Jean-Noël Léon - FPI : "Une métropole "marchable" est une métropole bankable pour ses habitants"

Assez remonté contre ce qu'il estime des "inerties" qui bloquent le bon déroulement des projets immobiliers engagés et de l'économie en général, le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers Provence explique sa vision de la ville de demain qui, évidemment, se construit aujourd'hui. Où il est bienvenu de penser à une cité favorisant les déplacements à pied, parce que logement, mobilité et durabilité sont les synonymes de l'attractivité économique.
(Crédits : DR)

Son "il faut déconfiner les permis de construire" a donné le ton de l'après-confinement. Car il n'est pas très content, Jean-Noël Léon, du manque de dynamisme des institutions chargées de donner du rythme au secteur immobilier. Pas content du tout. Rappelant que c'est la concertation qui a permis que le monde de l'acte de bâtir, tel un seul homme, s'engage dans la reprise des chantiers. "C'est un défi que nous avons relevé collectivement", pointe-t-il.

Tout irait donc bien si, seulement si, il n'y avait pas cette baisse des autorisations administratives qui ne va pas vraiment avec l'idée de la relance. Surtout qu'il y a eu l'habituel ralentissement du à la tenue des élections municipales. Et au final une baisse de la délivrance des permis de l'ordre de 50 %. Qui va même jusqu'à atteindre -67 % pour la seule ville de Marseille. Pas vraiment anecdotique. "Les clients sont là, mais nous n'avons pas de permis". Avec la désagréable conséquence de faire grimper les prix... "C'est notre cri d'alarme. Ceux qui vont souffrir de cette situation, ce sont les plus démunis".

Et l'attractivité ?

Des propositions ont été faites à la Ville de Marseille et à Aix-Marseille Provence pour accélérer, débloquer, améliorer cet état de fait. Sans réel retour pour le moment, déplore le président de la FPI Provence.

Qui pointe un autre sujet, pas du tout anecdotique : celui de l'attractivité du territoire. "Un chef d'entreprise est attentif aux conditions de logement dans de bonnes conditions, de ses salariés. Les entreprises potentiellement intéressées par une implantation sur le territoire pourraient très bien aller voir ailleurs. Cette non-production de permis de construire est historique, la plus basse depuis l'après-guerre", argumente-t-il encore.

Et de rappeler que la loi Alur permet aux collectivités de sous-traiter l'instruction des permis de construire à la Préfecture, aux architectes ou à des organismes privés... sauf que "les communes ne font pas appel à cela, elle préfèrent garder le contrôle".

Le vert et le centre-ville, le défi à ne pas rater

Evidemment, "il ne faudra pas que cette situation perdure. La Covid-19 est passée par là, entraînant une évolution des mentalités en termes de transition énergétique et climatique". Le Zéro Artificialisation Nette, prévu pour 2050 sur les territoires de l'Union Européenne pourrait bien être effectif en France dès... 2030. C'est-à-dire demain. Poussant ainsi à une obligation de vite revoir la façon de construire et d'aménager. "Cela force les élus à travailler sur la verticalisation urbaine, les espaces verts à redonner aux pieds d'immeubles..." D'autant que la majorité de la population va vivre dans les grandes cités. "Quand une métropole est "marchable", elle est bankable pour ses habitants. Pouvoir parcourir la ville à pied fait partie d'une certaine transition écologique qui a déjà commencé. Faire revenir le vert dans les centre-ville est un vrai défi qui s'offre à nous. Nous devons avoir des institutions agiles".

Agile, vous avez dit agile ?

Finalement, qu'est-ce qui est le plus important ? Rénover ou construire ? "Les deux. Les deux sont des urgences. Il existe un véritable enjeu sur la rénovation urbaine. Il faut rendre attractif les pieds d'immeuble, voire les rendre gratuit pour y réintroduire des activités. Pourquoi pas y installer des startups ? Lesquelles, une fois devenues rentables, paieront un loyer redistribué aux collectivités ? La collectivité doit redécouvrir sa capacité à délivrer des messages".

Et Jean-Noël Léon de rappeler que les promoteurs immobiliers "sont des investisseurs. Nous créons des emplois". Que tout ralentissement, freins, crainte, sont de nature à perturber cette création d'emplois. Avec des effets domino qu'il ne faut pas négliger. "Les villes où les habitants vont avoir du mal à se loger vont devenir de moins en moins attractives".

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2020 à 8:56
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"Assez remonté contre ce qu'il estime des "inerties" qui bloquent le bon déroulement des projets immobiliers engagés" Oui voilà les mêmes qui trouvent scandaleux que l'on ne puisse pas construire en zone inondable ! Ouais ben on les connaît c'est...

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