Shibuya Productions conforte son leadership dans l'entertainment

La société de production, implantée à Monaco, multiplie les projets, aussi bien de jeux vidéo, de dessins animés que de mangas. Une diversité qui lui permet d'occuper une position enviée dans le monde du divertissement. Avec un business modèle agile où l'appel aux compétences extérieures constitue une des briques de différenciation. Et une particularité, celle de pouvoir se targuer d'un petit exploit : avoir fait planter le site d'un spécialiste de la levée de fonds en crowdfunfing…
(Crédits : DR)

Elle est jeune - née en 2014 - et installée dans un pays pas vraiment connu pour son écosystème dédié aux industries créatives - Monaco. Pourtant, Shibuya Productions est l'une des sociétés de productions les plus actives de son secteur. Il faut dire que la jeune entreprise est assez hyperactive, puisqu'elle adresse divers marchés. Une hyperactivité un peu aussi à l'image de son dirigeant, Cédric Biscay, venu du... conseil en stratégie au Japon. C'est même cette première activité qui est à l'origine de la naissance de Shibuya Productions. "Après avoir conseillé les autres, j'avais envie d'appliquer ce que je connaissais pour développer mes propres aspirations".

De Santa Barbara à Kickstarter

L'activité de Shibuya Productions est donc de produire aussi bien des séries TV, des jeux vidéo, de documentaires, des mangas. C'est à elle que l'on doit notamment le retour d'Astroboy, plus connu sous le nom d'"Astro le petit robot", série télé des années 80, actuellement en production. Le 1er décembre prochain, elle met sur le marché Twin Mirror, jeu vidéo narratif, thriller psychologique, "au cours duquel différents choix s'offrent au joueur, le scénario s'adaptant ensuite à ces choix, ce qui lui permet de participer à l'enquête et influer sur son déroulement", détaille Cédric Biscay. Le projet est mené en collaboration avec le studio de développement de jeux vidéo, Dontnod Entertainment, basé à Paris.

C'est en revanche avec l'espagnole Zapruder Pictures qu'a été produit le documentaire Sad Hill Unearthed, qui retrace l'histoire de la renaissance du site où a été créé le cimetière de la scène finale du film "Le bon, la brute et le truand", avec Clint Eastwood, documentaire distribué sur Netflix et qui a été primé lors du Festival du film de Santa Barbara.

Mais c'est pour financer la production de Shenmue III, jeu vidéo dont les deux premiers volets étaient sortis en 1999 et 2000, que Shibuya Productions va se créer une petite notoriété. Afin de lever les fonds nécessaires, une campagne est lancée sur la plateforme de crowdfunding, Kickstarter. Une campagne qui fonctionne bien au-delà des espérances de Cédric Biscay puisqu'elle réussit le petit exploit - involontaire - de déclencher un bug de la plateforme. Incident qui crée le buzz. 6,5 M€ sont finalement levés. "Ce troisième volet était très attendu, il y avait une communauté existante", fait remarquer Cédric Biscay.

Engager dans le divertissement durable

Pour l'heure, la jeune société de production a donné jour à 5 jeux vidéos, 7 séries mangas et un documentaire. 2021 devrait être davantage axé vers le manga. Cependant, Shibuya Productions assiste à une tendance qui sert aussi son approche : celle du divertissement utile et durable. C'est précisément son expertise en entertainement que viennent chercher les entreprises soucieuses de mieux communiquer sur certains messages, peu faciles à faire passer. "Nous nous associons à des entreprises pour créer par exemple un jeu vidéo qui permet d'emmener le consommateur vers certaines thématiques rébarbatives ou peu faciles à communiquer. C'est véritablement un projet construit ensemble, nous ne sommes absolument pas une entreprise de communication. J'aime à penser que l'on peut faire de la co-production avec le packaging adéquat autour", appuie Cédric Biscay.

Addition de briques

Le partenariat avec d'autres segments de l'entertainement c'est d'ailleurs exactement ce qui constitue la particularité du business-modèle de Shibuya Productions. "Nous disposons d'un certain nombre de partenaires pour tout ce qui relève de la 3D ou de l'illustration, dont des studios au Japon", explique Cédric Biscay. "Nous ne voulons pas tout faire à 100 % mais au contraire nouer des partenariats intelligents. Une société de production doit initier les projets et contrôler que tout va bien".

Si le recrutement des compétences est à la fois le nerf de la guerre et ce qui constitue l'expertise d'une entreprise, la société monégasque à une vision plutôt différenciante sur le sujet. "Je suis entrepreneur depuis longtemps et ce dont une entreprise à surtout besoin, c'est de bon sens, plus que de compétences précises. Shibuya Productions ne nécessite pas de compétences particulières. Nous préférons recruter des profils pro-actifs, engagés, volontaires", complète le dirigeant de la PME qui emploie 7 personnes et ne communique pas sur son chiffre d'affaires.

Le divertissement durable, c'est aussi vraiment l'axe que privilégie la société. "D'un point de vue idéologique, il est intéressant d'avoir un divertissement durable. Prendre soin de sa santé, de son corps, de la planète, le divertissement aide à cela. Nous savons communiquer avec notre méthodologie et rendre cela plus digital", poursuit Cédric Biscay. "La génération des années 80 est davantage au pouvoir et comprend mieux l'intérêt de ces outils que sont le jeu vidéo ou le manga pour faire passer des messages. C'est comme si aujourd'hui, on ignorait le rôle des réseaux sociaux et que l'on se dispense de la connaissance de ses codes. Cela serait être hors connaissance de son marché".

L'international, c'est Magic mais pas que

Cette approche de service à un secteur, Shibuya Productions le sert avec Magic. Ce Monaco Anime Game International Conferences se tient une fois par an à Monaco et s'adresse à l'univers de la pop culture, réunissant les professionnels de la BD, du cinéma, du manga, du comics, de la télévision et de l'animation. Un excellent moyen pour Shibuya Productions d'être au centre du jeu et de retirer la substantifique moelle des tendances qui se dessinent. Magic se tient aussi à Kyoto, chaque mois de novembre. Et c'est à la demande même du maire de la ville, venu "chercher" la compétence monégasque. Une présence et une visibilité à l'échelle mondiale qui correspond aux objectifs de la PME, pour qui la multiplication de projets internationaux constitue un axe de développement majeur.

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