Martine Vassal : "Pour permettre la relance, il faut un tissu économique sauvegardé"

La création du fonds territorial et solidaire, complémentaire des dispositifs financiers déjà existants, est l'un des outils qui doit servir la reprise, estime la présidente d'Aix-Marseille Provence, également aux manettes du Département des Bouches-du-Rhône. Et Martine Vassal de militer pour un small business act véritablement concret alors qu'une plateforme d'innovation disponible en juin prochain, aura pour mission de valoriser celle qui est présente sur le territoire.
(Crédits : DR)

La Tribune - La Métropole que vous présidez a lancé un dispositif d'aide financière, appelé Fonds territorial et solidaire, doté de 40 M€ et pouvant atteindre 50 M€. Pourquoi créer un nouvel outil ?

Martine Vassal - Parce qu'il est essentiel de soutenir le tissu économique local et de sauvegarder l'emploi. La situation que nous vivons est exceptionnelle, anxiogène, préoccupante. La crise sanitaire devient une crise sociale et économique. Il ne faut pas qu'elle se transforme en crise durable. Le territoire regroupe 150 000 entreprises qui représentent 50 % du PIB de Provence Alpes Côte d'Azur. Il existe, dans les dispositifs proposés, certains trous dans la raquette, puisque, par exemple, ne sont pas concernés les professions libérales, les auto-entrepreneurs. Il s'adresse à toutes les entreprises de moins de 20 salariés dont le siège social est installé dans l'une des 121 communes du département et de la Métropole (sont inclues Pertuis dans le département du Vaucluse et Saint-Zacharie dans le département du Var NDLR) et qui ont subi une perte de 30 % de leur chiffre d'affaires. Pour celles qui ont seulement 6 mois d'activité, l'analyse se fera cas par cas. Il faut accompagner les entreprises les plus vulnérables à conserver leurs emplois. Nous sommes là pour soulager les entreprises. Le fonds territorial et solidaire se cumule au soutien de l'Etat et à celui lancé par la Région Sud. Il est doté de 40 M€, mais grâce à la participation d'autres collectivités, à l'instar de la Ville de Marseille qui apporte 2 M€, nous espérons atteindre 50 M€. Une dizaine de dossiers a été enclenchée en moins de 24 heures. Il faut à la fois un plan d'urgence et un plan de relance pour affronter cette crise. Et pour permettre une relance, il faut un tissu économique sauvegardé.

Le Comité de gouvernance économique métropolitain a également décidé de soutenir la relance par l'investissement. Comment le concrétiser ?

La reprise économique se fera par les collectivités. Le comité de gouvernance économique encourage le Grand Port Maritime mais également l'aéroport Marseille Provence ou Euroméditerranée à poursuivre les investissements prévus et nous les accompagnerons. Il est essentiel que nous développions l'activité locale. Depuis mi-avril nous avons redémarré les travaux du centre-ville de Marseille, effectué ceux nécessaires dans les différents établissements scolaires...

Souvent évoqué dans les discours, le small business act ne doit-il pas devenir une réalité ?

Le small business act doit entrer dans la pratique. Sur des éléments de base, nous ne devons pas être dépendants d'ailleurs. Il faut acheter local et avoir une certaine indépendance. Il n'est pas normal que la cinquième puissance mondiale soit dépendante pour la production de masques ! L'économie locale doit prendre le relais. Je veux que l'esprit de solidarité persiste.

Une plateforme d'innovation va également voir le jour. Avec quel objectif ?

L'objectif de cette plateforme, qui sera opérationnelle au mois de juin, est de rapprocher les entreprises faisant preuve d'innovation et les principaux partenaires, comme grands groupes ou hôpitaux. L'idée est d'en faire une vraie marketplace locale, sorte d'accélérateur, là aussi, de circuits courts. Elle doit permettre aux acteurs de l'innovation de bénéficier de l'économie locale.

L'an dernier la Métrople avait valorisé la filière agricole et les circuits cours notamment, via Marseille Provence Gastronomie, un événement qui avait servi de fil rouge tout au long de l'année. Où en est le soutien aux producteurs locaux ?

Nous continuons à soutenir les producteurs locaux. Une partie de la production locale est écoulée. Il est important d'apprendre aux habitants à consommer local. Nous avons distribué 7 500 paniers dans 16 villes du territoire (dans les quartiers prioritaires de la ville NDLR), via 106 points de distribution, ce qui correspond à 84 000 personnes qui ont bénéficié des produits cultivés sur le territoire. Cela permet de lutter contre la précarité alimentaire et de soutenir la filière provençale. Avec la Chambre d'Agriculture nous travaillons à la mise en place d'une seconde halle en plein air, à la Barasse, sur le parking de la gare. Nous essayons d'être inventifs pour préparer l'avenir du territoire. Dans cette crise, il faut revoir certaines pratiques. Nous avons trop joué avec Dame Nature. De façon globale, nous devons agir avec réactivité, pragmatisme et audace.

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