Dans le Sud, la CCI régionale alerte sur l'avenir du commerce de proximité

Boom des ventes en ligne, inflation, hausse des loyers... La CCI Provence-Alpes-Côte d'Azur alerte une nouvelle fois sur la situation des commerces de proximité et sur la hausse de la vacance dans les centres-villes. Elle espère un meilleur dialogue avec les collectivités pour soutenir cette activité.
(Crédits : iStock)

Ce sera à n'en pas douter l'un des sujets majeurs portés par les chambres de commerce et d'industrie ces prochains mois. Le commerce de proximité est, depuis maintenant plusieurs années, en difficulté, une situation à laquelle la Provence, les Alpes et la Côte d'Azur n'échappent pas. « Nous allons faire un focus sur ce sujet », prévient Philippe Renaudi, président de la CCI Provence Alpes Côte d'Azur. Une enquête* sur ce thème, menée par CCI France fin 2023, a été présentée dans la foulée au salon des maires. Une enquête qui démontre que 60% des commerçants interrogés se disent « peu optimistes » et que 41% ont connu une baisse de leur chiffre d'affaires depuis le Covid.

« Environ un quart des réponses proviennent de notre région donc nous estimons pouvoir nous appuyer sur cette étude plutôt que d'en réaliser une autre », précise Philippe Renaudi. Parmi les problématiques soulevées figurent « le stationnement en centre-ville, la propreté et l'inflation », liste le président de la CCI régionale. Autre point soulevé, celui de la vacance commerciale. 49% des sondés disent observer une hausse de ce phénomène dans leur ville depuis 2021, créant un cercle vicieux, puisque moins de commerces génère moins de passages et donc moins de rentabilité. Le phénomène ne se limite pas uniquement aux petites ou moyennes communes, à Marseille par exemple la vacance commerciale atteint 15%, soit bien plus que la moyenne nationale qui culmine à 11%, rappelle régulièrement Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix-Marseille Provence.

De nombreux dispositifs pas toujours efficaces

Parmi les raisons évoquées conduisant à cette situation : « Le prix des loyers et le manque de dialogue avec les collectivités », souligne Philippe Renaudi. Ces dernières sont attendues notamment pour proposer des aménagements ou petits évènements afin d'inciter à se rendre dans les centres-villes. « Beaucoup de commerçants ont des attentes sur des dispositifs pour lutter contre la canicule », illustre notamment le président de la CCI régionale.

Le sujet n'est pas nouveau comme en témoignent les plans mis en place au cours de ces dernières années par l'Etat, s'appuyant pour cela sur la Banque des Territoires, pour les centres des villes petites et moyennes. Il y a d'abord eu « Action coeur de ville » en 2018, puis « petites villes de demain » en 2020 et plus récemment « reconquête du commerce rurale » fin 2023. Trois programmes auxquels s'ajoute un éventail d'initiatives post-Covid sur des aspects comme la rénovation ou la digitalisation. Des dispositifs nombreux mais avec des résultats inégaux estime la Cour des comptes dans un rapport sur ce sujet publié en octobre. Le document juge par ailleurs que les enjeux du e-commerce sont « insuffisamment ou mal pris en compte ».

Lire aussiBercy muscle son plan d'aide à la création de commerces dans les zones rurales

La cohabitation avec les centres commerciaux

Car bien sûr, le boom du commerce en ligne est également avancé dans l'enquête mené par CCI France pour expliquer les difficultés actuelles. Le développement de centres commerciaux en périphérie, qui aspirent la clientèle ou les enseignes elles-mêmes, en revanche n'est pas mis en avant. Interrogé sur ce aspect qui relève de l'aménagement du territoire, Philippe Renaudi pointe une responsabilité « politique » lorsque la décision « d'installer des grandes surfaces se prend sans s'intéresser au centre-ville », mais estime « que ce type de situation se gère ». Et de donner en exemple Polygone Riviera, le centre commercial situé à Cagnes-sur-Mer : « Le cahier des charges imposait une contrainte, celui de soutenir financièrement les commerçants du centre-ville avec un montant pour participer à des animations ».

Lire aussiCentre commerciaux vs commerces de proximité... Je t'aime, moi non plus ?

Toutefois, les CCI ne sont pas toutes puissantes. « Notre voix n'est que consultative, la responsabilité économique est collective que cela soit chez les élus ou chez les consommateurs. Parfois, cela signifie aller à l'encontre de la facilité », juge Eric Ferrières, le directeur général de la Chambre régionale « Les maires manquent aussi de pouvoir, à Gap la ville s'est opposée à l'installation d'une grosse enseigne de boulangerie mais n'avait pas les outils pour », ajoute Frédéric Cavallino, président de la chambre consulaire des Hautes-Alpes.

Le sujet est vaste, les réponses à cette problématique d'attractivité du centre-ville sont forcément plurielles. Et collectives. Entre changement d'habitude de consommation, difficulté d'accès, de stationnement... maintenir le dynamisme de ces centres de vie est un réel challenge. Qu'il faudra remporter, sous peine d'une paupérisation qui sera compliquée d'endiguer.

*L'enquête a été menée en ligne sur le site de la CCI en octobre 2023, 1214 commerçants ont répondu.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.