« Marseille n'est pas spécifiquement une ville touristique » (Laurent Lhardit, Ville de Marseille)

Depuis janvier, l’office de tourisme de la Cité phocéenne est présidé par l'adjoint en charge de l'économie et du tourisme durable. Après une saison estivale synonyme de transition, le souhait est désormais d'opter pour une stratégie axée sur la diversification des lieux, une fréquentation sur toute l’année et le « vivre à la marseillaise". L'objectif : développer un secteur d’activité qui ne représente que 8% du PIB.
(Crédits : Martin Baron / Unsplash)

Pour les touristes, l'été à Marseille a sûrement ressemblé aux précédents à quelques variations météorologiques près. Pourtant, loin des calanques, de la « Bonne-Mère » ou du Mucem, la situation était radicalement différente dans les coulisses de la saison estivale. En effet, depuis janvier, la Ville a repris la gestion de l'office du Tourisme de Marseille (OT). Une première depuis le changement de majorité politique lors des municipales de 2020 qui a porté le Printemps marseillais aux manettes municipales, alors que la compétence est dans le périmètre de la Métropole, présidée par Martine Vassal (ex-LR).

Un poste occupé donc désormais Laurent Lhardit, adjoint au maire en charge de l'économie et du tourisme durable. « L'office de tourisme est notre bras armé pour mettre en place notre stratégie de tourisme durable », présente-t-il. Pour le président délégué de l'OT, l'année 2023 est celle de « la transition » vers ce nouveau modèle. L'un des premiers axes de Laurent Lhardit concerne le traitement même des données liées à cette activité. « Le chiffre de quatre à cinq millions de touristes qui viendraient à Marseille chaque année ne repose sur aucune donnée vérifiée », juge-t-il. L'idée est donc de développer des études pour pouvoir mieux analyser ces flux de visiteurs. « Nous allons nous appuyer sur un outil qui utilise les données de téléphonie mobile », illustre l'adjoint.

27% de tourisme affinitaire

Pour la saison estivale qui vient de se terminer, les seuls chiffres connus sont ceux de l'activité de l'hôtellerie : 77,5% de taux d'occupation globale. Une fréquentation qui est en baisse de 4,7 points sur un an et de 5,2 points par rapport à 2019, dernière année avant Covid. « Mais sur la même période, le revenu par chambre a augmenté de 25% », note Laurent Lhardit qui précise que ces indicateurs ne résument pas l'activité touristique mais seulement celle des hôtels. L'adjoint au maire s'appuie sur un sondage effectué durant l'été par l'Ifop, à la demande de la Ville, auprès de 1.000 touristes. Selon cette enquête, dont les résultats complets ne sont pas encore diffusés, seulement 63% des visiteurs logent dans un hébergement marchand. Autrement dit, ceux qui payent leur nuit. Les 27% restants « dorment chez des amis, cela s'appelle du tourisme affinitaire, ou passent par une plateforme d'échange de logement ». Un chiffre qui illustre pour Laurent Lhardit la complexité d'analyser les flux touristiques.

Le spectre d'un tourisme bien fort l'été n'est toutefois pas à écarter. Bien que les émeutes fassent partie des raisons évoquées pour expliquer la plus faible fréquentation dans les hôtels, notamment en juillet, les tendances à l'échelle nationale et européenne sont plus celles d'un tourisme qui échappe aux fortes chaleurs. « Les choix des destinations changent beaucoup plus selon la météo », estime Laurent Lhardit. Pour s'adapter, un comité des acteurs du tourisme va être mis en place pour débattre avec tous les acteurs concernés de ces sujets afin de trouver des réponses. « Cela peut-être de proposer des visites plus tôt ou tard dans la journée, mais aussi d'offrir un cadre plus adapté avec des lieux qui apportent de la fraîcheur », avance le président délégué de l'OT. Plus original, il vante « la sieste » comme une tradition sudiste qui permet d'éviter d'être dehors lors des pics de chaleurs en début d'après-midi. Pas sûr toutefois que des touristes viennent jusqu'à Marseille pour dormir.

Alimenter l'économie locale

Des aspirations qui traduisent un autre axe de travail, celui de réorienter l'offre. « Marseille est atypique car ce n'est pas spécifiquement une ville touristique, cela ne représente que 8% du PIB », ajout-t-il. L'ambition est de « mettre en avant une vie marseillaise » ou « le vivre à la marseillaise », ce qui permet en outre d'alimenter l'économie du quotidien et d'éviter dans les zones surfréquentées la mutation de certains commerces vers une offre trop touristique. Une dualité que l'on peut voir dans certains quartiers où il n'est d'ailleurs pas rare de voir des tags « tourist go home ». Face à ces phénomènes, des villes ont d'ailleurs recours à des mesures de régulations, « la dernière des solutions », pour limiter ce tourisme de masse. Le Parc national des Calanques, qui est indépendant des autres collectivités locales, en a mis en place. Pour ce qui est de la Ville, cela ne concerne aujourd'hui que la taille des bus qui peuvent monter jusqu'à Notre-Dame-de-la-Garde.

A l'image de la « Bonne-Mère », les principaux spots resteront des aimants, mais l'idée est de diversifier. « J'avais suggéré aux bus des croisiéristes de changer leur circuit en mettant le stade Vélodrome et la cité Radieuse du Corbusier, ils l'ont fait et ça marche très bien », illustre Laurent Lhardit évoquant son envie de voir les massifs autour de Marseille attirer davantage. Pour identifier au mieux les alternatives, le comité des acteurs du tourisme va notamment s'appuyer sur les huit maires de secteurs. Ce qui pourrait aussi permettre « d'étaler la fréquentation sur toute l'année » afin de « mieux l'intégrer ». Un objectif qui passe par le développement d'une offre culturelle variée. « C'est tout le défi », pointe Laurent Lhardit.

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