Le secteur des matériaux de la construction a un problème d ? acceptabilité

Les carrières ouvrent leurs portes. Une initiative pour contrarier les idées reçues sur un secteur souvent associé à des nuisances. Entretien avec Guy Laborde, président de l?UNICEM (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction) Pacac et directeur de la société Bronzo-Perasso.


Vous organisez des journées portes ouvertes les 23 et 24 septembre. Une nécessité de communication, dites-vous, pourquoi ?

L'UNICEM fédère les entreprises de la filière des matériaux de construction minéraux, tant dans l'extraction que dans la transformation. Les 2 700 carrières de granulats que compte la France - dont environ 200 en région PACAC - jouent un rôle majeur sur le plan économique. Premier maillon de la filière du BTP, elles produisent chaque jour 1 Mt de sables et de graviers, nécessaires à la construction des logements, hôpitaux, écoles, routes, voies ferrées. Il faut savoir que la construction d'un logement nécessite 100 à 300 tonnes de granulats, celle d'un hôpital ou d'un lycée, 2 000 à 4 000 tonnes, 1 km de voie ferrée, 10 000 tonnes et 1 km d'autoroute, 30 000 tonnes.

Or, nous avons un problème d'acceptabilité au sein de nos territoires du fait des nuisances auxquelles nous sommes associées (ndlr, pollution des eaux, bruit, poussières, impact sur la faune et la flore, impact visuel, va et vient de camions...).

Ces journées, au cours desquelles nous allons ouvrir 21 sites de production de la région, sont organisées en premier lieu à l'intention des personnes vivant à proximité de nos sites pour montrer notre savoir-faire en matière de maîtrise des impacts environnementaux, la performance énergétique des matériaux, et la durabilité des ouvrages qu'ils permettent de réaliser.

Que faites-vous pour réduire l'empreinte environnementale des activités ?


Les pratiques des exploitants de carrières, encadrées depuis la loi du 4 janvier 1993 avec leur inscription dans la nomenclature des installations classées, ont évolué de manière radicale au cours des 20 dernières années.
En l'occurrence, pour accélérer l'évolution des pratiques sur les sites de production, les industriels ont lancé en 2005 une démarche volontaire de progrès, qui s'est concrétisée par l'adhésion à la Charte Environnement.
Les entreprises signataires s'engagent à faire progresser leurs sites en appliquant 80 bonnes pratiques identifiées au sein d'un "Référentiel de Progrès Environnemental". En région PACAC, 73 carrières y adhérent parmi lesquelles 41% sont déjà positionnées au plus haut niveau d'exigence du référentiel de progrès de la Charte.


Comment évolue l'activité au niveau régional ?


Après deux années très difficiles, un redressement est très sensible depuis début 2011. À fin juillet, la production globale de matériaux a crû de 11% dans la région soit un rythme comparable au niveau national. Dans le domaine du logement neuf, nous avons bénéficié d'une augmentation des autorisations de construire (+ 12% dans le collectif et 13% dans l'individuel sur le premier trimestre). Dans le domaine du bâtiment non résidentiel neuf, les mises en chantier ont connu de fortes baisses ces dernières années (- 14% en 2007, - 20% en 2008, -7,8% en 2009 et - 10% en 2010). À nouveau, en retrait de 12% au cours du premier trimestre. 2012 sera tendu. La tendance régionale des budgets prévisionnels des collectivités locales en baisse de 1% contrairement à la tendance nationale (+3%) et le repli dans le secteur des travaux publics en 2011 incitent à la prudence.

Quel est l'enjeu du secteur ?

L'industrie des matériaux de construction fait appel à des matières premières généralement abondantes dans notre sous-sol (granulats, calcaire, gypse ...). L'approvisionnement de ce secteur est peu dépendant de l'extérieur. Pour autant, les schémas départementaux des carrières (ndlr, article L 515-3 du code de l'environnement), qui définissent les conditions générales d'implantation des carrières, n'intègrent pas la dimension de gestion des ressources. Or, nous avons de plus de plus de contraintes pour accéder à la ressource minérale. Il est clair que la pression environnementale incite davantage à la fermeture des carrières qu'à l'ouverture. Et il n'existe n'a pas, à ce jour, de produits de substitution pour le granulat et le béton. À terme, il y aura des tensions sur la disponibilité de la matière première. C'est pourquoi, la profession mène parallèlement un combat en faveur du recyclage.


Propos recueillis par Adeline Descamps

Photo : Guy Laborde, président de l'UNICEM Pacac

*En région, 9 sites participent à l'opération
c.f https://paca.unicem.fr/actualites/actualites_unicem_pacac_


Repères UNICEM PACAC
- 450 établissements
- 4 400 emplois directs et 8 000 emplois induits
- Un C.A consolidé de plus d'1 md€
- 33 Mt de granulats (matériaux issus de roches meubles ou massives) pour le BTP
- 8 Mt d'autres matériaux de carrières pour l'industrie
- 4,5 millions de m3 de béton prêt à l'emploi
- 2 Mt de produits en béton


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