Sabrina Roubache : "La métamorphose du monde serait de revenir aux fondamentaux"

Partenaire des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui se déroulent du 6 au 8 juillet prochain, La Tribune publie chaque semaine un entretien avec un acteur économique originaire de Provence Alpes Côte d'Azur. Ou il est question des "Métamorphoses du monde", thème de l'édition 2018. Première interview avec Sabrina Roubache, productrice, présidente de Gurkin Invest Film, implantée à Marseille, en charge de la production exécutive, entre autre, du premier volet de la série "Marseille" pour Netflix.
(Crédits : DR)

La Tribune - Les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence ont pour thème général cette année "Les Métamorphoses du monde". On évoque souvent le terme de disruption. Mais n'est-ce pas plutôt une métamorphose profonde que notre monde est en train de vivre ?

Sabrina Roubache - Clairement, nous sommes en train de vivre un état de transformation, que nous ne percevons sans doute pas dans sa juste dimension. Si je l'applique à mon secteur, les industries créatives, celui-ci est en train d'être révolutionné, notamment par les plateformes digitales. Peut-être demain, un robot, bourré d'intelligence artificielle, écrira des scénarios. Nous n'avons pas encore mesuré jusqu'où les plateformes digitales vont nous mener. Ne sont-elles pas une nouvelle arme d'information massive ? Les plateformes sont en train de révolutionner la société dans toutes ses dimensions. La métamorphose que l'on vit actuellement est aussi celle des liens humains. La métamorphose, ce serait de revenir aux fondamentaux.

Comment, dans ce contexte, encourager la créativité ?

Ce qui compte, c'est la pertinence de l'idée. Dans nos métiers de création, le public fait office de juge. Lorsqu'une innovation est mise sur le marché, ce qui fait son succès c'est sa capacité à être révolutionnaire. Sinon, c'est une bulle qui finit par exploser. Généralement, une idée est génératrice de succès si elle est bonne. Demain, peut-être, des algorithmes, l'intelligence artificielle, crééront des contextes, mettront en forme des scénarios. Mais c'est l'homme qui amènera l'humanité. L'humain restera toujours au centre.

Le consommateur abonné est-il captif ou libéré ?

Il est clairement libéré. C'est lui, qui par ses choix, fournit des indications aux plateformes digitales comme Netflix. C'est lui qui va chercher le contenu qui lui convient. Le consommateur abonné est libéré car il fait ses choix et actif car il donne son avis. Aujourd'hui, tout le monde donne son avis. Il suffit de considérer les séries, reconduites si le public est au rendez-vous, supprimées s'il n'adhère pas. Ce qui est bien la preuve qu'il faut mettre l'usager au centre.

L'Europe a-t-elle la capacité à être un géant numérique ?

Oui, je le crois. Les plateformes digitales originaires des Etats-Unis sont venues prendre des parts de marché parce qu'il n'existe rien de semblable en Europe. Il faut une politique faite de bon sens - pas de bons sentiments - de stratégie et de confiance dans les entrepreneurs. C'est la meilleure façon d'affronter les GAFA. Il faut l'alignement d'une politique numérique nationale et des politiques au niveau de l'Europe afin de ne pas être dépendant des plateformes digitales américaines ou asiatiques. Mais nous sommes encore loin d'être un géant du numérique. Il faut une synthèse des intelligences, une convergence des intérêts.

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