« L’histoire de la parfumerie à Grasse est une histoire de technologie de plus en plus perfectionnée » (Jérôme Bruhat, Robertet)

Il pilote depuis presque un an l’un des fleurons de la parfumerie française et mondiale, l’entreprise née et installée à Grasse, Robertet. Une ETI qui conserve sa culture ancestrale mais qui accueille aussi à bras ouverts, l’innovation dans toutes ses expressions. Notamment l’intelligence artificielle qui contribue à ouvrir le champ des possibles à une entreprise désormais tournée vers les startups de façon très volontariste, grâce à son accélérateur Villa Blu. Ou comment nourrir et renouveler un écosystème très vivant.
(Crédits : DR)

Un peu moins d'un an après voir arrivée à la direction générale, comment se porte Robertet ?

Robertet est une entreprise en pleine santé, qui profite d'un énorme attrait du naturel et de la très longue tradition de travail avec ses principaux clients, ce qui nous permis de signer une année 2022 record.

Comment devient-on, au fil du temps, une jolie ETI française ?

Devenir une ETI, nécessite un travail de longue haleine. Robertet est une entreprise portée par 5 générations, c'est toujours la famille Maubert qui assure présidence. On arrive à devenir une ETI grâce à une équipe de passionnés qui travaillent très dur pour extraire des arômes et des parfums naturels de très haute qualité et qui les proposent à des clients qui nous sont restés fidèles depuis très longtemps.

Le secteur de la parfumerie est un marché extrêmement concurrentiel...

Pour cela, il faut rester focalisé sur notre métier. Nous sommes numéro 1 mondial des parfums et arômes naturels mais nous sommes numéro 7 mondial si l'on prend l'ensemble des marchés des arômes et des parfums notamment synthétiques, que nos concurrents font en très grande quantité. Pour être à la tête de ce segment du naturel, il faut toujours être à l'affût de l'innovation, à la pointe du naturel, pour trouver sans arrêt de nouvelles techniques d'extraction. L'histoire de la parfumerie à Grasse est une histoire de technologie de plus en plus perfectionnée. Qui permet d'extraire des produits de plus en plus sophistiqués pour augmenter sans cesse la qualité sans cesse de nos produits et ultimement à nos clients.

Comment sourcez-vous les matières premières ?

Les matières premières proviennent toujours des plantes naturelles, pour une partie produite en pays grassois, pour partie en Europe ou ailleurs dans le monde. Nous approvisionnons nos produits dans 160 pays dans le monde, donc nous pouvons faire venir de la rose de Bulgarie, du patchouli d'Indonésie, du jasmin de Grasse... C'est la qualité de ce sourcing basé sur la confiance et la proximité qui contribue à notre succès. Nous disposons de plus de 1.200 fournisseurs, qui travaillent partout dans le monde.

Vous l'avez dit, il est nécessaire de rester à la pointe de l'innovation. De quelle façon ?

L'innovation est une priorité, nous dépensons environ 8% de notre chiffre d'affaires en R&D, principalement sur des techniques d'extraction modernes. On travaille notamment beaucoup sur l'upcycling. On transforme ce qui, autrefois, était des déchets en matière aromatique ou en matière active. On jette moins qu'avant et on découvre, grâce à notre équipe de R&D, des propriétés extraordinaires à ce qui autrefois étaient des déchets.

Il y a un autre point, qui est l'innovation créative. Cette innovation consiste à analyser les émotions, de façon scientifique, que provoquent nos produits. Et puis il y a des innovations qui permettent d'augmenter le pouvoir créateur de nos parfumeurs, de nos aromaticiens. Nous avons, depuis deux ans, une petite équipe de parfumeurs qui travaille avec Aurélie Jean, la célèbre mathématicienne qui fait pour nous des algorithmes et qui nous aide à augmenter le champ créatif du parfumeur en lui suggérant des idées qu'il n'aurait peut-être pas eu spontanément. L'IA ça décuple la capacité créative de nos parfumeurs. Et c'est loin de ce que l'on peut lire de réducteur sur l'IA, en tout cas ce n'est pas l'idée que nous en avons.

La perfection ce n'est pas quand il n'y a plus rien à ajouter c'est quand il n'y a plus rien à retirer, on a effectivement plutôt à cœur de simplifier les formules. Les consommateurs demandent de plus en plus de choses simples. Simple ne veut pas dire simpliste, c'est là où l'IA peut nous proposer des choses nouvelles, des champs créatifs auxquels ils n'auraient pas pensé parce que cette IA va lui suggérer des idées, des choses développées par le parfumeur et pas contre le parfumeur.

Vous aussi, vous lancez votre propre accélérateur de startups, appelé Villa Blu. Pourquoi créer votre propre structure ?

Nous travaillons depuis longtemps avec des entreprises partenaires, qui peuvent être de taille plus ou moins grandes. Villa Blu est née de l'esprit Robertet, qui est un esprit d'entreprenariat. Villa Blu c'est un nouvel outil, un hôtel de startups qui va contribuer à faire de Robertet le pôle d'attraction mondial du naturel, qui va nous aider à rester à la pointe de la technologie, nous aider à trouver les nouvelles applications, nous aider à incuber de nouvelles marques qui seront nos clients de demain. Nous allons leur apporter trois types de supports : un support humain, un soutien technique - nos équipes de recherche, d'application, marketing sont là pour les aider à maturer leurs projets - et un soutien financier puisque nous allons les accueillir pendant 6 à 18 mois, gratuitement, à Villa Blu by Robertet. Une Villa Blu qui profitera aux startups, à moyen terme à Robertet et à l'ensemble de tissu économique régional.

Quid de votre stratégie à l'international ? Notamment en ce qui concerne l'Asie ?

Robertet réalise plus de 80% de son chiffre d'affaires hors de France, donc nous avons construit une forte position en Europe, une forte position aux Etats-Unis. Les autres grandes régions sont de grands réservoirs de potentiel, l'Asie - que je connais bien de par mon parcours professionnel et j'aurais à cœur de développer cette région - des marchés immensément riches comme le Japon ou la Chine, des marchés émergeants comme l'Indonésie ou le Vietnam, sans oublier l'Amérique latine, sans oublier le Moyen-Orient très grand consommateur de parfums et sans oublier l'Afrique.

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Azur Business Robertet

Pour rappel, depuis novembre 2022, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Celine Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

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