Qu'il ne soit pas exactement à son goût ou que l'aménagement ne soit pas totalement satisfaisant, un logement subit forcément au cours de sa vie des travaux de rénovation. Un chantier, plus ou moins gros, dans lequel le propriétaire est souvent « paumé, isolé » pointe Victor Danescu. Un constat établi après plusieurs années à œuvrer dans la promotion immobilière. « J'ai constaté qu'il y avait un monde d'écart entre le neuf et la rénovation alors que c'est souvent un des investissements les plus importants que l'on réalise dans sa vie », raconte-t-il. Une vision qui n'est pas qu'un simple ressenti. Un sondage de l'Ifop de 2021 indique que seulement 63,4% des Français « se disent satisfaits des prestations de l'entreprise qu'ils ont engagée ».

L'idée est alors simple : « Remettre le client au cœur » non pas du chantier mais du projet. C'est le début de l'aventure de Berkail, officiellement née en septembre 2021 sous le nom de Comment. L'entreprise installée à Marseille se positionne donc comme unique interlocuteur et contractant général auprès des propriétaires pour mener les travaux. L'idée étant de simplifier au maximum toutes les démarches, comme en témoigne l'espace client en ligne permettant de tout suivre, des devis au suivi de commande en passant par les plans. Un vrai atout pour la start-up sur ce marché qui n'a pas encore fait sa révolution digitale.

Une forte demande pour le locatif

« Pendant deux ans j'ai pu tester le marché en réalisant une vingtaine de chantiers », présente Victor Danescu. Une expérience sur le terrain qui, comme pour tout lancement, a conduit à des adaptations. Dans l'approche d'abord, avec « l'importance de la relation avec les entreprises, parfois les clients ne s'adressent pas de la bonne manière » ce qui débouche sur un résultat pas tout à fait en adéquation avec les attentes.

Sur le modèle économique ensuite, avec une cible initiale sur « la résidence principale mais il y a une forte demande chez les investisseurs, un client sur deux fait du locatif ». Ce qui se traduit par une offre plus standardisée avec une personnalisation moins forte, ce qui convient mieux aux attentes pour ce type de profil. « C'est l'une de nos offres car c'est une attente du marché mais la résidence principale est importante pour nous » précise Victor Danescu. Si le BtoB et les grands ensembles sont des secteurs avec déjà de nombreux acteurs, le dirigeant dit « avoir toujours été attiré par le marché du particulier car il n'a pas forcément les connaissances du milieu ».

L'objectif est de tripler le chiffre d'affaires

En plus de simplifier la réalisation des travaux, Berkail souhaite axer ses chantiers autour de la décarbonation. A commencer par la gestion des déchets avec l'usage si possible du réemploi. « Il y a des circuits », note Victor Danescu qui évoque des initiatives comme R+éveil, une entreprise qui oeuvre dans le réemploi. Autre volet, celui de l'utilisation de matériaux biosourcés, écoresponsable ou issus de la seconde main. Des produits pas forcément si simples à trouver. « Il faut sortir de sa zone de confort », reconnaît Victor Danescu pour qui l'anticipation ainsi que l'organisation sont la force de Berkail et permettent de trouver ces matériaux à temps mais aussi d'assurer le bon déroulement de ses chantiers, qui durent en moyenne 2 jours de moins que prévu revendique la startup.

Un choix qui représente aussi un coût supplémentaire. « Nous co-construisons avec le client, pour de la peinture et de l'isolation c'est plus simple que quand une personne veut du béton ciré », ajoute Florentin Deleuze, associé depuis mai dernier. Son arrivée marque le changement d'identité de Berkail et le début d'une phase d'accélération du développement de la startup de quatre personnes. Aujourd'hui installée dans l'espace de coworking Cité Fab, elle doit rejoindre Marseille Innovation en janvier et tente d'intégrer le Réseau Entreprendre. « Nous avons réalisé 600.000 euros de chiffre d'affaires, l'ambition est d'atteindre deux millions d'euros avec une quinzaine de salariés », pose Victor Danescu.

Un contexte pas si défavorable

Pour atteindre ces ambitieux objectifs, une levée de fonds est prévue mi-2024. La conjoncture générale autour de l'immobilier n'apparaît pas défavorable à la rénovation aux yeux du duo de dirigeants. Au contraire. « Il y a des indicateurs structurels positifs que sont la loi de zéro artificialisation des sols, les obligations autour du diagnostic énergétique, la fin du dispositif de défiscalisation Pinel qui va développer la location dans l'ancien (LMNP) et les envies écologistes », liste Florentin Deleuze.

Pour l'acquisition de clients, le réseau de Cité Fab - axé sur les métiers liés à la fabrique de la ville - aide. "Nous passons par des réseaux d'architectes d'intérieur et des courtiers", explique Florentin Deleuze. "Ce type de travaux sont rares donc fidéliser un client est complexe mais il peut ensuite devenir un prescripteur" développe-t-il. Autre volet important, celui des artisans, entreprises ou autres acteurs qui interviennent sur le chantier. "On fait avec notre réseau, puis on visite les chantiers pour être sûr que cela s'est bien passé et ils viennent sur les nôtres. C'est comme ça que l'on apprend le plus", détaille Victor Danescu.