C'est le sujet du début de la crise sanitaire, lorsque Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, avoue la dépendance de la France à l'Asie en matière d'industrie. Un sujet qui est loin d'être nouveau pour les industriels - les premiers, par ailleurs, à avoir dû faire avec cette dépendance - et qui ne demandent pas mieux que de retrouver des productions, si ce n'est sur la terre hexagonale, tout au moins en Europe.

Un tissu pluriel et technologique

On sait que tout ne pourra pas être relocalisé et que tout ne pourra pas se faire dans un même temps. Provence-Alpes-Côte d'Azur a sa carte à jouer dans un plan de reconquête national ou plus large. Car l'industrie, ici, est plurielle et technologique.

En chiffres, cela représente 424.000 emplois sur l'ensemble du territoire régional. C'est, en outre, une industrie qui est bien placée en médicaments vétérinaires et en compléments alimentaires du côté de Carros, vers Nice ; positionnée sur les éco-industries, historiquement performante en parfumerie, et ceci sur l'ensemble de la chaîne de valeur à Grasse. C'est aussi une industrie maritime de pointe, du côté de Toulon et du Var, aéronautique du côté de Gap et Marignane, agroalimentaire vers le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes. Enfin, elle est reconnue en micro-électronique à Sophia Antipolis, comme à Rousset et Aix-en-Provence, et se révèle forte en énergie, sidérurgie et biotechnologies à Marseille.

Si l'on regarde le secteur de la santé, à Nice comme à Marseille, l'innovation est le fil conducteur.

Si les projecteurs ont été braqués essentiellement sur le professeur Didier Raoult tout au long de la crise sanitaire, dans la Cité phocéenne la plus-value en recherche passe aussi par Marseille Immunopôle, un cluster qui réunit l'université, des centres de recherche, des centres d'innovations technologiques, le pôle de compétitivité Eurobiomed et des startups extrêmement prometteuses, tels Innate Pharma et HalioDx. Un Marseille Immunopôle qui a posé les bases de sa stratégie et où figurent - outre la recherche fondamentale, les technologies, les essais cliniques ou la formation - l'industrie et son réseau spécialisé de sous-traitance. Soit un début de réponse à une souveraineté retrouvée. Surtout que, pour appuyer son ambition, la Région Sud développe des opérations d'intérêt régional (OIR) qui ont pour objectif de structurer ces filières prometteuses, dont l'une d'elles vise par exemple les thérapies innovantes.

Le secteur micro-électronique, qu'il soit implanté du côté de Rousset dans les Bouches-du-Rhône ou à Sophia Antipolis, dans les Alpes-Maritimes, se verrait bien réintégrer des lignes de production.

Une force à concrétiser

Le tissu de sous-traitance de premier échelon, en aéronautique ou en spatial - avec la locomotive que constitue Thales Alenia Space, installé à Cannes -, doit être considéré comme une force. En matière aéronautique d'ailleurs, si Provence-Alpes-Côte d'Azur est moins concernée que Toulouse, c'est aussi dans les initiatives de rapprochement entre industriels que peuvent émerger des solutions pérennes à l'image de Team Henri-Fabre, une association marignanaise d'industriels désireux de mettre leurs R & D en commun pour répondre aux besoins. L'industrie propre, innovante, technologique est une force dont dispose le Sud, mais une force encore mal ou pas suffisamment identifiée. Si elle arrive à se montrer agile et réactive, elle aura toutes les chances de connaître un retour à une certaine souveraineté, qui est aussi synonyme de sérénité en termes de business.