A Tallard, Icarius Aerotechnics veut développer les turbines pour la petite aviation

La PME installée dans les Alpes de Haute-Provence répare et retrofite des aéronefs allant jusqu’à une vingtaine de places. Face à un contexte économique difficile, elle ambitionne d’adapter des turbines à ces appareils conçus il y a plusieurs dizaines d’années.
(Crédits : icarius aerotechnics)

Au bout de piste Nord de l'aérodrome de Tallard, les salariés d'Icarius Aerotechnics sont aux premières loges pour voir les va-et-vient. C'est là que se trouvent les locaux et hangars de la PME de maintenance aéronautique. « C'est un aérodrome avec beaucoup de mouvements mais comme il s'agit de loisir il n'y a pas de grillage », explique Corinne Fitzgerald, à la tête de l'entreprise de 30 salariés. C'est avec son mari, Mike Fitzgerald, qu'elle a fondé cette société et atterri dans les Hautes-Alpes en 1993. « Je faisais beaucoup de parachutisme en compétition, j'ai rencontré Mike et nous avons mutualisé nos passions, lui la technique de maintenance et moi les avions pour le parachutisme », raconte-t-elle.

En 30 ans d'existence, la PME revendique « une image de marque liée à l'innovation ». Un aspect qu'elle travaille sur plusieurs modèles d'avions, comme le PC-6 ou Cessna 206. « Nous avons une spécialisation dans les avions pour le parachutisme mais pas seulement nous travaillons aussi sur du turbo propulseur », note Corinne Fitzgerald. Il s'agit majoritairement « d'aéronefs sans limite de vie que nous réparons ou retrofitons », détaille la directrice générale. Un appareil dédié qui doit monter et descendre régulièrement, pour l'activité de parachutisme, se voit doté d'une remotorisation plus puissante afin de grimper dans le ciel plus vite. « Nous ne faisons pas de la simple maintenance, nous réalisons des modifications, touchons à l'électronique, la chaudronnerie, etc... ».

20% de clients européens

Les clients sont principalement des centres de parachutisme qui viennent de France, mais aussi d'Espagne, du Portugal, d'Allemagne et d'Italie. Un marché européen qui représente 20% des 5,5 millions d'euros de chiffre d'affaires de l'entreprise. Une activité qui se réalise à Tallard, mais aussi à Cahors, dans le Lot, où l'entreprise possède un site. « Nous en avions un à Nancy que nous venons de fermer car le responsable a pris sa retraite et nous n'avons pas trouvé de remplaçant », regrette Corinne Fitzgerald. Une situation qui illustre la difficulté de recrutement de la PME.

« Entretenir les compétences de nos salariés est très difficile car le niveau de réglementation et d'exigence administrative est très élevé », pointe la dirigeante. Au-delà de la formation, « pour maintenir une qualification de type il faut travailler sur l'avion un certain nombre d'heures ». Difficile dans ces conditions de se projeter pour la directrice générale qui explique « qu'au début d'Icarius Aerotechnics nous avions une personne en charge de l'administratif pour un technicien désormais c'est un pour un ».

Innover en remplaçant les moteurs par des turbines

Au-delà des difficultés de recrutement, le contexte est particulièrement difficile. La PME vient de perdre le marché qu'elle avait avec le ministère des Armées depuis 2002 sur les Pilatus PC-6. « Il y a aussi beaucoup d'aérobashing, nous commençons à voir des personnes qui ne veulent plus faire de parachute car cela pollue trop, cela n'impacte pas encore l'activité mais il y a un risque », juge Corinne Fitzgerald. Loin d'être abattue, elle évoque la situation de « rebond » dans laquelle se trouve l'entreprise et mise sur la diversification : « Nous voulons changer les moteurs qui sont très polluants par des petites turbines qui consomment moins, sont polycarburants et moins bruyantes ».

La turbine en question est d'ores et déjà trouvée. Il s'agit d'un produit de la société Turbotech, basée dans les Yvelines, pour les ULM. Le but est maintenant de l'intégrer pour les aéronefs certifiés, ce pour quoi il est nécessaire de réaliser un dossier et des tests. « L'enjeu est d'adapter la turbine sur un avion qui n'est pas prévu, il y a toute une phase d'études pour modifier l'hélice, le bâti-moteur ou encore le capot », développe Corinne Fitzgerald. En clair, il s'agit de reconfigurer la structure d'avions conçus dans les années 60 et forcément pas adaptés pour des turbines. Ce qui demande du temps et de l'argent. La PME qui cherche des financements défend « un projet de transition qui améliore l'existant ». Et sans doute plus réaliste que les projets d'électrification des avions qui ne sont pour l'instant qu'au stade d'études lointaines.

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