Jean-Luc Monteil, le Medef et l'importance des territoires

Au terme de deux mandats, celui qui quittera ses fonctions à la présidence du Medef Sud, d'ici quelques semaines revient sur les six années au cours desquelles il aura multiplié les paris dont ceux de rassembler et de peser dans le débat public tout en s’adaptant aux nouveaux enjeux sociaux et environnementaux.

A son arrivée en 2013, Jean-Luc Monteil s'emploie à gérer le Medef Sud comme il l'aurait fait dans une entreprise. Diagnostic. Etat des forces et faiblesses. Etablissement d'une stratégie à laquelle il faudra se tenir. De quoi dessiner un modèle régional auquel, se réjouit-il, le Medef national fait référence dans sa stratégie territoriale, l'identifiant comme un exemple à suivre.

D'abord parce que l'organisation régionale a su fédérer et ne pas rester en silo. "C'est important car une entreprise est un chainon d'une chaine plus globale", insiste-t-il. D'où la signature de partenariats avec la Chambre de commerce et d'industrie régionale, l'URSSAF, Aix-Marseille Université, l'Ordre des Experts Comptables mais aussi la Région Sud avec qui les relations se sont bien réchauffées par rapport aux années Vauzelle où elles étaient "très dures".

Une logique de rassemblement qui a également conduit à la création en 2015 de l'Union des entreprises du tourisme Provence-Alpes Côte d'Azur, fédérant tous les acteurs de ce qui constitue le second moteur économique de la région. "Et pas seulement l'hôtellerie et la restauration mais aussi le nautisme, les ports, les stations de ski..."

Autre réalisation : le lancement d'un Collectif des acteurs économiques à l'échelle régionale, regroupant des acteurs avec qui le Medef n'avait pas forcément l'habitude de travailler, ce qui va de la CPME à la Chambre régionale d'agriculture en passant par la Chambre de l'Economie sociale et solidaire (CRESS) ou l'Union régionale des SCOP.

S'adapter aux évolutions sociétales et environnementales

Tisser des liens pour être plus fort, bien sûr, mais aussi pour être au cœur des changements sociétaux à l'œuvre. "Beaucoup d'entrepreneurs ont compris que l'entreprise n'est pas juste une structure qui génère du profit. L'entreprise de demain aura à prendre en compte le respect de l'environnement et l'intégration des nouvelles générations". Une nécessité d'autant plus forte que "les collaborateurs choisissent leur entreprise selon le sens qu'ils lui donnent".

Le Medef Sud de Jean-Luc Monteil s'est donc lancé dans plusieurs projets en ce sens, parmi lesquels l'opération Sésame Jeunes, en partenariat avec l'Apec. Une opération qui vise à favoriser l'insertion de jeunes diplômés issus de quartiers défavorisés. "Nous sommes là pour leur apporter le carnet d'adresse qu'ils n'ont pas".

Le président sortant est également convaincu du rôle qu'auront à jouer les entreprises dans les mutations liées à l'environnement. "Les citoyens choisissent d'avoir une vie moins remplie professionnellement mais plus remplie de sens. Ils veulent éduquer leurs enfants dans un environnement préservé, consommer bio. Les comportements changent". Face à cela, il lui semble vain de défendre des intérêts comme cela pouvait se faire jusqu'à maintenant. "Les organisations qui défendent des intérêts sont écrasées par celles qui défendent du sens. On voit la puissance croissante du lobby porté par les ONG". Un constat qu'il applique à la politique, faisant référence au score du candidat écologiste Yannick Jadot aux dernières élections européennes. "Je pense que ce n'est pas un coup sur les Européennes. Durablement, il devrait y avoir une émergence politique autour de ces sujets. Il faut que l'on s'y adapte".

Faire entendre la voix des entreprises depuis les territoires

Plus en phase avec les acteurs du territoire, plus dans l'ère du temps, le Medef Sud a cherché à faire croitre son pouvoir d'influence avec la création de son think tank baptisé Nouveau Cap, "seul think tank régional. Les autres sont tous à Paris". Avec une façon de faire nouvelle : "Le Medef a pour mission de faire de la pédagogie auprès des gens qui prennent les décisions. Pour cela, on produit des dossiers, on présente des propositions. Avant, c'était l'actualité qui nous faisait bosser sur un sujet. Désormais, nous identifions nous-mêmes les sujets cruciaux et menons des recherches à froid. On s'accapare la matière et on sort de nos propres dogmes". Une méthode qui a donné naissance à deux rapports, l'un sur la démocratie, l'autre sur la fiscalité des entreprises. Un troisième s'attellera à dresser un diagnostic de la solidarité dans le pays, de ses acteurs et des dispositifs existant. Des documents présentés dans d'autres régions afin que "les territoires s'accaparent ces travaux", mais aussi devant le Sénat ou encore Matignon.

Faire remonter la voix des territoires, un engagement que Jean-Luc Monteil compte bien poursuivre au-delà de son mandat. Car s'il quitte la présidence régionale, il ne délaisse pas pour autant son engagement au sein du bureau national d'un Medef moins centré sur Paris. "La représentativité des organisations dans l'exécutif du Medef a été fortement rééquilibrée. Si au niveau national, on n'a pas une organisation forte et représentative capable de faire du lobbying, le pays sera exsangue d'entrepreneurs. Il faut donc augmenter notre niveau de jeu et cela passera par les territoires".

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