Une avancée magistrale pour Fos 2XL

L?arrivée spectaculaire des deux portiques géants destinés à l?opérateur privé Seayard consacre enfin la mise en exploitation d?un projet qui aura accumulé 7 années d'atermoiements.


Un roll out magistral pour ne pas dire majestueux. Jeudi dernier, vers 15 heures, après plusieurs rendez-vous ajournés en raison des conditions climatiques (l'arrivée était initialement prévue dimanche), les deux portiques géants en provenance de Montfalcon (près de Trieste, en Italie) destinés au terminal à conteneurs Fos 2XL, sont apparus au large dans le Golfe de Fos.


Parti le 7 septembre, le convoi sur une barge guidée par un remorqueur de haute mer et circulant à la vitesse de 4 nœuds (7 km/heure) a été contraint de s'abriter au large de la Corse, effectuant des rotations pendant trois jours, en attendant des conditions de navigation plus clémentes.

Commandés par la société de manutention portuaire Seayard, opérateur de la partie sud des 1 200 mètres linéaires de quai, ils sont symboliques à plus d'un titre et incarnent enfin la mise en opération de Fos 2XL, un projet lancé en 2000 pour apporter 1,5 million EVP supplémentaires à Marseille-Fos.

Les candidatures retenues initialement pour opérer les deux terminaux (Portsynergy, filiale de CMA-CGM/DP World et MSC respectivement pour le Terminal A et B) le furent d'ailleurs à partir d'un engagement d'apport nouveau de trafic (plus de 800 000 EVP pour leur part). Des obligations contractuelles de trafic qui n'avaient évidemment pas intégré la possibilité d'une crise économique mondiale ni les conditions dans lesquelles ils allaient devoir opérer : la réorganisation portuaire française prévoyant le transfert des portiqueurs et grutiers au privé. Sans parler des rififis entre opérateurs privés pour l'exploitation.

Pour rappel, lorsque MSC avait remporté, en 2004, l'appel à projet du lot n° 2 de Fos 2XL, le secteur portuaire s'était interrogé sur l'identité du manutentionnaire auquel l'armateur allait faire appel, pensant à Portsynergy (CMA-CGM et DP World), à qui avait été attribué le premier lot. Finalement, l'affaire s'est soldée par la création de Fos Holding, un joint-venture entre Seayard et plusieurs armateurs.

Après avoir maintes fois déplacé le curseur dans le temps, l'arrivée des deux portiques "super post panamax" (conçus pour charger et décharger des navires de très grande capacité, qui ne font plus office d'OVNI sur le port tellement ils se banalisent) signe donc une fin de partie.

La dimension des portiques - près de 90 m de haut et 145 m de large pour 1 380 tonnes - permettait de lire sans problème le nom (sans originalité non plus) du futur terminal "Seayard Terminal". D'un coût unitaire de 7 M€, ils rejoindront, après deux jours de préparation et plusieurs mois de tests, une plate-forme provisoire sise sur l'emplacement du nouveau terminal. La mise en service est prévue pour janvier 2012. Seayard aura alors un quai de 860 m à lui seul, contre 1100 partagés aujourd'hui avec son concurrent Portsynergy.

"Il y aura alors 5 portiques en service avec les trois qui nous ont été transférés par le port, précise Yann Tessier, directeur technique de Seayard. En dehors du transport exceptionnel, cette nouvelle génération d'équipements nous permettra surtout grâce à ses spreader de 46 m au- dessus de l'eau (contre 35 m avant) de pouvoir décharger les porte-conteneurs de dernière génération, et travailler en largeur sur des bateaux transportant des conteneurs alignés sur 22 rangées, contre 16 auparavant. Aussi, ils pourront saisir simultanément deux conteneurs de taille standard (20 pieds) ou un de 40 pieds, soit une masse totale de 65 tonnes contre 50 tonnes avec les portiques précédents".

La société, qui aura manutentionné 250 000 conteneurs en 2011, ambitionne d'atteindre le million de conteneurs dans 10 ans. "Nous investirons à nouveau en fonction de l'évolution du trafic", conclue le directeur technique. Les deux portiques, construits par le chantier italien Reggiane seront probablement les derniers à l'être en Europe. Les prochains le seront sans doute en Chine, comme le furent ceux commandés par l'opérateur du terminal voisin, livrés l'an dernier.


* JV entre Seayard et Terminal Investment Limited dans lequel est actionnaire MSC et d'autres clients : Cosco, Maersk, ZIM...


A.D

Photo : La dimension des portiques - près de 90 m de haut et 145 m de large pour 1 380 tonnes - permettait de lire sans problème le nom du futur terminal "Seayard Terminal".
© Claude Almodovar

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.