Norah Luttway : « Il faut toujours être en mouvement »

WOMEN FOR FUTURE - De sa passion pour la mode et l’innovation, elle en a fait une aventure entreprenariale en créant sa propre marque d’activewear. Noliju, née il y a six ans et installée à Sophia-Antipolis fait la part belle au Made in France et à l’éco-responsabilité, ce qui représente un défi quotidien, souvent. Mais pas plus que celui d’innover dans un domaine, le textile, peu appétant en capital risque. Ou quand la notion de barrière à dépasser ne se situe pas que dans un possible plafond de verre. Norah Luttway a été lauréate de l'équipe de France des femmes leaders à l'occasion du Women for Future qui s'est déroulé jeudi 2 juin au Parc des Princes. Portrait.
(Crédits : DR)

Le sujet peut paraître futile et pourtant, il recouvre bien des sujets ultra-contemporains. La mode est une chose sérieuse, encore plus peut-être lorsqu'elle prône les valeurs de dépassement de soi, de responsabilité et d'engagement.

Lorsqu'elle créé Noliju en 2016, Norah Luttway sait qu'elle se lance dans une aventure pas facile, mais enthousiasmante. Car pour reprendre un terme inspiré du monde sportif, Noliju vient combler un trou dans la raquette. Celui de ces marques de sport, aux couleurs fort flashy et pas tant seyantes, qui ciblent les femmes actives et sportives. Rien n'existe alors de joli et technique à la fois. Si joli, d'ailleurs, que l'on puisse le porter au stade, à la salle de sport comme à la ville.

Car c'est cela le principe de Noliju : une marque d'activewear chic, designée comme un vêtement, à partir de tissus techniques, pouvant être porté à n'importe quel moment de la journée et en toute condition.

Dépasser les limites

Et si la mode est une chose sérieuse c'est que Noliju n'est pas que cela. Noliju n'est pas un nom pris au hasard mais est l'acronyme de No limit just you. Pas de limites que celles que l'on se pose à soi-même. Ce qui peut paraître comme un mantra philosophique est surtout issu de l'expérience de Norah Luttway.

Si elle n'est pas originaire du Sud, c'est pourtant à Marseille qu'elle intègre Kedge Business Shool où elle découvre le marketing et la sociologie du comportement de l'humain. Elle y apprend l'histoire des marques, des logos et le volet transgénérationnel... pas de quoi éveiller alors l'envie d'entreprendre, mais on verra plus tard, ô combien cela lui servira.

Ses premiers pas professionnels l'emmènent dans un secteur exigeant, l'industrie, intégrant Whirlpool où elle est rapidement choisie pour intégrer l'équipe innovation, d'envergure internationale. Une expérience « d'ouverture au monde », où il est déjà question de faire fi des limites.

Un premier changement important se fait lorsqu'elle rejoint Petit Bateau afin de prendre en charge le marketing international, affinant la stratégie en fonction des marchés ciblés et de la culture des pays visés. C'est au Japon qu'elle mesure le potentiel de la vente à distance. Encore un élément qui servira pour plus tard... En 2005, la voici chez Naf Naf en tant que directrice marketing et communication international. Un poste qu'elle décroche, en attente très avancée d'un heureux événement. Preuve qu'il y a bien des limites que l'on peut dépasser...

Accompagner les « championnes du quotidien »

Puis c'est le retour dans le Sud et l'arrivée au sein de Carnet de Vol, pour qui elle développe le marketing sportif, faisant du nageur Camille Lacourt, l'égérie de la marque.

Le Sud où celle qui avoue n'avoir jamais été une grande sportive enfant ou adolescente, se lance dans la course à pied. D'épreuves de 10 km au marathon, elle fait alors le constat de ce manque de marque de sport féminine et seyante. Ainsi naît, sur les chemins de la Côte d'Azur, le concept de Noliju.

Un Noliju pour ce qu'elle appelle « les championnes du quotidien », ces mamans, chefs d'entreprises, salariées engagées... qui jonglent avec mille tâches, obligations, toutes celles qui « n'ont pas de limites dans les responsabilités », note-t-elle, expliquant participer ainsi à une certaine « émancipation de la femme ». Norah Luttway qui fait remarquer que l'héroïne de « Une Maison de Poupée », pièce de théâtre d'un dramaturge norvégien qu'on lui racontait enfant, se nomme Nora. Une Nora qui s'émancipe de la tutelle de son mari... « C'était dans mon ADN », plaisante-t-elle. « La mission de Noliju est que les femmes se sentent belles et bien, qu'elles rayonnent ». Le choix d'œuvrer dans le secteur textile, réputé ardu, peu appétant au capital-risque, renforce encore davantage ses convictions. « Il existe une niche dans ce marché à laquelle je crois ».

Exporter le chic à la française

 Notamment ce « chic à la française dans le sport et à l'international ». Car Noliju envisage une présence dans différentes villes du monde. « Notre challenge est de développer notre notoriété ». Et si elle considère que « l'on peut toutes se dépasser, il n'existe que les limites que l'on se fixe », elle insiste aussi sur la notion de persévérance et de croyance en son intuition. « Il ne faut pas toujours écouter ses proches et rester focalisée sur ses envies, ses rêves, ses ambitions ». A l'image du recours au financement, la levée de fonds étant un parcours peu aisé, d'autant plus dans le textile où la notion d'innovation n'est pas technologique et donc regardée avec moins d'intérêt. « Si j'ai fait entrer des actionnaires dans l'entreprise, c'est que je n'ai jamais lâché ». D'où l'importance « de toujours être en mouvement ».

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