Christian Estrosi, la Métropole et le discours de la méthode

Réélu sans surprise président de Nice Côte d’Azur, celui qui est aussi maire de Nice en a profité pour réexpliquer le pourquoi de la Métropole, son bien-fondé et son impact sur l’économie, autant pour celle des villes concernées que le territoire tout entier. Une clarification semble-t-il désormais faite après une démission surprise. Une façon de redire qui est le patron de la toute première métropole créée en France. Et de cranter l’avenir.
(Crédits : Eric Gaillard)

Il y a une semaine, sa démission fracassante avait pris tout le monde de court. Une démission comme un ras-le-bol, disait-il, des bisbilles, attaques et « trahisons » de certains élus, accusés de rapprochement avec le camp d'Eric Ciotti. Un tout qui, insistait-il encore, fragilisait la Métropole, la toute première à avoir vu le jour en 2012. A manque de cohésion, demande de clarification.

Sept jours plus tard, revoici - sans surprise - Christian Estrosi réélu Président de la Métropole Nice Côte d'Azur. Avec 81,6% des suffrages, on peut estimer que la clarification est faite. Et bien faite.

Reste que rappeler les fondamentaux, cela a souvent du bon. Et c'est l'exercice auquel le nouveau président s'est plié, insistant sur quelques points essentiels. Dont la solidarité, l'impact économique, la dette qu'il appelle l'investissement sur l'avenir et précisément sa volonté de se projeter dans le futur.

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Marque de fabrique

Non sans rappeler en préambule, la ligne rouge « absolue », celle de verser vers le Le Pénisme ou le Mélenchonisme. « Hormis cela, je ne ferme la porte à personne ». Une façon de se poser en rassembleur, loin du « chaos national de ces dernières semaines ».

Cette démission-réélection marque clairement un tournant dans l'histoire de Nice Côte d'Azur. D'ailleurs, Christian Estrosi lui-même, le présente ainsi, estimant que ce 19 juillet marque « une seconde naissance ».

Et de rappeler donc le pourquoi de la constitution de Nice Côte d'Azur voilà douze ans, quand la notion de métropole émergeait à peine. Parce que les territoires sont liés par l'histoire, les besoins communs. Parce que c'est la solidarité qui prime. Et de le dire franchement, « quand j'entends certains dire qu'il faudrait un mécanisme (de redistribution) au prorata de la contribution par communes, c'est l'exact contraire ce que nous faisons depuis 12 ans. Un tel système c'est la disparition des services publics de nos villages, je ne serai pas ce président-là ». Et d'en appeler plutôt à « l'esprit de consensus et de coopération qui a toujours prévalu » et qui est même, « la marque de fabrique » de Nice Côte d'Azur.

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Moteur économique

Une volonté d'en revenir aux principes essentiels. Et de placer le curseur sur le champ économique. « De grands défis nous attendent », insiste Christian Estrosi, rappelant qu'en douze ans, Nice Côte d'Azur a fait des bonds en matière d'attractivité, jusqu'à être parmi les meilleures d'Europe. « Car nous avons beaucoup investi et n'avons jamais cessé de le faire ». Une pierre dans le jardin de ceux qui l'accusent d'être « le père de la dette ». Lui, rappelle les 320 millions d'euros investis en 2023, les 476 millions d'euros qui le seront en 2024. Et va même plus loin, rappelant « pour ceux chez qui subsiste un esprit étriqué », que l'on ne gère pas une métropole « comme on gère un Livret A », que « ce n'est pas une petite pièce dans le cochonnet », mais de la « stabilité et de la continuité ». Une autre pierre jetée dans le jardin des détracteurs qui ne comprendraient pas que pour préparer l'avenir, il faut dépenser, ce qu'il appelle investir. « Les investisseurs, c'est notre assurance-vie » et c'est précisément ce qui a permis à Nice Côte d'Azur de figurer « sur le podium des métropoles qui investissent le plus. Oui je suis interventionniste. Je ne suis ni Thatcher, ni Reagan ».

De prendre pour preuve les 14.700 créations d'entreprises réalisées en 2023 sur le territoire et le taux de chômage « à son plus bas niveau depuis très longtemps », le tout avec une croissance de 5,3% quand le département plafonne à 4,6%. L'effet métropolitain comme effet d'entraînement économique...

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Le pari sur l'avenir

Un effet que Christian Estrosi veut continuer d'amplifier, prévoyant la tenue d'une grande conférence économique qui rassemblerait deux fois par an les acteurs du territoire. S'enthousiasmant de l'exode des jeunes talents, stoppé, parce que l'Université, les écoles ont su les retenir tout en attirant ceux venus d'ailleurs. Christian Estrosi qui n'élude pas le sujet climatique et environnemental, assurant par exemple qu'Haliotis II, la super station d'épuration pilotée par Suez et à l'investissement nécessaire de 700 millions d'euros est l'un des exemples des paris à faire sur l'avenir. « Alors oui, on s'endette, ou plutôt on investit sur l'avenir ».

Voilà donc une feuille de route toute tracée. « Nous avons pris le bon chemin », assure Christian Estrosi. Qui retrouve donc sa présidence, une légitimité renforcée et un dynamisme certain pour la prochaine étape, celle de 2026.

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