“L’écart entre la prise de conscience d’une nécessaire indépendance énergétique et le passage à l’acte est encore important”, Olivier Béchu (Sun and Go)

Spécialiste des énergies renouvelables en général, du photovoltaïque en particulier, le bureau d’études et d’installation de centrales solaires azuréen constate un regain de son activité auprès des entreprises et collectivités depuis le début de la crise énergétique. Toutefois, les freins persistent sur le territoire des Alpes-Maritimes dont le retard en matière de production d’énergies décarbonées est souligné par l’étude prospective Ambitions 2040 de l’Institut Montaigne et l’UPE 06. Laquelle plaide pour un vaste plan solaire.
(Crédits : DR)

2.700, c'est le nombre d'heures d'ensoleillement annuel moyen dans les Alpes-Maritimes. Un atout des plus solides en ces temps de crise énergétique qui poussent comme jamais à la production d'énergies décarbonées. Qui plus est sur un territoire doté d'une filière économique dédiée, structurée de longue date, représentant selon les chiffres du Club Energie de la CCI Nice Côte d'Azur environ 300 établissements pour 4.000 emplois directs et près d'un milliard d'euros de chiffres d'affaires cumulés. Et pourtant...

Retard à l'allumage

"La production d'énergies renouvelables locales présente encore d'importantes possibilités de développement sur le territoire azuréen", peut-on lire dans l'étude prospective Ambitions 2040 conduite par l'Institut Montaigne, le cabinet Stan et l'UPE 06 qui identifie les 21 leviers à actionner pour un développement territorial équilibré et fructueux. Une manière polie de souligner un retard criant en la matière. "Alors qu'à l'échelle de la région Sud, 50% des besoins du territoire sont couverts par une production d'électricité locale, celle-ci ne couvre que 10% des besoins des Alpes-Maritimes" détaille le rapport. Lequel souligne les efforts, même tardifs, de la Métropole Nice Côte d'Azur qui veut faire passer sa production d'énergies décarbonées de 9 à 18% d'ici à 2026, mais aussi les échecs et les objectifs non-atteints, comme celui du département qui visait les 25% en 2020.

D'où la recommandation n°10. Celle-ci plaide pour le déploiement d'un vaste plan en faveur de l'énergie solaire, passant par la généralisation des dispositifs de cadastre solaire permettant aux particuliers et entreprises de s'emparer plus facilement du sujet, l'installation de panneaux photovoltaïques sur l'ensemble des bâtiments publics le permettant à l'horizon 2025 et le développement de nouvelles coopérations citoyennes photovoltaïques.

du sujet des bâtiments classés

Ces mesures, Olivier Béchu ne les renie pas. Au contraire. Le co-fondateur de Sun and Go les encourage. Créé en octobre 2020, le bureau d'études et d'installation est positionné sur le marché des énergies renouvelables, plus précisément sur le segment du photovoltaïque et des bornes de recharges pour véhicules électriques, qu'il contribue à déployer auprès des entreprises et collectivités locales.

C'est à lui que l'on doit, par exemple, la centrale photovoltaïque inaugurée en septembre dernier sur le toit du bâtiment de la CCI Nice Côte d'Azur. Elle totalise 54 panneaux, permettant une production de 26.000 kWh/an en autoconsommation, représentant une économie annuelle d'énergie de 6%. Surtout, ils ont été installés sur un édifice centenaire, classé "patrimoine sauvegardé" et situé en plein centre-ville, parce que "pensés dans une approche d'unité visuelle", précise le dirigeant. Preuve qu'il est désormais possible de faire bouger les lignes des architectes des bâtiments de France sur ce sujet.

ROI accéléré

"Nous étions déjà pas mal sollicités avant pour des études et chiffrages, mais depuis l'annonce des hausses de prix de l'énergie, nous sommes passés au niveau au-dessus. Les entreprises cherchent des moyens pour amortir le choc", constate le dirigeant. Il y voit là "une prise de conscience certaine" par les organisations de la nécessité de se pencher sur la question de l'indépendance énergétique, mais pas forcément de passage à l'acte. "Il existe encore un écart important entre le projet et l'action".

A cela, deux principales explications. Le financement, bien sûr. "C'est un investissement qui n'est pas neutre pour l'entrepreneur et bien que tous s'accordent à souligner l'importance de la chose, beaucoup repoussent à plus tard", reprend le dirigeant. Toutefois, avec la hausse du coût de l'énergie, le délai du retour sur investissement (ROI) "se réduit de façon importante". "Une installation photovoltaïque bien dimensionnée couvre 20 à 30% des besoins. Ce n'est qu'une portion certes, mais une portion sécurisée pour une trentaine d'années."

Circuit court

L'autre raison, la difficulté de mise en œuvre avec, en point d'orgue, ce parcours administratif aux délais quasi incompressibles dans l'état actuel de la loi qui fait traîner les projets des mois entiers, pour ne pas dire une année, alors que la réalisation technique tient bien souvent en une semaine ou deux. "C'est regrettable, estime Olivier Béchu. Il faut accélérer ce parcours administratif. D'autres pays y arrivent". A cet égard, un projet de loi européen est en cours pour raccourcir les délais d'instruction à un mois pour les projets solaires de petites tailles. Un thème dont s'empare également la France dans le cadre du projet de loi relatif à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, actuellement en discussion. Parmi les mesures qui vont dans le bon sens, "l'obligation d'équiper les parkings de plus de 100 places de solutions photovoltaïques. Il s'agit là d'encourager le développement du solaire sur des zones déjà artificialisées comme les toitures et les parkings, qui sont souvent des lieux de consommation d'énergies". Une approche "circuit court" à privilégier donc, dans un territoire comme les Alpes-Maritimes, dense et contraint, où le foncier est rare et cher.

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