Comment Cap Vert Energie se structure à l'international

Très tôt tourné vers l'export, le producteur d'énergies renouvelables locales installé à Marseille s'est renforcé dernièrement sur trois marchés principaux – l'Afrique, le Chili et les Etats-Unis – chacun avec ses spécificités mais tous validant un modèle que la PME aimerait déployer aussi en France.
Au Chili, Cap Vert Energie a obtenu un financement d'un montant de 87 M USD pour ses projets de centrales photovoltaïques
Au Chili, Cap Vert Energie a obtenu un financement d'un montant de 87 M USD pour ses projets de centrales photovoltaïques (Crédits : DR)

L'international est régulièrement perçu - et on encourage généralement l'idée - comme un vecteur de croissance pour les entreprises. Si il ne faut pas en faire une généralité - loin s'en faut - dans certains cas, il s'agit bien d'un axe à privilégier. C'est exactement le cas pour Cap Vert Energie, cette PME qui s'est spécialisée dès 2009 dans la production d'énergies renouvelables - à l'époque le sujet est innovant dans tous les sens du terme - et qui n'a eu de cesse depuis de construire et renforcer son business modèle en s'inscrivant sur des marchés plus ouverts à l'énergie verte que le marché domestique.

Des intérêts confirmés

Et c'est l'année de ses 10 ans que CVE a accumulé les bonnes nouvelles sur chacun des pays où elle s'est positionnée. En Afrique d'abord, sans doute l'un des continents les plus prometteurs en la matière, la PME provençale y a remporté un appel à projet lancé par la DG Trésor intitulé "Solutions innovantes pour une ville durable" dans la perspective du sommet France-Afrique prévu pour ce tenir ce début juin. Il est question de développer un projet de micro-grid solaire sur ce qui est le premier éco-parc industriel de l'Afrique sub-saharienne, sis près de Dakar, l'idée étant de fournir les industriels installés sur le site en énergie solaire, pour 50 % de leur consommation. Une sorte de POC grandeur nature car si ce pilote se révèle concluant, CVE a toute potentialité pour en développer d'autres, sur d'autres parcs industriels. Un projet complet qui confirme que CVE a bien fait de s'intéresser à l'Afrique voici 3 ans. "Ce micro-grid est un élément de concrétisation de notre démarche", confirme Pierre de Froidefond, l'un des co-fondateurs de l'entreprise. Laquelle se renforce également en Afrique du Sud avec 3 PPA (Power Purchase Agreement NDLR) pour des moyennes et grandes surfaces. "Le marché s'est récemment dérégulé", explique Pierre de Froidefond ce qui doit permettre le déploiement massif d'énergie produite localement. Un potentiel de l'équivalent du "passage du téléphone analogique au téléphone numérique" estime le dirigeant marseillais. Ce sont 75 MWc en projet que CVE dispose sur le continent.

Autre pays qui porte la croissance de Cap Vert Energie, c'est le Chili où la PME s'est installée via une filiale baptisée CVE Chile, notamment parce que le pays était précurseur sur le sujet de l'énergie verte consommée localement. Le financement obtenu en décembre dernier pour 110 MWC et 20 centrales photovoltaïques, soit des projets PMGD (comprendre de production d'énergie renouvelable décentralisée) pour un montant de 87 M USD auprès de Natixis, est un signe de la solidité qu'a acquis CVE sur ce type d'opérations. "Ce closing démontre notre capacité à sécuriser un financement international", estime Pierre de Froisdefond. Surtout "le marché chilien a bien compris l'intérêt de ces projets. Nous y avons démarré en 2016 et en trois ans nous sommes passés de rien du tout à un stade d'acteur reconnu". Une petite performance pour la PME qui doit faire face à la concurrence des grands majors français, eux aussi présents sur tous les grands projets car dit aussi Pierre de Froidefond, "le Chili est un marché qui attire de plus en plus d'acteurs".

C'est aussi aux Etats-Unis que CVE continue de poser ses marques. Notamment via "Halo", nom de son offre de fourniture d'énergie solaire pour le nord-est du pays. Les Etats-Unis et plus précisément le Massachusetts où elle construit 7 centrales pour un investissement de 61 M€ tandis qu'elle poursuit ses projets dans l'Etat de New-York pour 30 MWc prévus. "Nous sommes un peu des précurseurs aux Etats-Unis", fait remarquer Pierre de Froidefond, rappelant que Cap Vert Energie y est le seul acteur français à avoir répondu à l'appel d'offre SMART qui promeut le développement de l'énergie solaire au Massachusetts.

Des projets donc structurés à l'international, qui portent la croissance de CVE. Au Chili, l'équipe comprend 18 personnes, aux Etats-Unis, elle est composée de 12 personnes. L'Amérique du Nord qui porte clairement les ambitions d'un déploiement plus dense, CVE visant 320 MWc à horizon 2024.

Marché domestique : oui, mais...

Et en France ? "C'est le marché le moins prêt pour ces offres de vente directe de l'énergie verte", analyse Pierre de Froidefond. Un projet de centrale solaire en toiture d'une grande surface est programmé dans les Pyrénées-Orientales et l'entreprise totalise 9 centrales photovoltaïques en cours de construction. "Le marché français démarre", dit le dirigeant marseillais qui compte sur l'offre pensée pour répondre aux besoins en énergie verte des grands groupes français. Un ensemble de jalons posés qui devraient permettre à Cap Vert Energie de s'installer durablement comme un acteur qui compte. L'entreprise, qui emploie actuellement 160 personnes, prévoit une cinquantaine de recrutements courant 2020 dont 30 concernent la France. Les prévisions de chiffre d'affaires de vente d'énergie s'établissent à 60 M€ pour l'exercice en cours une fois mis en service ses actifs actuellement en construction.

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