croissance externe pour ajouter encore des briques ou se renforcer dans des expertises, de la proposition de nouvelles offres comme de nouvelles innovations. Et l'objectif est, dans 4 ans, d'avoir permis au groupe familial une prise de poids qui l'amène à doubler de taille.

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Commentaire 1
à écrit le 29/05/2021 à 10:24
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