Un label structurant pour une filière autour du sport ?

Après avoir auditionné les deux villes finalistes, Marseille et Sofia, capitale bulgare, le jury de l'Association des Capitales européennes du Sport a désigné le 14 octobre Marseille pour l'année 2017.

Après avoir auditionné les deux villes finalistes, Marseille et Sofia, capitale bulgare, le jury de l'Association des Capitales européennes du Sport a désigné le 14 octobre Marseille pour l'année 2017. Les promoteurs de la candidature imaginent qu'elle pourrait structurer une filière sportive aujourd'hui organisée essentiellement sur un mode associatif et valoriser la recherche et l'enseignement.

Quelle est la ville européenne auréolée du label en 2014 ? Qui sait que Cardiff, Stuttgart ou Valence ont déjà été lauréates ? Peu le savent, ce qui donne une idée du pouvoir d'attractivité contenu dans ce label attribué pour la première fois en 2001 à Madrid. Mais l'essentiel est aujourd'hui ailleurs, dans la symbolique : la ville de Marseille passe à une phase d'industrialisation de son ego et semble visiblement prendre goût à se promouvoir.

Plus d'un mois en avance sur le calendrier - la réponse devait intervenir le 19 novembre - le verdict est tombé le 14 octobre. Le jury, qui s'est rendu dans la cité phocéenne en ce début de mois, s'est prononcé en faveur de Marseille, première ville française à décrocher le titre, et au détriment de la bulgare Sofia. Qu'est ce qui a fait la différence ? L'écosystème sportif favorable revendiqué (ville d'accueil de grandes manifestations comme The Race, la Coupe du monde de Rugby ou le tournoi de tennis de l'Open 13) ? La notoriété de ses clubs (l'OM, Cercle des nageurs de Marseille) ?

Tous ensemble
Le président de L'European Capitals of Sport Association Gian Francesco Lupatelli avait effectué une visite de "de courtoisie" de deux jours en juin pour inspecter les équipements de la ville. Il avait été reçu au palais du Pharo par le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Richard Miron, adjoint au maire délégué aux sports, et Frédérik Bousquet, le champion des nageurs marseillais qui s'est s'investi dans la candidature de Jean-Claude Gaudin à sa réélection et qui, nouvel élu municipal, compte parmi les sportifs soutenant le projet marseillais. "Provence Promotion a détecté cette opportunité après voir vu des villes comme San Diego, Helsinki, Goa, Sidney ou Singapour jouer d'attractivité avec le sport", explique Pierre Distinguin, le directeur de la prospection de Provence Promotion, qui alimente un blog sur le sujet depuis quelques mois. L'agence de développement économique des Bouches-de-Rhône "œuvre" sur ce dossier aux côtés de la Ville de Marseille, de la Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence, du Conseil général des Bouches-du-Rhône et d'Aix Marseille Université.

Structurer une filière économique
Outre l'opportunité de remettre à niveau certaines infrastructures sportives (à la différence de la culture, aucun financement de l'Europe ne sera versé par l'organisation de l'événement), les promoteurs de la candidature imaginent qu'elle pourrait structurer une filière sportive aujourd'hui organisée essentiellement sur un mode associatif et valoriser la recherche et l'enseignement. Déjà positionnée sur le créneau de la recherche autour du sport, le professeur Gilles Montagne, directeur adjoint de l'Institut des sciences du mouvement au sein d'Aix-Marseille Université (AMU), a créé deux chaires, l'une en partenariat avec Oxylane (groupe Décathlon) et l'autre avec PSA. Un technosport, conçu comme un centre d'expertise scientifique pour le sport, va d'ailleurs être livré dans les prochains mois sur le campus de Luminy à Marseille. Une étude réalisée en 2011 sur la compétitivité régionale en matière sportive faisait valoir que "Marseille dispose de compétences scientifiques et d'outils uniques en France avec les laboratoires du CEA, de l'INRIA, du CNRS de nombreux hôpitaux et cliniques et d'un pôle santé fort."

Futur cluster du sport
Gymnova, qu'Olivier Estèves a rachetée en 2002 avec son groupe Abéo, est le leader mondial de la conception, de la fabrication et de la distribution d'équipements pour la gymnastique. La société marseillaise s'est fait un nom auprès du grand public en équipant les Jeux olympiques de Londres, en 2012. Elle pourrait devenir une des entreprises phares d'un futur cluster sport que la mairie appelle de ses vœux. D'autres spécialistes pourraient y participer à l'image de Beuchat, leader français et marseillais dans les activités aquatiques et sous-marines, Shark ou encore Sun Valley, marque de prêt-à-porter de glisse, basée à La Ciotat.

En attendant, des réactions unaniment enthousiastes

"Cette nouvelle marque de confiance apportée à Marseille est le signe incontestable de son attractivité nouvelle. Ce titre distingue les villes où le sport représente un vecteur d'intégration de toutes les catégories sociales et qui respectent l'éthique ainsi que le rôle du sport dans l'amélioration de la qualité de vie, de la santé physique et psychologique des habitants. Marseille a su montrer tout son savoir-faire dans ces domaines pour convaincre les membres du jury. Chaque année, la Ville consacre un budget de 70 M€ aux sports et à la jeunesse", s'est félicité le maire Jean-Claude Gaudin. Guy Teissier, le président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, fut l'un des premiers à réagir à l'annonce : "Quand on joue collectivement, nous faisons gagner Marseille et la Provence. Ce nouveau titre de Capitale européenne du Sport en 2017 vient couronner nos efforts de promotion et de développement de Marseille-Provence. En 2016, Marseille accueillera plusieurs matchs de l'Euro 2016. Dans cette perspective, le Vélodrome a été entièrement rénové. Le stade - qui sera inauguré jeudi - est une carte maîtresse pour l'attractivité de notre territoire." Pour le patron socialiste de la Région Michel Vauzelle, "le choix de Marseille, comme capitale européenne du sport en 2017, représente un grand défi. Il doit contribuer à rapprocher les citoyens autour de projets communs et à positionner Marseille comme capitale française de la Méditerranée avec le soutien de la Région."

Dans les milieux économiques
"C'est une nouvelle chance de faire rayonner Marseille Provence et pérenniser la dynamique économique vertueuse installée par Marseille-Provence 2013", s'est enflammé le président de la CCI Marseille Provence, qui a piloté la candidature et la construction de Marseille-Provence 2013. "Depuis 2005, le monde économique s'est rassemblé derrière l'ambition de faire entrer le territoire dans le top 20 des métropoles européennes. À cette fin, la CCIMP s'est intéressé au potentiel attractif de Marseille Provence, parmi lequel son offre culturelle et sportive. Ce titre est aujourd'hui l'opportunité de faire émerger des projets structurants, de combler le déficit d'infrastructures, de fédérer les investissements."
"Le jeu collectif a fonctionné une nouvelle fois. Nous nous félicitons de la capacité de notre territoire à accueillir de grands événements, reconnus à l'international, et à se mobiliser pour des grands enjeux", a indiqué pour sa part le président de l'UPE 13 Jean-Luc Chauvin


A.D

©FP

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