Déconstruction navale : Deux groupements d ? entreprises intéressés

Deux groupements d?entreprises ont répondu à l?appel à projets de la Région. Le premier est basé près de la zone industrialo-portuaire de Fos, le second à La Seyne-sur-Mer, près du pôle naval de Toulon. Deux sites possibles d?accueil d?une activité de démantèlement et traitement de bateaux en fin de vie. Et qui pourraient se compléter.

 
"La France est la première à avoir ratifié la convention de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires. C'est un événement diplomatique", indique l'étude réalisée à la demande de la région Paca sur la faisabilité de création d'une filière régionale de déconstrutction navale. "Par contre dans la pratique, mis à part le chantier intermittent de Bassens (Gironde), le chantier fluviomaritime du Havre et la démolition forcée du TK Bremen en Bretagne, c'est l'atonie qui gouverne. En Méditerranée, c'est l'aphasie."


Les choses pourraient évoluer. Deux groupements d'entreprises se sont positionnés sur le projet de création d'une filière de démantèlement de navires : le premier sur le canal de Caronte dans les Bouches-du-Rhône et le second à La Seyne-sur-Mer dans le Var.

Le premier (Green'Med) bénéficie de la proximité de la zone industrialo-portuaire de Fos et donc d'un nœud intermodal (routier, autoroutier, portuaire, ferroviaire) stratégique ainsi que de la proximité de grands aciéristes (Arcelor Mittal, Ascometal à Fos). Il est composé de Genier Deforge, filiale du groupe Colas, spécialisée dans le traitement de l'amiante et la déconstruction de bâtiments, Geotrade, société montpelliéraine spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets dangereux et non dangereux, Burgeap, bureau d'ingénierie de l'environnement et Link, cabinet marseillais de diagnostic immobilier. Le groupe s'adosse aux sites industriels de Sea-invest, entreprise d'entreposage et de GDE, plate-forme de stockage et transformation des métaux. Green'Med prévoit d'y installer d'ici 18 mois un chantier de démantèlement de navires de 80 m dont l'activité atteindrait progressivement son seuil de rentabilité (estimé à 10 navires par an) au bout de trois ans. Une première étape avant d'étendre ses installations vers la zone industrialo-portuaire de Fos et y traiter des navires de plus de 180 m, qui correspond à sa capacité maximale d'accueil. L'activité nécessiterait 3 à 5 M€ d'investissement et génèrerait 100 emplois directs.

Le second, à La Seyne-Sur-Mer, bénéficie de la proximité de Toulon et donc des bâtiments militaires de DCNS. Il est constitué de Foselev Marine (C.A de 5 M€ en 2012) division du groupe Foselev spécialisée dans la réparation navale et basée à la Seyne-Sur-Mer, Topp Decide, cabinet d'ingénierie parisien et Prestosid (revalorisation de friches industrielles avec une expertise dans le désamiantage). Le groupement a déjà remporté un appel d'offres de 15 M€ auprès de la Marine pour la déconstruction de trois épaves gisant dans le port de Brégaillon : la Saône, un pétrolier de 11 000 tonnes (160 m de long), la Dive et l'Argens, deux bâtiments de débarquement de chars de 1 500 tonnes chacun (100 m). Le chantier devrait débuter sous peu - Foselev a réceptionné le pont flottant samedi - et durera 12 mois. Entre 25 et 50 emplois seront créés.

Reste la rentabilité de la filière au niveau régional. Si la Marine possède encore 100 000 tonnes de ferrailles (30 grandes coques et une centaine de petits bateaux) réparties sur les deux façades maritimes, sans compter les navires arrivant en fin de vie, elle ne peut suffire à elle seule à pérenniser l'activité. C'est pourquoi, pour Olivier Pillard, directeur général de Topp Decide, il est impératif d'élargir l'activité au traitement des matériels industriels complexes (péniches, containers, avions, wagons, chars, bateaux de plaisance hors d'usage...) et à la revalorisation de l'acier récupéré au moyen d'un process innovant capable d'assurer la sécurité des hommes et le respect de l'environnement tout en étant compétitif. Selon lui, 105 millions de tonnes de ferrailles attendent d'être démantelées dans le monde.

Topp Decide entend ainsi créer un pôle d'excellence autour d'une solution exploitant la robotique en s'appuyant notamment sur les grandes écoles proches telles que l'ISEN (Institut supérieur de l'électronique et du numérique), SUPMECA (Institut supérieur de mécanique), l'ISITV (Institut des sciences de l'ingénieur Toulon Var) et l'IFMM (Institut de formation aux métiers de la mer) avec lesquelles des partenariats ont déjà été signés. Les premières formations pourraient être proposées dès septembre 2014.

Les groupes SITA (GDF Suez) et Bartin Déconstruction (Veolia) ainsi que la société Kroc'can seraient également intéressées sans pour autant avoir concrétisé leur projet.

F. GROUÉ


Photo : La Saône, un pétrolier de 11 000 tonnes, la Dive et l'Argens, deux bâtiments de débarquement de chars de 1 500 tonnes chacun doivent être démantelés dans le port varois de Brégaillon.



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