« Nous devons passer d’une économie extractive à une économie régénérative » (Olivier Bret, CEC Provence Corse)

Alors que la transition écologique vient plus que jamais interroger les business modèles des entreprises, le co-fondateur de la Convention des Entreprises pour le climat dans le Sud et en Corse rappelle que même si les freins existent réellement, le temps n’est plus à tergiverser. A la fois pour des questions de compétitivité, d’attractivité des talents et parce que l’économie elle-même change. Et qu’il sera, dit-il « rapidement trop tard » pour ceux qui hésitent encore.
(Crédits : DR)

85% des dirigeants se disent sensibles à la transition écologique. Sauf que seuls 20% d'entre eux passent à l'action. Deux chiffres qui soulignent « le fossé immense entre l'intention et le passage à l'action », confirme Olivier Bret. Co-fondateur de la Convention des entreprises pour le climat, cet ancien entrepreneur s'est engagé totalement dans l'accompagnement des dirigeants désireux de véritablement agir pour sauvegarder la planète. Sauf que, évidemment, le point de départ c'est souvent cette question lancinante : faire, oui, mais comment ?

« Les dirigeants ont envie de bien faire, mais lorsqu'ils passent la porte de leur entreprise, ils font ce qu'ils savent très bien faire, c'est-à-dire rechercher la performance économique. Or, dans le monde de demain, cela ne suffira pas », détaille Olivier Bret.

C'est le premier pas qui compte

C'est précisément pour inciter à un premier pas que Olivier Bret a créé un parcours, hors Convention des entreprises pour le climat, appelée Passeport Transition 06, une association locale, qui a vocation à mettre un premier pied mis à l'étrier. « Beaucoup de freins empêchent le passage à l'action. Certains le sont pour des raisons liées à l'activité. Parce que souvent leurs clients ne sont pas prêts à payer plus cher certains produits... » Un Passeport qui est fait de 5, 6 visas, qui se veut très pragmatique.

Ça, c'est pour prendre ses marques, comprendre les tenants et les aboutissants, engager de premières actions. Mais pour aller vraiment loin et remettre en cause, interroger son business modèle, c'est la Convention des entreprises pour le climat qu'il convient d'intégrer. Un parcours dense, « qui se fait entre pairs, durant dix mois, ce qui exige une véritable implication du dirigeant ». 67 entreprises régionales disséminées sur l'ensemble du territoire régional s'y sont engagées en 2023, des « startups, PME, ETI », dit Olivier Bret. « On va au cœur de l'activité, nous passons d'une économie extractive à une économie régénérative. Cela emmène vers d'autres modèles d'affaires. Il ne s'agit plus de produire plus pour faire davantage de profit. Il faut se découpler de cela ».

« Il faut chercher une économie qui soit différente », pointe Olivier Bret, citant Renault Trucks, le constructeur de camions ayant bien compris, dit-il, qu'il n'allait plus mettre autant de camions sur les routes. « Son métier, c'est de faciliter le fret des marchandises et donc le groupe est passé à une logique de comment aider au transport de fret en vendant moins de camions ».

Avoir la vision du temps long

S'engager dans une transition de son modèle c'est aussi accepter parfois une rentabilité moindre ou qui atteint son point d'équilibre moins rapidement. Voilà qui constitue, reconnaît Olivier Bret, un des freins à l'action. « Mais le chef d'entreprise doit intégrer le fait que demain tout va changer, le contexte réglementaire va se durcir, tous les deux ans, une loi climat vient durcir les choses. Et puis l'acceptabilité sociale ne va pas être la même. Recruter les talents ne va plus se faire à l'identique. Si le dirigeant ne se met pas en route, il va devoir affronter un décalage, qu'il va payer très cher ». Olivier Bret qui fait remarquer que les entreprises familiales sont nombreuses à s'être engagées dans la Convention des entreprises pour le climat. « Ces entreprises s'apprêtent à transmettre à la prochaine génération. Elles ont la vision de temps long. Et elles ont bien compris qu'elles avaient intérêt à préparer l'avenir ».

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Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

 

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2023 à 21:14
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Perso, je préfère une économie récréative.

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