Pour Iter, Daher a investi 10 M ?

Entre le 16 et le 20 septembre, l?itinéraire, qui sera emprunté à partir de juin 2014 par les convois acheminant composants et pièces destinés à la construction du futur réacteur thermonucléaire ITER, a été testé. 104 km spécialement aménagés entre Berre et Cadarache (Bouches-du-Rhône). En pilote, Daher, qui a investi 10 M? pour mettre en place les solutions logistiques nécessaires.


104 km. C'est la longueur du réseau de routes et de pistes qui a été spécialement aménagé entre Berre l'Étang et Cadarache afin de transporter les éléments du futur réacteur d'ITER, construits par les 7 pays partenaires et en provenance de 34 pays. Sachant que les plus grands composants arriveront à partir de juin 2014 par voie maritime au port de Fos-sur-Mer, puis traverseront l'étang de Berre par barge pour atteindre le port de La Pointe. De là, ils seront acheminés par convois exceptionnels en empruntant un itinéraire hyper balisé jusqu'à Cadarache. Les travaux d'aménagement de l'itinéraire, qui traversent 16 communes des Bouches-du-Rhône, ont coûté 112 M€*. Cette fameuse route de la fusion a été dimensionnée pour que la remorque autopropulsée, spécialement conçue par le groupe Daher, puisse assurer le transport d'un convoi dont les dimensions totales pourront atteindre 33 mètres de long, 11 mètres de haut, 9 mètres de large et peser 800 tonnes pour des pièces dont les plus imposantes afficheront 500 tonnes sur la balance. Plusieurs milliers de composants sont attendus sur le site dans les années à venir : certains tiendront dans un simple colis, d'autres pourront utiliser les routes classiques et, enfin, 230 emprunteront l'itinéraire. Le premier convoi XXL est d'ores et déjà programmé pour le mois de juin 2014, en provenance des États-Unis.

Une campagne de tests et de mesures de l'itinéraire a donc eu lieu du 16 au 20 septembre dans la nuit. De 22 heures à 5 heures du matin, les ouvrages d'art (essentiellement des ponts) ont été instrumentés et testés par le CETE Méditerranée (Centre d'études techniques de l'équipement). La remorque autopropulsée a été chargée avec 360 blocs de béton pour passer trois fois sur chacun des ouvrages. 260 km de déviations ont été mis en place et 41 communes ont été concernées dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et le Var. Les tests ont également permis d'éprouver l'organisation mise en place autour du convoi : une véritable "bulle de sécurité", identique à celle du Tour de France cycliste, gérée par 140 militaires de la gendarmerie. "Globalement, tout s'est bien déroulé durant cette première opération de mesures", analysait en fin de semaine Roland Zamora, responsable de la cellule ITER pour la gendarmerie.

Un test grandeur nature pour Daher

Reste désormais à attendre deux documents : le rapport du CETE, attendu d'ici à novembre 2013. Et le bon de commande émis par Fusion for Energy (F4E), l'agence domestique européenne, pour que Daher procède à l'étape suivante: une répétition générale qui devra cette fois valider les temps de déplacement. La gigantesque remorque bleue aux 352 pneus ne devra cette fois pas mettre plus de 3 nuits pour relier Berre à Cadarache.

C'est en effet le groupe industriel Daher qui a remporté (parmi 96 candidats) le pilotage des flux logistiques et industriels du million de composants du futur réacteur de recherche. Iter Organization avait officialisé la signature en février 2012 du contrat-cadre ("Logistics Service Provider Framework Contract") avec l'équipementier portant sur 5 ans. Pour assurer la prestation, le groupe (division Nucléaire & Energie) a développé des outils spécialement dédiés, dont le plus visible est la fameuse remorque autopropulsée mais aussi la Control Room qui vient d'être inaugurée à Marignane et qui représente un investissement de 10 M€.

Plusieurs rangées de moniteurs y sont alignées, prêts à afficher des informations en provenance de toutes les régions du monde. Avec, au fond de la pièce, un mur d'images permettant de partager et visualiser ces données, afin de prendre les décisions le plus en amont possible. On peut ainsi localiser un conteneur sur un bateau ou un camion, vérifier un processus de fabrication, suivre une formalité douanière ou anticiper une rupture d'approvisionnement. L'objectif étant d'anticiper les éventuels impacts sur la chaîne logistique, et ce notamment grâce au logiciel propriétaire Dagescope. Un système de traitement de données capable de géolocaliser les commandes et gérer les stocks. Enfin, dans le cadre du contrat, Daher a ajouté d'autres développements spécifiques comme le E-roadbook qui permet de croiser une base de données et une position GPS pour que chaque intervenant reçoive la bonne information au bon moment en fonction de sa position géographique. Dans le cadre du développement de son activité de "support" industriel, l'ETI (C .A 2012 de 925 M€ avec un carnet de commandes de 3 années de chiffre d'affaires) compte bien capitaliser sur cette nouvelle expérience en matière de maîtrise de la supply chain des usines et des grands projets pour l'exploiter au profit de grands donneurs d'ordre  de l'ensemble des secteurs sur lesquels il est positionné : aéronautique, défense, nucléaire, énergie ...

Avec Damien FROSSARD


*Ils ont été financés par le CG 13 (72 M€) et l'État (40 M€). Les entreprises de PACA ont été les principales bénéficiaires des marchés passés : 82 M€ (sur un total de 102) pour la partie travaux et 9 M€ (sur 10) pour la partie ingénierie.

Pour rappel, le coût total du programme de construction d'ITER, réparti entre les sept partenaires (Europe, États-Unis, Russie, Inde, Chine, Corée du Sud et Japon, ndlr), était initialement estimé à 12,8 Mds € pour les 10 années de la phase de construction de la machine et à 5,3 milliards pour l'exploitation sur 20 ans. Il atteint à ce jour 14,6 milliards d'euros. La facture pour l'Europe, la seule à participer aujourd'hui directement au financement et à hauteur de son engagement initial de 45 %, est passée de 2,7 à 6,6 milliards d'euros. Les autres membres contribuent à hauteur de 9 %, mais en fournissant des prestations en nature : éléments de la machine fabriqués sur leur propre territoire. La France occupe toutefois une place particulière avec son implication à hauteur de 1,168 milliard,dont 467 millions d'euros assurés par huit collectivités territoriales de la région Paca, notamment pour les aménagements routiers (118 millions) et les équipements urbains.

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