Les jeux, ce secteur en croissance continue qui pèse 640 millions d’euros

Considérés souvent uniquement sous un angle ludique, les jeux sont pourtant un secteur fortement contributeur de l’économie tricolore. Un secteur structuré, qui engrange une croissance à deux chiffres, qui fait des réseaux sociaux un axe central de promotion et qui trouve dans le crowdfunding une source de financement complémentaire, ce qui est loin de déplaire aux gamers. Un secteur qui dispose aussi d’un Festival international dédié, devenu en trente ans, la plus grande manifestation francophone au monde et qui se tient à Cannes du 25 au 27 février.
(Crédits : DR)

Tout est parti d'un besoin de consolider l'offre touristique de Cannes lors de ce que l'on appelle dans le jargon professionnel, les ailes de saison. C'est-à-dire cette période entre novembre et février, où l'activité touristique, de loisirs comme d'affaires est moins dense. C'est ainsi que l'idée d'un festival qui se tiendrait en février et qui regrouperait l'ensemble des univers ludiques, émerge. Nous sommes en 1985 et le Festival des Jeux est lancé.

13% de croissance

35 ans plus tard, l'événement a grandi, énormément, s'est structuré, passant d'un rendez-vous uniquement BtoC à un rendez-vous BtoBtoC. 4.700 professionnels - auteurs, éditeurs, illustrateurs, fabricants, ludothèques et boutiques - devraient fréquenter le Palais des Festivals pour l'édition 2022, 300 stands étant prévus et 37.000 m2 dédiés aux expositions et animations.

Et cette 35ème édition se tient dans une conjoncture qui est extrêmement favorable aux jeux. Déjà secteur porteur avant la pandémie, les divers confinements n'ont fait que renforcer sa croissance et influer, par effet de ricochet, sur les habitudes de consommation. Une croissance estimée pour 2021, à +13%, 30 millions de boîtes de jeux ayant été vendues en un an. Ce qui permet au secteur de contribuer à l'économie française à hauteur de 640 millions d'euros et à faire de la France le pays n°1, devant l'Allemagne et l'Angleterre.

« Le confinement a dépoussiéré le jeu de société », commente Cynthia Reberac. « C'est le moment où les jeux d'antan ont été ressortis des placards, ce qui a redonné le goût de jouer aux adultes. Certains ont acheté via le Net, puis via le click and collect lorsque cela a été possible. Aujourd'hui, le jeu de société est consommé comme le livre : on l'achète sans forcément une occasion précise, pour faire plaisir, pour partager en famille. Le jeu n'est pas que pour les enfants », décrypte encore la commissaire générale du Festival des jeux, précisant que sur les 30 millions de boîtes vendues en 2021, 5 millions ont été acquis par des adultes pour des adultes.

Le financement participatif pour les « gros » jeux

Le jeu de société est un secteur qui dispose de plusieurs types de jeux. Et pour les jeux assez pointus, avec un univers, de multiples personnages ou intrigues, l'appel au crowdfunding s'est fait naturellement, comme pour d'autres secteurs, quand l'envie de faire participer sa communauté, de fidéliser celle-ci s'est trouvé être à la fois une façon de tester son produit et son marché tout autant qu'une façon de combler un financement « traditionnel » qui devient plus complexe à obtenir. « Les gamers aiment imprimer leurs pattes sur la conception des jeux. De plus ils ont un accès privilégié, recevant ainsi en avant-première les cartes, les figurines... », explique Cynthia Rebelec. Qui rappelle qu'en 2015, une campagne de financement participatif avait réussi à lever 12,4 millions de dollars. « Ce type de financement répond à la demande d'une niche », pour des jeux considérés comme des « gros jeux ».

Quant aux tendances, dit aussi la commissaire générale, « elles se créent sur plusieurs années » et donnent la part belle aux jeux coopératif, d'enquête et aux escape games. « Les tendances se dessinent à Cannes et Cannes influe sur les tendances ».

De BtoC à BtoB aussi

Initialement tourné vers le grand public, le Festival international des Jeux a ajouté une dimension BtoB en 2016. C'est le succès de l'événement qui pousse les CEO, directeurs commerciaux à prendre le chemin de la Croisette chaque année. Après sondage auprès de la profession, un salon destiné aux professionnels du secteur s'ajoute donc au salon initial. Ce qui vient combler un besoin certain, « aucun salon professionnel dédié n'existant alors en France », précise Cynthia Rebelec. « Les 700 boutiques hyperspécialisées n'avaient pas accès au Preshow de Deauville (manifestation qui réunit les fabricants et acheteurs de la distribution généraliste ou spécialisée NDLR), les 1.300 ludothèques avaient, pour leur part, difficilement accès aux éditeurs ». Ainsi une journée professionnelle est mise en place en pré-ouverture du salon au grand public tandis que le temps restant permet aux auteurs, illustrateurs, éditeurs... de se rencontrer dans des espaces réservés. En même temps, un ProtoLab offre la possibilité de faire connaître son projet à tout l'écosystème du jeu et de dessiner d'éventuelles opportunités. Ainsi, à l'instar du Festival du Film qui, en dehors des compétitions, dispose de son Marché du Film, le Festival International des jeux se structure en deux univers, l'une partie visible de l'iceberg, l'autre partie émergée. Un Festival qui a su aussi s'emparer de la puissance des réseaux sociaux pour faciliter l'accès à cet univers particulier, faciliter les échanges tout en permettant aux marques de se positionner. « Lorsqu'ils sont bien travaillés, les réseaux sociaux sont une mine d'or », et une fenêtre ouverte sur un secteur économique à part entière.

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