Les maxi vertus du microcrédit

Oui, il a son utilité parmi les dispositifs existants.. C'est ce que défendent plusieurs acteurs du financement.

Crédit comme les autres... ou non ? Pas tout à fait, s'accordent à dire les acteurs du financement. Pour autant, le caractère atypique du microcrédit ne l'a jamais empêché de mettre le pied à l'étrier de jeunes entrepreneurs, ainsi que des particuliers voulant renouer avec le marché du travail. Proposé généralement "lorsque le candidat n'a pas forcément accès aux autres formes de crédit bancaire", définit Sébastien Chaze, directeur régional de l'Adie, il consiste en prêts de montant "de l'ordre de 6 000 euros en moyenne pour un projet professionnel, 2 000 s'il s'agit d'un particulier", avance Jean-Jacques Cambounet, directeur régional de la Banque de France. Et l'établissement public entend faire gagner ce dispositif en popularité, même s'il représente déjà, à l'échelle nationale, "276 000 dossiers, dont 192 000 à destination des professionnels et 84 000 des particuliers. En termes d'encours, il pèse 1 400 millions d'euros, dont 1 200 sur le professionnel et 200 sur le personnel", évalue encore le directeur régional.

1,3 emploi créé

Plus concrètement, comme pour tout outil financier qui se respecte, il y a, dans le cas du microcrédit, "une sollicitation, un apport, une étude, le déblocage de l'argent", dépeint Laurent Bonnet, directeur général de la BGE Accès Conseil. Les différences s'incarnent quant à elles dans l'accompagnement prodigué à l'emprunteur. "Au sein du réseau Initiative, nous suivons la personne dans sa démarche de A à Z : la définition de l'idée, le business plan, on se livre à une expertise du projet, puis on le labellise... Nous ne faisons que du prêt d'honneur à taux zéro. Nous faisons confiance au porteur de projet mais on s'assure que ce dernier soit le plus viable possible, que l'entreprise va perdurer", décrit Céline Fourcade, directrice de la plateforme Initiative d'Aubagne. Un suivi qui peut convaincre par ailleurs le monde bancaire d'accorder à ces candidats au prêt de l'intérêt, puisque "le microcrédit génère un effet levier important", précise Sébastien Chaze. Ce n'est pas son seul effet vertueux : "les porteurs de projet se lancent pour créer leur propre emploi, mais ensuite, ça se développe, il n'est pas rare qu'ils participent à la dynamique de croissance. En moyenne, on compte 1,3 emploi créé. Et lorsqu'il y a embauche, c'est souvent dès la première année", poursuit le directeur régional de l'Adie.

Un tremplin

C'est exactement le cas de Protecto, une entreprise accompagnée par la BGE. "Ce porteur de projet arlésien, licencié d'un service des eaux, a conçu une housse de protection contre le gel destinée aux compteurs d'eau", raconte Laurent Bonnet. Captant toute la valeur ajoutée de cette innovation, la BGE, qui le sélectionne d'ores et déjà pour son concours Talents, le pousse par ailleurs à candidater au concours Lépine... Et il y est sélectionné. "Mais il me fallait des fonds pour m'y rendre, fabriquer un nombre conséquent de housses, réaliser des plaquettes commerciales, m'équiper pour le stand. C'est le microcrédit que l'on m'a accordé qui m'a permis de réaliser tout cela. J'ai pu faire fabriquer 400 unités de mon invention et je suis monté à Paris. Les 400 housses ont été achetées, j'ai été couronné du 1er prix Unibal", raconte Mourad Amara. Aujourd'hui, les clients émergent de France et de l'étranger, ce dernier va signer avec des grands du traitement de l'eau et de la GMS spécialisée... Il a entamé le tour de table pour aménager son futur site de production, avec la prévision de créer au moins 30 emplois. "Le monde bancaire classique serait passé à côté de cette personne", observe Laurent Bonnet. Même chose avec Accéo, bureau d'études spécialisé en bâtiment sis à Gémenos, né en pépinière, bénéficiaire du microcrédit et aujourd'hui "comptant des agences dans l'Europe entière et totalisant un chiffre d'affaires conséquent", ajoute quant à elle Céline Fourcade.

Impliquer davantage le monde bancaire

Enfin, comme dans tout cas d'entreprise suivie et accompagnée, les chances de durer s'avèrent plus importantes. Pour preuve, les acteurs du microcrédit se prévalent tous d'un taux de pérennité supérieur à 80 %. Dans tous les cas, l'action d'entreprendre s'avère bénéfique pour le porteur de projet. "Trois ans plus tard, soit la structure reste toujours en exercice, soit leurs fondateurs ont rebondi ailleurs... ils sont toujours en activité", commente Sébastien Chaze.

A noter que même lorsque l'emprunteur contracte un microcrédit  en tant que particulier, sa finalité a majoritairement vocation de tremplin vers le monde du travail. 70 % des dossiers concernent de l'aide à la mobilité, de l'achat de voiture... De fait, la frontière s'avère ténue entre le professionnel et le privé. Et si certaines banques se dotent d'un service microcrédit, ce n'est pas pour rien, explique Philippe Assedo, responsable en la matière chez BNP Paribas Personal Finance. "Nous poursuivons grâce à cela un objectif d'inclusion bancaire", avance-t-il. Banques qui "doivent se mobiliser davantage, face à la baisse des financements publics", estime Laurent Bonnet. "La moitié des réseaux bancaires est déjà impliquée indirectement dans le microcrédit, via abondement de fonds. Il faut élargir le cercle à l'autre moitié", conclut Michel Palacio, secrétaire général de la Fédération bancaire française PACA.

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