« Le Sud est pour le Brésil une bonne porte d'entrée sur la Méditerranée » (Patrick Sabatier, CCI France-Brésil)

Il reconnaît lui-même avoir « un historique avec le Sud », - né à Monaco, avec une grand-mère varoise et une maman niçoise - mais c'est au Brésil et en Amérique latine qu'il a passé une grande partie de sa carrière professionnelle, dès 1987. Spécialiste du monde de la beauté avec 35 ans passés chez L'Oréal, le président de la chambre de commerce France-Brésil, conseiller de la ville de Rio sur sa stratégie, explique pourquoi le Brésil est une terre d'opportunités pour les entreprises françaises, à condition d'y venir avec un projet solide. Et estime que l'Hexagone et le Sud particulièrement constituent un intérêt particulier pour qui souhaite s'exporter en zone méditerranée.
(Crédits : DR)

Les liens entre la France et le Brésil sont culturellement historiques, est-ce que cela se traduit en termes de liens économiques ?

La présence française au Brésil  est forte , la chambre de commerce France-Brésil est centenaire, énormément d'entreprises sont installées ici depuis très longtemps. L'Oréal est implanté depuis 60 ans mais c'est le cas de beaucoup d'entreprises dont le poids est important. Engie dans l'énergie, Carrefour, qui est le premier employeur au Brésil sous ses différentes enseignes... Je rappelle que 39 entreprises du CAC 40 sont présentes au Brésil. Et c'est une présence très forte avec des participations de marché, des croissances importantes pour l'ensemble des secteurs. A Rio, l'énergie est extrêmement importante, tous les acteurs de l'énergie - de l'énergie un peu plus fossile à l'énergie extrêmement verte - avec EDF, TotalEnergies, Veolia, Engie sont présentes... Le Brésil dispose de la matrice énergétique la plus verte au monde. Vous voulez monter des usines au Brésil ? Venez le faire car vous allez pouvoir produire sans émission de carbone. Il y a le sol, le sous-sol, l'éolien, le solaire et il y a même du pétrole off shore. C'est un pays béni des Dieux. L'attractivité brésilienne c'est une longue histoire avec la France. La France est le troisième investisseur en stock d'investissement au Brésil et cette relation ne s'est jamais distendue. La relation s'est un peu compliquée avec nos chefs d'Etat mais la relation économique a continué et nous sentons qu'il y a de nouveau un appel. On avait eu une grande activité brésilienne de par le partenariat entre Lula et Nicolas Sarkozy, car, qu'on le veuille ou non, le régalien, les médias qui parlent bien du Brésil, ce n'était pas toujours le cas ces derniers temps. Nous sommes à nouveau dans une belle dynamique et on ne part pas de rien en potentialités incroyables en termes de villes intelligentes, de technologies et d'innovation, de développement durable.

Le Brésil est le pays de la biodiversité - première biodiversité au monde -  et de la diversité. C'est un laboratoire à ciel ouvert et un marché extrêmement dynamique. C'est le 4ème marché de la beauté par exemple. Le Brésil c'est des matières premières, une agriculture performante, une matrice incroyable, 200 millions d'habitants, donc un bassin de consommateurs fort, tout cela dans une démocratie, dans un pays de droit, qui est complexe - ce n'est pas un pays facile, il faut le connaître - il faut être bien entouré quand on vient au Brésil, mais c'est un pays qui offre énormément d'opportunités. Culturellement, il n'y a pas d'obstacle de langues. J'ai toujours senti le fait que de ne pas être Brésilien et d'être Français comme étant quelque chose qui est valorisé. Venir d'un autre pays, avoir une autre culture, ça compte et je pense que la France et le Brésil ont d'incroyables complémentarités. On n'est pas pareils.

De nombreuses entreprises du CAC 40 sont présentes au Brésil comme vous l'avez souligné. Des startups également, ceci est un phénomène mondial. Mais est-ce intéressant pour une PME de s'exporter au Brésil ?

Pour une PME, il faut bien se préparer. Le dispositif Team France Export fonctionne bien. Quel que soit le secteur, il faut être accompagné de très bons conseillers juridiques et fiscaux. C'est un pays très compliqué fiscalement parlant. Il ne faut pas se tromper, bien préparer son arrivée. Beaucoup de personnes venues de l'étranger connaissent ici de vrais succès.

Existe-t-il des secteurs plus appétents que d'autres pour un entrepreneur français ?

Energie verte, développement durable sont des secteurs en pointe. De nombreuses entreprises agricoles investissent également au Brésil, qui a une agriculture technologique. La ville intelligente est aussi un secteur qui offre des opportunités. Le tourisme est une filière très appétente aussi. Ces dernières années, une réforme du droit du travail, une réforme des retraites ont été engagées. Le Brésil, ça reste compliqué mais c'est friendly. En fait, il n'y a pas de secteurs particuliers. C'est surtout lié aux grandes tendances. Il faut avoir un vrai business plan et venir au Brésil convaincu.

Les entreprises brésiliennes s'intéressent-elles à la France ?

On a fait des progrès pour faire connaître l'offre. Pour changer aussi l'image de la France, qui était un pays considéré par les Brésiliens comme « aussi bureaucratique que le Brésil », ce qui n'est pas un compliment. Je pense que l'offre attractivité France a été bien construite. Le Brésil est une île, donc le Brésil regarde le Brésil, les entreprises brésiliennes regardent leurs  potentiels de marché. Naturellement elles vont explorer leur potentiels locaux mais pour des entreprises qui veulent s'exporter en Europe, la France est une bonne porte d'entrée mais ça peut être aussi une bonne porte d'entrée sur la Méditerranée.

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