SMAC capitalise sur son expertise dans les élastomères

La filiale du groupe varois Montblanc Technologies, spécialiste des élastomères baséé à La Garde, a été retenue par l'Agence spatiale européenne et Astrium Toulouse dans le cadre d'un projet qui vise à réduire le délai de livraison de 12 semaines actuellement à moins de deux semaines.

"Lorsqu'un équipement spatial ne passe pas les tests, il n'existe aujourd'hui aucun produit standard capable de remplacer une pièce déficiente tant les interfaces mécaniques et les caractéristiques techniques existantes peuvent varier, explique Tony Demerville, ingénieur d'études chargé des activités spatiales chez SMAC. L'objectif est de développer une ligne de produits qui peut couvrir un maximum d'équipements, d'interfaces et d'environnements pour dépanner les équipementiers rapidement."

Sur ce projet, financé par l'Agence spatiale européenne (enveloppe de 300 K€), SMAC, qui travaille avec Astrium Toulouse, est chargée de mettre au point la spécification technique des produits, qui devront être finalisés d'ici un an. "Cela nous permet de développer un nouveau banc de test de chocs et d'embaucher une personne, précise Tony Demerville, et nous serons ensuite les seuls à pouvoir offrir une telle réactivité pour la fourniture de pièces aux équipementiers." SMAC voit dans ce projet un relais de croissance mais le potentiel de marché reste difficile à estimer.


Projets avec l'ESA

La filiale du groupe varois Montblanc Technologies, créée il y a 65 ans, capitalise depuis des années sur son expertise dans les élastomères. Un secteur sur lequel elle ne connaît que trois concurrents dans le monde, dont un de sa taille, en France et aux États-Unis. Jusqu'à présent, ses caoutchoucs permettant d'absorber chocs, vibrations et nuisances sonores, sont principalement utilisés dans l'aéronautique (65 % du CA) pour le compte de la plupart des donneurs d'ordre du secteur (Boeing, Airbus, Dassault, Eurocopter). Elle travaille à 20 % dans la défense dans le domaine sous-marin et dans le spatial pour lequel elle équipe la plupart des satellites européens.

Dans ce domaine, elle travaille actuellement au développement d'un caoutchouc destiné à protéger un sismomètre à installer fin 2016 sur Mars dans le cadre du projet Insight, douzième mission du programme Discovery de la Nasa, développée en partie par le CNES (Centre national d'études spatiales). Le sismographe est capable de mesurer les mouvements de la croûte de la planète pour en déduire la composition du noyau. "L'enjeu ici est de garantir que notre matériau gardera sa souplesse même à -110°C et de protéger l'instrument à l'amerrissage alors que nous ne le faisons habituellement que pour le lancement", explique Tony Demerville. Les modèles définitifs devront être livrés fin 2014.

Introduction du tantale

La PME est également impliquée dans le projet Exomars de l'Agence spatiale européenne pour lequel elle doit mettre au point un caoutchouc capable de résister à des chocs cinq fois plus intenses que ceux subis habituellement. Les modèles de vol devraient être livrés sous peu. Enfin, avec le projet SVOM, une mission financée par la Chine et le CNES, la PME a livré en septembre dernier des prototypes d'un élastomère associé à du tantale (un métal) - "une association encore jamais réalisée", précise Tony Demerville - destinés à filtrer le rayonnement particulaire en provenance du soleil.

Investissement de 1 M€

En 2013, SMAC prévoit de réaliser un C.A de 7 M€ (5,7 M€ de CA en 2012 et plus de 40 salariés) et table sur un C.A de 8 M€ en 2014. "Nous développons actuellement le secteur du pétrole et du gaz avec la mise au point d'un matériau résistant à l'eau de mer et qualifié par Total pour les forages profonds", précise Philippe Robert, son directeur général, qui place son "challenge" dans la compression des coûts. "Nous équipons 50 % du programme du B787 et notre client vient de nous demander de baisser nos prix de vente, sachant que notre marge de manœuvre sur ces produits figés est très limitée." La PME réalise la moitié de son C.A à l'export (Italie, Brésil, États-Unis et Chine) et son produit phare, le SMACSONIC, qui équipe notamment le B787 et l'A350 XWB, représente encore 25 % de son activité. Elle réinvestit chaque année 8 % de CA en R&D et ne dépose pas de brevets, préférant rester discrète sur ses solutions. L'année prochaine, elle récupérera environ 600 m², actuellement occupés par sa société sœur EPCOTS (câblage électrique), qui déménagera dans un nouveau bâtiment construit par le groupe Montblanc Technologies. Un investissement à 1 M€ auquel la groupe ajoutera l'achat de machines et d'équipements pour 500 K€.


Charlotte HENRY

Photo : Tony Demerville, ingénieur d'études chargé des activités spatiales chez SMAC


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