Conjoncture : Pas d'anticipation de la reprise pour les chefs d'entreprise régionaux

2014 devait être une année de redémarrage. Ce sera un nouvel exercice au point mort. Et les anticipations des chefs d?entreprise régionaux interrogés par la Banque de France sont saturées d?obstacles. Pas une once de gras.


En attendant la reprise ! L'enquête de conjoncture réalisée auprès de 1 038 entreprises régionales en début d'année par les succursales de la Banque de France PACA laissait entendre que la reprise était aux portes de la région. Force est de constater qu'elle est à nouveau différée. « Les éléments recueillis début septembre, auprès d'un échantillon d'entreprises représentatifs employant près de 152 000 salariés et réalisant plus de 27 Md€ de chiffre d'affaires, traduisent une évolution toujours très contrastée de l'activité alors que les capacités productives demeurent sous-utilisées », note de façon très mesurée Bernard Benitez, adjoint au directeur du département des affaires régionales à la Banque de France PACA.


Résilience toujours
Spécificité française propre à la région, la structure unique de son économie - diversité de son tissu productif sans filière dominante, catégorie des petites entreprises hypertrophiée mais rareté des grands comptes, prépondérance du tertiaire -, est à double détente : elle joue le rôle d'amortisseur par temps gris (sans l'épargner pour autant) mais est un frein quand le printemps est de retour. Un différé d'au moins six mois. Donc, selon Jean-Jacques Cambounet, directeur régional de la Banque de France, le second souffle, tant attendu, est cette fois envisagé pour mi 2015.

Freins au redémarrage
L'INSEE vient, pour sa part, de sortir une note de conjoncture qui n'incite guère à l'optimisme. L'économie française croîtrait à peine d'ici la fin de l'année (+0,1 %). Les exportations seraient certes un peu plus soutenues qu'au premier semestre, mais sans éclat. Les freins au redémarrage de la demande intérieure restent à l'œuvre. Les investissements des ménages en logement continueraient de reculer tandis que les dépenses des entreprises se replieraient de nouveau.

Reprise différée ou engoncement dans la crise ?
"Pour comprendre le local, il faut observer le monde, oriente le directeur régional de la Banque de France, qui observe un faisceau d'indicateurs encourageants, gageant sur les mesures prises par la BCE (qui a abaissé ses taux début septembre 2014 à 0,05 %) et les effets de la dépréciation récente de l'euro (mécaniquement, quand l'euro s'apprécie de 10 %, on perd 0,6 point de croissance). "Cela permet d'éviter que les banques ne stérilisent une partie de leurs capitaux et les incitent à les drainer vers l'économie." La baisse de l'inflation devrait aussi libérer du pouvoir d'achat tandis que la dépréciation de l'euro devrait doper les exportations françaises. De même, l'attitude des autorités monétaires à éviter tout risque de déflation pourrait les inciter à augmenter un peu plus leur niveau de dépenses.

Anticipations négatives en région
En attendant, en région, les anticipations des chefs d'entreprises s'inscrivent en retrait de deux points par rapport à leurs prévisions initiales. "C'est la demande internationale qui a soutenu l'activité industrielle régionale : la production a été globalement bien orientée dans la fabrication de matériels de transport et de composants électroniques alors que la chimie et la métallurgie enregistrent des évolutions encore mesurées. Les carnets de commandes restent faibles. Les stocks s'alourdissent. C'est une résultante de l'érosion des prix. Nous avons 50 % de l'activité régionale sujets à ce facteur et 70 % du tissu dépendant de l'activité nationale", argumente Bernard Benitez. Le taux d'utilisation des capacités de production était à 73 % en août. En décembre dernier, il s'établissait à 81 %.

Services, dont la diversité est le marqueur de l'économie régionale

L'activité est tirée par l'hotellerie-restauration, l'informatique (+ 6 %) et la communication. En revanche, le nettoyage industriel, l'ingénierie technique et l'édition - secteurs extrêmement soumis à des conditions tarifaires -, enregistrent une érosion des volumes d'affaires. Pour l'année en cours, les professionnels anticipent à nouveau un léger accroissement des transactions (+ 0,9 %), en repli toutefois de 2,7 points par rapport aux prévisions de début d'année.

Le bâtiment va mal mais le reste peut aller bien

Dans le bâtiment, secteur par excellence qui dépend du reste de l'économie, la visibilité est réduite (baisse des mises en chantier, des indicateurs de commercialisation et des dépenses publiques) et les professionnels anticipent un repli de la production de 4,2 %, conformes aux prévisions initiales. Les investissements ont baissé de 20 %. Au final, l'emploi (part de 13 % en PACA) est impacté dans tous les segments de la construction.

"Mais ce n'est pas parce que le bâtiment va mal que le reste ne va pas bien", conclue Jean-Jacques Cambounet. Les entreprises qui s'en sortent sont celles qui ... innovent et s'internationalisent. "Oui, celles qui superforment dans notre panel présentent ces caractéristiques". Leur difficulté à elles, "c'est d'être dans une innovation permanente."

A.D.

Photo : Dans l'industrie, le taux d'utilisation des capacités de production était à 73 % en août contre 81 % en décembre.



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