« Il faut un continuum de l’innovation, du chercheur à l’agriculteur » (Justine Lipuma, Mycophyto)

Grâce à ses champignons mycorhyziens, elle déploie des solutions biologiques naturelles qui font du bien aux plantes, notamment en étant capables de retenir l’eau près d’elles. Une innovation que l’agritech basée à Grasse porte depuis 2017, née de la recherche publique et qui intéresse moult acteurs de l’agriculture, en France comme à l’étranger. Et c’est bien ce lien entre toutes les parties prenantes que veut pousser encore davantage sa co-fondatrice et présidente, Justine Lipuma, par ailleurs vice-présidente de la Ferme Digitale. Car, « de la fourche à la fourchette », nombreuses sont les synergies à construire et faire grandir.
(Crédits : DR)

Elle « redescend » - au propre comme au figuré - du Salon de l'agriculture, le rendez-vous très couru de la filière qui s'est tenu à Paris fin février. Un salon telle une vitrine qui montre tout ce que recouvre l'agriculture et l'agritech, cette alliance entre numérique et agriculture en est désormais l'une des composantes les plus actives, les plus vives et les plus prometteuses.

Prometteuse, telle est aussi la solution déployée par Mycophyto, née en 2017 après que Justine Lipuma met en exergue la capacité des champignons mycorhiziens à créer un maillage qui conserve, près des plantes, les nutriments dont elles ont besoin, allant même chercher un peu plus loin ces précieux éléments nourriciers. Une solution qui prend, aujourd'hui plus qu'hier, toute sa place alors que les craintes de sécheresse, de stress hydrique, de souveraineté agricole, de mutations des espèces sont dans l'actualité et les préoccupations.

La synergie sinon rien

Forcément, le Salon de l'agriculture, est, de ce point de vue, une vitrine qui sert la cause. « Beaucoup de choses s'y passent, il est incroyable de voir la place qu'y prend l'agritech, l'intérêt des agriculteurs pours nos solutions. C'est une vitrine aussi sur l'étranger, plus de 8 délégations sont venues nous voir. Et on vient désormais nous voir parce qu'on connaît Mycophyto », indique Justine Lipuma. Mycophyto qui s'est particulièrement inscrit dans le thème de l'édition 2023, consacrée au « vivant au quotidien ». « Nous travaillons sur l'optimisation de ce vivant, nous sommes donc au cœur du sujet et l'eau était sur toutes les lèvres car c'est une problématique qui touche toutes les filières agricoles, toutes les régions de France. Il y a un véritable enjeu à trouver des solutions car ces problématiques entraînent des pertes de rendement assez incroyables », souligne Justine Lipuma.

L'agritech, filière dans la filière en quelque sorte, recouvre pourtant plein de solutions différentes, qui mises bout à bout, briques associées à d'autres briques, peuvent donner naissance à des solutions plus complètes. « J'ai toujours dit qu'il n'existait pas une solution magique mais un ensemble de solutions, qui mises bout à bout sont capables de répondre aux enjeux colossaux que doit relever l'agriculture », acquiesce Justine Lipuma. Depuis a, depuis peu, endossé une autre casquette, celle de vice-président de la Ferme Digitale, cette association qui fédère les acteurs de l'agritech, 86 startups exactement aujourd'hui en font partie, venues de 9 secteurs différents, « de la fourche à la fourchette et nous créons des synergies pour travailler ensemble. Nous-même, nous travaillons avec quatre startups différentes ».

Transfert de l'innovation : l'enjeu global

Sujet dans le sujet, et mission dont Justine Lipuma est chargée, le transfert de l'innovation, du laboratoire au monde de l'entreprise, constitue un autre enjeu majeur dans le secteur. « Des innovations émergent, on assiste à un vrai engouement pour l'agritech. Mais les startups qui se créent doivent grandir, avoir des business stables, avec une croissance qui leur permettent de devenir une licorne ». Sauf que le transfert d'innovation n'est pas toujours suivi d'effet concret. Et pour le concrétiser justement, « il faut que les acteurs se parlent », estime voire intime Justine Lipuma. « Il faut qu'il y ait un continuum de l'innovation, du chercheur à l'agriculteur. Avec des échanges et des remontées de chaque côté. Et il faut des politiques locales qui s'engagent ».

Les réseaux sociaux, promoteur intelligent

S'engager, c'est beaucoup ce que font aussi les jeunes agriculteurs, certains réunis sous la bannière Agritwittos, un compte actif sur Twitter et qui a vocation à montrer l'envers du décor, parfois bien différents que ce qui est imaginé. « Cela permet de découvrir le métier d'agriculteur. Souvent, on fantasme un peu ce que l'on ne connaît pas. Ce compte permet de voir le quotidien de ces agriculteurs, les réseaux sociaux peuvent être utiles à cela. Nous les utilisons aussi beaucoup pour montrer ce qu'il se passe derrière les startups, derrière les levées de fonds ». Mycophyto qui veut accélérer sur son phasage industriel - « nous sommes présents dans différentes filières agricoles, dans différentes régions de France et à l'étranger. Il faut maintenant déployer pour arriver à avoir une solution accessible au plus grand nombre. C'est cela notre enjeu ».

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Azur Business Mycophyto

Un décideur économique, invité chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

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