Yvon Grosso - Medef Sud : "La souveraineté, c’est d’abord ne plus accepter de se laisser dicter les règles du jeu"

A J-2 de la REF, l'événement organisé par le Medef qui marque chaque année la rentrée économique, le président du syndicat patronal de Provence Alpes Côte d'Azur dit son espoir de voir la baisse des impôts de production annoncée par Bruno Le Maire, être à la hauteur des espérances des chefs d'entreprise, tout en exhortant plus globalement à une remise à plat des modèles qui ne correspondent plus avec les besoins de compétitivité mondiale.
(Crédits : DR)

La Tribune - La REF, qui se tient ces 26 et 27 août à l'Hippodrome de Longchamps a été rebaptisée Renaissance des entreprises : quel est le message à faire passer ?

Yvon Grosso - Un message d'espoir. Le fait même d'avoir maintenu notre manifestation est un signal important, car il faut continuer à vivre avec la Covid. Après des mois ternes pour notre économie, il faut que nous pensions l'après. Plus qu'une reprise, c'est donc d'une renaissance dont nous avons besoin. Une renaissance qui doit prendre en compte les changements induits par la crise ; que ce soit dans notre manière de produire, de travailler, de communiquer ou de nous déplacer. C'est ensemble (pouvoirs publics, entrepreneurs, salariés et experts de la société civile) que nous devons inventer le monde de demain. Je rappelle que la raison d'être du Medef est d'agir pour une croissance responsable. Sans entreprise, il n'y a pas de vie sociétale possible. Il faudra aussi ouvrir le débat sur la dépense publique. L'objectif de la REF est précisément de réfléchir à ces questions.

La baisse des impôts de production, réclamée par le Medef et qui est une promesse de Bruno Le Maire à hauteur de 20 Mds€, est-elle de nature à redonner du baume au cœur des chefs d'entreprises ?

Soyons clairs, les impôts de production constituent un frein immense à notre compétitivité, et plus encore en ces temps de crise. Je rappelle qu'ils ont augmenté de près de 20 % sur la période 2007-2016 et sont deux fois supérieurs à la moyenne de l'Union européenne et sept fois plus élevés qu'en Allemagne. Bruno Le Maire a confirmé une première baisse de 10 milliards dès le 1er janvier 2021 et nous nous en réjouissons, c'est un premier pas important. Ces impôts sont injustes ! Mais il faudra d'autres leviers. L'entrepreneur doit retrouver la confiance pour investir, aujourd'hui plus que jamais.

On évoque souvent les aides actuelles de l'Etat comme étant un plan de soutien, lequel doit être suivi d'un plan de relance. Est-ce aussi ce que vous attendez ?

Le plan de soutien était indispensable pour limiter la casse. Nous attendons désormais avec impatience le plan de relance mais, l'urgence étant à la crise sanitaire, nous comprenons que le gouvernement ait souhaité en décaler l'annonce de quelques jours. La question est, ce plan de relance sera-t-il classique ou structurel ? Ce serait bien qu'il soit structurel... Nous attendons de lui qu'il vienne renforcer notre tissu productif, c'est la priorité numéro 1. Sinon, l'épargne économisée par les français servira à consommer des produits importés ! L'enjeu est clair : sauver l'activité.

L'un des sujets abordés durant la REF concerne le risque : comment l'entreprise désormais doit-elle vivre, anticiper le risque ?

Être entrepreneur, c'est par définition prendre des risques et gérer les incertitudes qui vont avec. Ceci-dit, aucun entrepreneur ne pouvait envisager un tel scenario. Il est clair que la crise modifiera pour longtemps notre manière de gérer l'imprévisibilité. Je crois que cette séquence nous aura fait comprendre l'importance de bien travailler avec les pouvoirs publics pour réagir vite et bien en cas de catastrophe. Attention aussi à ne pas pousser trop loin le principe de précaution.

Comment parvenir à la souveraineté française/européenne ?

La souveraineté, c'est d'abord ne plus accepter de se laisser dicter les règles du jeu par les autres acteurs. C'est être capable de peser sur le cours des choses et faire preuve d'autonomie. La crise nous l'a rappelé avec force, la France ayant du faire appel à des entreprises chinoises pour que soient livrés les premiers masques chirurgicaux et FFP2. Nous pouvons faire le même constat pour de nombreux autres domaines comme l'alimentaire ou l'habillement. Cette dépendance aux puissances étrangères fait courir un grave danger à notre pays et à l'Union européenne. Il est donc temps de renforcer nos capacités de production et d'innovation, d'avoir plus de souplesse dans notre approche normative, de rendre attractif notre modèle en baissant le niveau exorbitant de prélèvements obligatoires.

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Commentaire 1
à écrit le 25/08/2020 à 21:15
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Vu comme le monde tourne on doit assurer notre autonomie alimentaire, notre pays n'est déjà pas fait pour les 70 millions d'habitants, une agriculture responsable ne peut pas fournir plus, on est même au dela; il faudra ne pas céder à toutes ces immi...

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