Comment le GPMM amorce sa mutation

Si le trafic se stabilise, le Grand Port Maritime axe aussi sa stratégie sur la diversification de ses activités.

Le maître-mot pour caractériser l'activité 2016 du Grand port maritime de Marseille, c'est la diversification. Il faut dire que l'enjeu se pose clairement : il s'agit d'aller chercher de nouveaux trafics afin de palier les activités en berne. En premier lieu desquelles la baisse, puis l'arrêt par Total de ses imports de bruts à la raffinerie de la Mède, le groupe entamant sa reconversion vers les biocarburants. Mais aussi la crise profonde secouant le secteur de la sidérurgie et l'année déplorable enregistrée par les céréaliers. Bref, il s'agit de mettre en œuvre "des objectifs ambitieux malgré des vents contraires", analyse Jean-Marc Forneri, président du conseil de surveillance, évoquant par ailleurs la faiblesse du commerce mondial et le climat d'instabilité caractérisant le Maghreb et le Machrek.

Reconquête

Cette stratégie, soutenue par une enveloppe de 55 M€ (+ 22 % par rapport à 2015), s'illustre d'abord par la poursuite d'une dynamique de reconquête commerciale, le GPMM ayant conclu ou renoué avec des clients tels que les groupes Canavese (fruits) ou Derichebourg (ferraille)... travaillé avec Iter (colis lourds), profité de l'embellie de certains marchés, tel celui de l'automobile ou de l'émergence de certains autres, à l'instar de celui des pellets de bois. Il bénéficie enfin de la hausse des matériaux pour le BTP (ciments, sables industriels). Bois et sables permettant de soutenir l'activité des vracs solides, pénalisée justement par les difficultés connues par la sidérurgie. "Nous avons identifié des trafics comme relais de croissance, et ils l'ont effectivement été", analyse Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire, égrainant les résultats positifs : + 3 % sur les conteneurs, + 7 % sur les remorques, + 5 % sur les véhicules neufs... Tandis que l'activité passagers croît de 6 %, portée notamment par la destination Algérie, enregistrant 60 000 voyageurs supplémentaires. "Des signes évidents de reconquête de parts de marché".

Cap sur l'innovation

Mais c'est le GNL traité sur les bassins de Fos qui connaît la croissance la plus forte en volume, soit près de 33 % d'augmentation par rapport à 2015. Un chiffre qui symbolise à lui seul la mutation que connaît le GPMM, engagé activement dans la mise en œuvre de la transition énergétique. Car c'est principalement dans ce domaine que se concentre l'effort d'innovation du port. Il y a Piicto le démonstrateur pré-industriel Jupiter 1000, destiné à transformer de l'électricité en gaz, pour lequel "les travaux sont lancés", avance Christine Cabau Woehrel. Mais aussi le démarrage du projet Vasco2, destiné à récupérer le CO2 des fumées industrielles pour la culture des micro-algues en vue de produire du biocarburant, le lancement de la 1ère station GNV pour poids lourds à Fos, l'installation de 80 000 m2 de panneaux photovoltaïques sur des toitures de hangar... Et 2017 s'amorce sous les mêmes auspices. "Nous avons démarré une étude avec le Pôle Mer pour la faisabilité des principes de fonctionnement de scrubbers mobiles qui aspireraient et traiteraient les fumées. Si la technologie est suffisamment efficace, nous lancerons la fabrication de ces aspirateurs qui interviendraient de manière ponctuelle sur les navires", annonce la présidente du directoire.

Un regain de confiance

Enfin, puisque la bataille de l'attractivité ne se fait pas seulement sur mer, mais aussi sur terre. Au total, quelque 291 000 m2 d'entrepôts, de locaux ou de terre-pleins ont été développés en 2016. Avec effet : de façon non exhaustive, GCA Logistics a ouvert un entrepôt classé Seveso sur Distriport, NTN et Steinweg, deux nouveaux clients, ont été accueillis dans le bâtiment de Mediaco, Idec Life fera sortir de terre en 2017 son premier bâtiment à La Feuillane... Sans oublier, Interxion qui va baser son futur datacenter dans des locaux marseillais du GPMM.

Ainsi les fruits de ces efforts d'innovation, d'aménagement et de diversification se concrétisent-ils par un regain de confiance du monde économique international. Outre les entreprises citées plus haut, "les armateurs ont augmenté de 13 % la capacité de cale offerte au cours de l'année écoulée", le trafic conteneurs a vu "huit services faire croître leurs capacités et 4 nouveaux arriver, à l'instar du California Express de MSC ou d'Evergreen, ce dernier revenu dans le giron du GPMM", reprend Christine Cabau Woehrel.

Ainsi le port de Marseille-Fos envisage-t-il des prévisions à la hausse pour 2017, avec une croissance de 2,2 % du trafic total, estimé à 82,7 millions de tonnes pour les marchandises.

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