« La Confiserie du Roy René couvre désormais tous les segments de l’épicerie sucrée » (Laure Pierrisnard)

Marque emblématique française, l’entreprise familiale, nichée au cœur d’Aix-en-Provence a fait de la période de crise, une opportunité pour accélérer sur la diversification de ses produits. Connue pour ses calissons, la PME continue par ailleurs à travailler sur la fortification d’une filière d’approvisionnement en amandes et en pistaches. Tout en regardant, à nouveau le grand international.
(Crédits : DR)

C'est l'une des entreprises qui contribue au savoir-faire français mais qui sait aussi s'ouvrir à d'autres perspectives pour consolider son développement. Acteur de référence, connue et reconnue pour ses calissons d'Aix et son nougat, la Confiserie du Roy René retrouve une activité soutenue après une année 2020 des plus déstabilisantes.

« Le secteur de la confiserie se porte plutôt bien à présent. On a vécu une année 2020 très compliquée. Il y avait peu de moments de partage, d'occasions d'offrir et forcément la confiserie fait partie de ces produits qu'on aime à offrir. Il y a eu un recul sur l'année 2020 d'environ 5%. Pour 2021 on n'a pas tout à fait retrouvé le niveau de 2020, mais nous enregistrons une croissance de 4% avec de bons derniers mois. Au sein du secteur, la confiserie du Roy René tire son épingle du jeu. Nous sommes très heureux. Comme le secteur, nous avons été très impactés en 2020 avec un fort recul, mais nous terminons l'année en dépassant le record historique de l'année 2019. »

Une bonne tenue qui s'explique par la diversification engagée, la crise donnant l'opportunité de travailler sur des axes qui auraient peut-être mis davantage de temps à prendre forme et à être déployés. Ainsi, la Confiserie comprend-t-elle aussi, désormais, une biscuiterie à Forcalquier une confiserie à Banon dans les Alpes-de-Haute-Provence. « Aujourd'hui, nous sommes capables de couvrir tous les segments de l'épicerie sucrée et c'est un véritable atout », reconnaît Laure Pierrisnard.

Les circuits-courts made in Provence

Bien avant que les sujets de souveraineté - alimentaire ici - ne soit mis sur la table, la Confiserie s'est impliquée dans la reconstitution d'une filière d'approvisionnement en amandes. C'était en 2015 et c'était un réel pari. Car, à cette époque, l'approvisionnement se fait du côté de la Californie, qui fournit pas moins de 90% des besoins tricolores.

« Effectivement, en 2015, on a souhaité relancer un plan de culture de l'amande en Provence. Cette région est une terre où les amandiers étaient très présents, fin XIXe siècle, début XXe siècle, pour ensuite peu à peu disparaître de nos paysages pour laisser place à d'autres cultures, peut-être plus rentables. L'amandier est un arbre qui souffre des périodes de gel. Il y avait énormément de concurrence, car de loin, la Californie est le premier marché. 90% de la consommation française, ce sont des amandes de Californie. Notre volonté était de sourcer nos matières premières au plus proche de la fabrique. Nous nous sommes associés avec d'autres entreprises locales comme l'Occitane, comme d'autres confiseurs pour relancer cette culture avec la chambre d'agriculture. Le plan était initialement de 1000 hectares, sur cinq à dix ans. On a déjà replanté 800 hectares, 400 autres s'annoncent. On maintient le rythme mais en dépassant en termes d'hectares ce qu'on s'était fixé ».

Après les amandes, c'est la pistache que la Confiserie et d'autres confiseurs provençaux s'attachent à relancer.

L'IGP... bientôt ?

Confrontée fortement à la concurrence mais surtout à la contrefaçon, particulièrement celle venue de Chine, Laure Pierrisnard, qui préside l'association des fabricants de calissons lance l'offensive en 2017, engageant une démarche d'obtention d'IGP. Un dossier de longue haleine, pas encore complétement conclu.

« Le dossier d'Indication géographique protégée (IGP) n'est pas encore parvenu à son terme, il a été déposé, il est en cours d'étude au niveau de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) qui décide les cahiers des charges et les sigles de qualité. Il y aura une première étude de cette IGP en France, puis ensuite en Europe, c'est pour cela que le processus est long. Mais il nous permet de protéger notre sigle de qualité, et aussi de garantir aux consommateurs une qualité « Calisson d'Aix », produit emblématique de notre région.

Dubaï comme (autre) axe d'internationalisation

Qui dit savoir-français, dit capacités exportatrices. Que la Confiserie possède totalement. Mais la crise, évidemment, a rebattu les cartes de la stratégie export. C'est donc l'Europe qui constitue l'axe prioritaire, même si Dubaï fait les yeux doux à la PME provençale. Une internationalisation qui pourrait donc très vite retrouver le grand export. Ce que ne dément pas Laure Pierrisnard.

« Pour toute PME porteuse du savoir-faire et de l'excellence française, l'international est un enjeu incontournable. Mais, avec la crise, il a fallu se recentrer sur le marché domestique, le consolider. Nous nous sommes recentrés sur l'Europe et les marchés proches, l'Allemagne, la Suisse, le Bénélux, qui sont des marchés forts consommateurs de confiseries. On a toujours la volonté de se positionner sur le grand export. En ce moment on est beaucoup sur Dubaï, le Moyen-Orient. Nos confiseries ont un vrai écho là-bas. Comme on est sur des produits de luxe à la Française, ils sont très appréciés de ces marchés ».

Laure Pierrisnard, par ailleurs engagée dans l'association qui regroupe les entreprises labellisées Entreprises du patrimoine vivant (EPV) en Provence-Alpes Côte d'Azur, en charge notamment de la promotion et de la communication. Une association récente, fondée par une quinzaine de chefs d'entreprise, qui rassemble une centaine d'adhérents et à vocation à grandir encore.

"La volonté est de continuer à faire rayonner ces entreprises du patrimoine, de notre territoire. Nous voulons profiter des synergies et de l'effet réseau. Plus on est nombreux, plus on est forts. Ce qui est intéressant c'est que ce label porte sur les savons de Marseille, les savonniers, les santonniers, du savoir-faire d'excellence et il est vrai que cela crée une complémentarité entre les entreprises. »

Un acteur économique chaque semaine

Pour rappel, depuis ce début novembre, La Tribune et BFM Marseille s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique éco, baptisée Marseille Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son éclairage sur une thématique précise.

La chronique est animée par Sophie Hebrard pour BFM Marseille et Laurence Bottero, rédactrice en chef du bureau Provence Alpes Côte d'Azur du quotidien économique La Tribune.

BFM Marseille Provence : canal 30 de TNT Régionale, les box canal 284/516 (SFR), 375 (Orange), 362 (Bouygues), 916 (Free) , sur bfmmarseille.com, en replay sur la plateforme gratuite VOD "RMC BFM PLAY" et l'application dédiée à télécharger.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.