Le crédit bancaire, une denrée rare pour les PME ?

On le sait. Les PME sont, en France, très dépendantes du système bancaire. Quelle est la situation en matière de financement ? Dans son enquête sur la distribution du crédit bancaire, La Banque de France contrarie quelques idées reçues.


Jean-François Kahn, fervent adepte du "on ne vous dit rien, on vous cache tout", trouverait probablement là la matière à une nouvelle publication. Resserrement des crédits bancaires : vrai ou faux ? Y-a-t-il un réel problème de financement des PME ?

Un début de réponse a été émis dans les salons de la préfecture la semaine dernière à l'occasion d'un point presse agencé par le préfet de région, Hugues Parant, sur le financement des entreprises innovantes.

Pour résumer, il ne s'agirait pas tant d'un problème d'accès aux crédits bancaires que de demande. Et le contexte actuel, très anxiogène, pousserait les PME à restreindre leurs demandes de financement.

"À fin septembre 2011, selon les banques interrogées dans l'enquête sur la distribution du crédit bancaire (BLS), l'encours des crédits mobilisés aux PME a augmenté en France de 4,3% en rythme annuel. Au 3ème trimestre 2011, le montant distribué aux PME s'élevait à 23,2 mds€, niveau similaire à celui du trimestre précédent (23,4 milliards). Les TPE ont représenté 57 % du total alloué aux PME. Dans les Bouches-du-Rhône, l'encours des crédits mobilisés aux PME a augmenté en France de 9%", explique Pascal Tachon, de la Banque de France Paca.

Selon l'analyste, cela permet de faire la part des choses sur "le refus de la demande". Pour preuve, le nombre de dossiers déposés en médiation. "Alors qu'en 2009, nous avions entre 40 et 50 dossiers déposés par mois. En 2010, il y en avait une vingtaine et en 2011, nous sommes sur une moyenne mensuelle de 15", poursuit-il.

"Cette situation traduit un problème de confiance des entreprises. Il faut réactiver la locomotive du carnet de commandes mais les marges de manœuvre de l'État sont à cet égard plus réduites. Il est difficile d'influer sur un environnement dépressif et l'on n'est plus dans l'effet artificiel des plans de relance", analyse Hugues Parant, qui a rappelé que l'État était prêt à réactiver les dispositifs qui avaient été mis en œuvre en 2009 au plus fort de la crise (et notamment enveloppe allouée à Oseo pour des activités de garantie de prêts et de financement des PME).

"Avec ce dispositif, nous avons garanti au niveau national 18 000 entreprises entre 2008 et 2009 pour un volume d'encours de crédits court terme de 6 mds €, explique Jean-Marie Suquet. Le montant indemnisé aux banquiers n'a été que de 90 M€, soit très peu de casse". Ce qui signifie qu'Oseo en l'occurrence n'a pas pris de risques et donc, "soit que le tissu français est particulièrement solide, soit que les banques n'avaient pas joué leur rôle", commente le préfet.

Interrogé, Laurent Billot, secrétaire général de la CGPME 13, explique pour sa part que "le problème est le temps de réponse des banques. Les entreprises demandent peut être moins de prêts parce qu'elles anticipent un refus ou une attente. Une entreprise, dans sa gestion quotidienne, est dans l'instantanéité et la vitesse".

Pour faciliter l'accès aux crédits de trésorerie pour les petites entreprises, la CGPME a signé des accords avec deux organismes bancaires (LCL et BPCE), qui se sont engagés à répondre dans les 24 heures pour des demandes de crédits de moins de 25 000 euros. Moyennant une caution de l'expert-comptable. La CGPME devrait signer dans les prochains jours avec d'autres groupes bancaires.

D'après l'enquête de conjoncture trimestrielle FIDUCIAL, réalisée en octobre auprès des TPE, 32% ont été confrontées à un refus de prêt au cours du dernier trimestre et 13% ont obtenu une somme inférieure à celle demandée.

A.D

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