Jean-François Rey n'a eu de cesse, depuis ses débuts dans les années 80, de vouloir révolutionner la lunette en misant sur des technologies innovantes. "J'ai développé à l'époque plusieurs produits ludiques, on va dire extrêmes. Notamment des solaires, à côté desquels j'ai pu bâtir aussi un schéma plus solide sur des produits optiques, plus commerciaux et plus facilement portables". 35 ans plus tard, il tient le cap de ce positionnement d'avant-garde.

"Nous sortons deux nouvelles séries par an, au rythme des deux principaux salons professionnels du domaine de l'optique : le Mido à Milan, qui a lieu fin février. Et le Silmo à Paris, au mois de septembre".

C'est donc dans la perspective de cette nouvelle édition transalpine que le créateur marseillais dévoile ses nouvelles lignes, parmi lesquelles, la ligne en cuir naturel Au Masculin qui se décline pour les solaires et l'optique.

"Sa particularité, c'est d'allier le cuir véritable, haut de gamme, à l'acétate, qui est la matière phare des lunettes dites "plastique". Grâce à un procédé nouveau, nous avons réussi à compresser le cuir et à en recouvrir les montures".

Septembre, à l'aune du Silmo parisien, sera synonyme de revival : "nous sommes en train de ressortir une collection de modèles des années 80/90. Elle sera lancée en France sous cette échéance. Nous avons commencé à les diffuser à l'export pour un premier test".

Positionnement asiatique

Ce que l'on sait peut-être moins, c'est que Jean-François Rey ne s'appuie pas seulement sur sa marque éponyme : "nous comptons aussi avec Boz, féminine, plus tendance et stylisée, Volte face, parisienne dans l'esprit, dessinée par une native de la capitale, et enfin Sky eyes, marque coup de cœur, 100% mode, conçue pour une durée de vie limitée, d'une saison à l'autre", énumère le designer. Quatre marques pour une multiplicité de cœurs de cible, une stratégie qui lui a permis, en 2015, d'atteindre les 15 M€ de chiffre d'affaires. Notamment grâce à l'export. "Nous réalisons 35% de notre activité en France et 65% à l'international. Nous sommes particulièrement présents en Asie, principalement au Japon (NDLR : où Jean-François Rey compte une boutique exclusive) et en Corée". Le positionnement sur l'Asian Fitting, ou capacité à adapter la forme des montures à la morphologie du visage des Asiatiques, n'y est sans doute pas étranger.

"Aujourd'hui, c'est monnaie courante, et de nombreux concepteurs proposent désormais ce type de monture adaptée. Mais nous avons joué les pionniers en la matière".

Outre l'Asie, Jean-François Rey touche également les Etats-Unis, le Canada, ainsi que l'Europe. Principalement l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche, la Hollande et l'Italie.

Poursuivre vers l'Asie

Côté perspectives, les années à venir devraient être synonymes de développement accru en Asie.

"Nous envisageons de nous tourner davantage encore vers ce continent, avec la volonté de conquérir la Chine et les pays à sa périphérie. Pour ce faire, nous souhaitons conclure des partenariats avec des chaînes d'optiques spécialisées dans les produits haut de gamme, mais non pas exclusivement focalisées sur les grandes marques. Ce qui n'est pas aisé, car nombre de consommateurs en Chine restent très fans des géants du luxe que sont par exemple Dior ou Chanel".

Enfin, pour asseoir plus encore sa notoriété, Jean-François Rey envisage de s'associer à des créateurs ou des graphistes reconnus pour concevoir de nouvelles collections. Un mouvement déjà amorcé, à l'instar de l'expérience conduite avec le concepteur de jeux vidéo japonais Hideo Kojima. Les deux hommes ont créé de concert une collection capsule de montures optiques et solaires, au design futuriste et militaire, sortie en septembre dernier. "Cela s'est fait simultanément avec le lancement de son dernier jeu, "Metal Gear Solid V : The Phantom Pain". Nous irons de plus en plus vers ce type de partenariat", précise Jean-François Rey.