La French Tech Côte d’Azur, les ETI et le défi de la croissance

Elle porte la bonne parole au-delà de sa casquette de co-présidente de la French Tech Côte d’Azur, convaincue que la tech est un sujet transverse et autant celui des startups que des ETI. Une vision forgée par sa propre expérience, acquise dans la transformation de Travel Planet en l’une des travaltech les plus prometteuses de l’Hexagone. Entre financements, transformation jamais interrompue des modèles, contexte économique tendu, Betty Seroussi, invitée d’Azur Business*, dresse les enjeux de la transformation numérique, mais pas que.
(Crédits : DR)

Le numérique est un game changer... à condition de savoir s'en servir. Si certaines filières y ont sauté à pieds joints, d'autres ont parfois hésité à prendre le train de la digitalisation. Mais désormais - et après une période de crise sanitaire qui a fortement secoué bien des business-modèles - force est de constater que le numérique est une brique fondamentale - même si elle n'est pas toujours l'alpha et l'omega - qui n'est plus l'apanage de seules jeunes pousses mais bien un outil, un levier pour toutes les entreprises.

Cette vision est celle que défend Betty Seroussi. Le numérique est précisément venu percuter son secteur, celui du voyage. Là où on ne l'attendait pas, il est venu remettre en question des approches bien ancrées. Travel Planet, née en 2014, est issue de cette transformation qui lui a fait abandonner ses oripeaux d'agence de voyage tout ce qu'il y a de plus classique, pour entrer dans le cercle encore restreint des traveltech tricolores.

La crise comme opportunité pour croître

Le 29 février dernier, jour de l'ouverture des ventes pour les Jeux Olympiquesles 350.000 places SNCF réservées en 4 h sur la plateforme azuréenne démontrent à la fois l'évolution du secteur et l'appétence de celui-ci, qui, globalement et tous segments confondus, a retrouvé les niveaux de 2019.

« Le secteur du voyage BtoB se porte très bien », se satisfait Betty Seroussi, 2024 semblant emboîter le pas à 2023.

 « En 2019, Travel Planet gérait 450.000 dossiers par an, en 2023, ce sont 500.000 dossiers qui ont été traités, ce qui démontrer le retour à une certaine stabilité », confirme Betty Seroussi, reconnaissant que la crise sanitaire a été certes, une période de crise, mais également une opportunité puisqu'elle a permis à la jeune entreprise de proposer sa plateforme en marque blanche aux opérateurs de voyage tels la SNCF.

Le train, qui a retrouvé une appétence particulière du point de vue des entreprises pour sa capacité à se présenter comme une solution moins polluante, faisait déjà l'objet d'un regain d'intérêt, assure Betty Seroussi. « Historiquement le train représentait déjà 40% de nos dossiers historiquement des entreprises françaises et des institutionnels préférant ce mode de déplacement. Néanmoins, avec notre plateforme propriétaire, nous avons très vite mis des connexions directes avec la SNCF. En 2019, nous avons intégré OuiGo. Grâce à cela, la SNCF s'est intéressée à notre technologie, pour, à l'inverse, devenir notre client ».

Garder le cap de la croissance

Evidemment, la R&D joue un rôle majeur dans le développement de Travel Planet qui consacre 25% de ses effectifs à la recherche et développement et devrait encore y consacrer une part supplémentaire de 10% à 15%. Et ce, d'autant que des opérateurs tels Trenitalia regardent avec un intérêt manifeste, la jeune pousse française. « Il faut investir. Les talents sont rares », insiste la dirigeante de la startup qui ne délocalise pas sa R&D et insiste pour rappeler que l'ensemble des forces vives est basée à Sophia-Antipolis. « Nous sommes comme tout le monde, nous cherchons les talents. Nous sommes mécènes fondateurs de l'Ecole 42 et cela nous permet de repérer les talents et de combler nos besoins en recrutement », indique encore la dirigeante de Travel Planet.

Considérée comme étant en hypercroissance, Travel Planet fait effectivement face aux difficultés, notamment de recrutement. « Il ne faut pas de laisser déstabiliser par le moindre problème. Lequel est rapidement remplacé par un autre problème.  Notre chiffre d'affaires - 120 millions d'euros pour 2023 - devrait être renforcé par le gain des contrats avec la SNCF et quelques contrats européens. Nous espérons faire ainsi grimper notre chiffre d'affaires à 150 millions d'euros pour 2024 ».

Les ETI, un cocorico à ne pas ignorer

Les besoins en expertises numériques, c'est aussi un sujet pour la French Tech. Le mouvement, né pour mettre en valeur ces startups et ce modèle disruptif alors encore méconnu, est-il parvenu à une certaine maturité ? « Je l'espère », souligne Betty Seroussi. « La French Tech aujourd'hui, c'est beaucoup de très petites entreprises. A côté de cela, nous avons les grandes entreprises internationales. Et au milieu, nous avons les grosses PME et les ETI qui n'ont pas réellement leur place ».

Or ce sont précisément ces entreprises de taille intermédiaire que Betty Seroussi et Elodie Bondi, les deux co-présidentes de la French Tech veulent aussi accueillir dans le giron du Coq bleu blanc rouge.

« Nous voulons aller les chercher, les séduire et leur montrer que la French Tech ce n'est pas que des jeunes pousses qui vont être biberonnées aux levées de fonds ».

D'autant qu'un défi, parmi d'autres, attend la French Tech Côte d'Azur, celui de voir une pépite azuréenne intégrer le FT 120, le groupe des startups prometteuses ainsi identifiées. Un « désespoir » auquel Betty Seroussi espère mettre un terme, Travel Planet et trois autres entreprises innovantes - dont Milla - ayant prévu de postuler. « Nous y croyons, cela ne fera que mettre en lumière notre territoire ». Reste aussi, parmi les défis, celui de la féminisation de la tech, souvent évoqué. Et dont la réponse se situe, notamment, dans une évangélisation très tôt, effectuée dès le collège, pour dire que d'autres métiers existent. « Ce n'est pas forcément trop tard, mais les femmes elles-mêmes se mettent souvent des freins. Chez Travel Planet nous contribuons à la féminisation, puisque 50% de nos développeurs sont des femmes ».

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Azur Business Travel Planet

*Depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique économique, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son analyse sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Céline Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

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