« Nous devons renforcer l’internationalisation des apprentis » (Emmanuel Didier, DRAFPIC Académie de Nice)

Voie estimée royale de formation, l’apprentissage est le chouchou des patrons et aussi celui de l’Etat qui a compris tout l’intérêt d’un dispositif qui rapproche des besoins terrains. Une voie parfois encore méconnue pour ce qu’elle permet concrètement, rappelle le directeur régional académique à la formation initiale, continue et à l'apprentissage, conseiller de la rectrice de l’Académie de Nice, qui veut appuyer sur un autre levier, celui d’un passage par la case internationale de façon beaucoup plus massive. Et qui n’oublie aussi de rappeler que le goût de l’entreprenariat peut, doit se développer dès l’école.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - L'Académie de Nice vient de remettre voici quelques jours ses Etoiles de l'apprentissage. L'apprentissage, dispositif aimé des patrons, est-il perçu comme il se doit ?

EMMANUEL DIDIER - On rattache souvent l'apprentissage à des métiers manuels, or il est pourtant utilisé toutes filières confondues, à 60% en bac +2 à bac +5 au sein de l'Académie de Nice. Nous sommes donc clairement sur du post-bac. L'apprentissage est un concept bien connu, qui permet d'apprendre un métier tout en continuant à se former. C'est ce que font les médecins, qui en internat, sont bien en apprentissage tout en auscultant des patients. C'est un niveau de formation qui se démocratise. Et je crois qu'il est important de souligner le dynamisme de l'Etat sur ce point, qui a permis de lever certains freins. L'offre en Provence Alpes Côte d'Azur est dynamique, en 3 ans, 200 centres de formation se sont créés, ce qui équivaut à une multiplication par 3. Les entreprises doivent pouvoir offrir un contrat d'apprentissage qui soit un vrai contrat de travail. L'apprentissage est en plein développement et c'est une vraie réussite. L'ensemble des lycées professionnels de l'Académie de Nice propose un accueil aux apprentis, permettant la mixité de parcours. Ils étaient 23 il y a 18 mois, ils sont 250 aujourd'hui. Il est aussi question de souplesse : si être dans un lycée ne convient pas à un jeune, l'équipe pédagogique sait le conserver, faire la passerelle entre les deux statuts, rassurer les parents... Administrativement et pédagogiquement, c'est possible. L'apprentissage est une voie d'excellence. Nous avons des majors de promotion en BTS qui présentent les meilleurs résultats de l'Académie et qui veulent poursuivre en licence. Souvent le jeune passe en apprentissage car il en a marre de l'école et l'apprentissage lui redonne le goût de la formation.

On évoque souvent le manque d'adéquation entre la formation et les besoins des entreprises. Comment discutez-vous avec le monde entreprenarial ?

Si on reste sur le sujet de l'apprentissage, voilà un excellent moyen de tester la relation entre un patron et un salarié. Excellent moyen aussi de repérer les futurs collaborateurs, de modeler le jeune à ses besoins. Si on en vient au parcours classique de formation, il est possible d'adapter jusqu'à 40% du référentiel. De colorer les bacs pro, par exemple, en fonction des besoins des grandes entreprises du territoire. Par ailleurs, les organisations telles que la Chambre de commerce et d'industrie, l'UIMM 06, le Medef, nous sollicitent régulièrement. Je regrette de ne pas pouvoir échanger avec elles plus régulièrement, faute de temps.

L'international fait désormais partie du cursus de tout jeune. Comment facilitez-vous ces incursions dans des pays étrangers ?

Notre objectif est que 20% des jeunes passent par l'international chaque année à horizon 2025. Les apprentis doivent aller voir aussi ce qui se passe à l'étranger. Si ce temps à l'étranger est si intéressant, faisons-en un temps riche. Pour cela le séjour doit être au minimum de 3 mois. Et partir à l'étranger ne signifie pas Monaco ou l'Italie. Si l'engouement des jeunes pour une expérience à l'international est évident, il faut convaincre les entreprises de laisser les apprentis partir sous d'autres cieux. Ils reviennent alors avec de nouvelles compétences, une valeur ajoutée. Toute la question repose sur l'identification de l'entreprise capable de l'accueillir. Il reste des barrières, évidemment, notamment d'un point de vue administratif. Il faut faire tomber ces barrières, et pour cela nous collaborons avec l'économiste Jean Arthuis (président du Cercle Erasmus + NDLR) sur un projet européen, qui, parmi ses ambitions, développe celle de créer un contrat de travail unique. Avec la Région Sud nous avons signé une convention avec Rabat, au Maroc, afin d'accueillir des apprentis français. Nous collaborons aussi avec Israël et le Liban. A l'international, l'idée est de trouver de vrais relais, des partenaires qui vont ouvrir les portes administratives ou des entreprises.

Pour revenir au monde économique, un dispositif baptisé Mini-Entreprise vise à apprendre les bases de la vie de l'entreprise, au collège et au lycée notamment. Une façon de donner, révéler le goût d'entreprendre ?

C'était un modèle développé dès l'école primaire au Canada. L'idée était de mettre des jeunes en synergie en leur faisant jouer les différents rôles qui structurent une entreprise. Cela va du dépôt des statuts, à la nomination d'un directeur général, d'un directeur de production, à la désignation des ouvriers... Certaines mini-entreprises versent même un salaire à leurs membres, amenant à réaliser des fiches de paie. L'objectif est de donner le goût de l'entreprenariat, de faire comprendre que chaque action, à tout niveau, à un impact sur l'ensemble. On s'était contenté du collège, nous sommes descendus jusqu'à l'école primaire. Souvent, le constat est fait que l'arrêt de cette mini-entreprise déçoit. Ce qui est révélateur, c'est que les leaders de l'entreprise ne sont pas les têtes de classe mais plutôt ceux qui sortent du rang...

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Commentaire 1
à écrit le 19/04/2023 à 19:31
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-Il faut savoir de quoi l'on parle car aujourd'hui nombre d'établissements du supérieur proposent des contrats d'apprentissage ou d'alternance en partie pour amortir le cout des études . -Sinon si l'on en revient aux formations cap ou bac pro il f...

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