L'itinéraire ITER joue les prolongations entre Fos et Cadarache

L?Agence ITER France teste depuis le lundi 31 mars l?itinéraire spécialement aménagé entre Berre-l?Etang et Cadarache. Des couacs techniques n'ont pas permis au convoi de rejoindre le site.


Une remorque autopropulsée de 33 mètres de longueur. 360 blocs de béton. Et un convoi dont la masse totale atteint les 800 tonnes... Des dimensions très exceptionnelles pour un colis qui l'est tout autant ! Comme en septembre 2013, ce "colis" traverse à nouveau les Bouches-du-Rhône en empruntant l'itinéraire spécialement aménagé entre Fos et Cadarache. Car après avoir vérifié, en septembre 2013, la résistance des ouvrages terrestres empruntés par le convoi, il s'agit cette fois de valider tous les temps de parcours et, donc, de simuler les conditions réelles de transport. Une simulation qui, dès la deuxième nuit a permis de mettre en évidence certains points faibles de la remorque spécialement fabriquée par le transporteur et logisticien marseillais Daher. Avec, au passage, la gestion en temps réel des impacts de ces incidents sur le réseau routier.

Incidents mécaniques à répétition
En effet, lors de la première nuit de la phase terrestre, la remorque a connu un incident mécanique à mi-parcours : une panne du système de direction a nécessité un arrêt sur la piste, juste après le franchissement de l'A7. Si cet incident n'a provoqué qu'une gêne légère au niveau de la circulation (2 km de retenue sur l'A7 dans les 2 sens), il a cependant généré un retard d'une heure sur l'avancée du convoi. Les autorités ont décidé de stopper la remorque sur une aire à l'entrée de Lambesc, et de démarrer plus tôt la deuxième nuit de parcours. Mais, lors de cette deuxième nuit, le convoi a connu un nouvel incident mécanique dès le début de l'itinéraire. Cette fois, c'est l'un des 12 essieux moteur de la remorque autopropulsée qui a subi une fuite hydraulique, nécessitant un arrêt sur l'aire des platanes à la sortie de Lambesc. La réparation a engendré un retard de 3 heures et le convoi n'a pu se rendre qu'à Charleval, au lieu de Meyrargues. Ce qui signifie que la troisième nuit, il n'a pas atteint le site ITER, à Cadarache, et qu'une 4e phase a dû être programmée. Elle aura lieu entre le 7 et 8 avril avec un départ prévu à 22 heures de Meyrargues pour une arrivée prévue vers 6 heures sur le site. L'A 51 sera fermée à la circulation, dans les deux sens, entre les échangeurs de Meyrargues et de Manosque, de 21h30 à 6 heures.

Partie maritime sans difficulté

Pour ce qui est de la partie maritime, l'itinéraire entre Fos et Berre, qui n'avait pas été testée en septembre, s'est déroulée sans aucune difficulté. Les opérations d'embarquement de la remorque, sur une barge longue de 79 m, ont pris plus de trois heures et ont nécessité de très nombreux réglages techniques. En effet, au fur et à mesure de la progression de la remorque sur la barge, les appareils de contrôle ajustent le ballastage pour conserver un parfait équilibre tout au long de l'opération. Précédée d'un puissant remorqueur, la barge a ensuite poursuivi son parcours à une vitesse de 7 nœuds environ, en empruntant le canal de Caronte, qui traverse Martigues. Après avoir franchi le pont levant, elle a traversé l'étang de Berre pour accoster à 17h40 au port de la Pointe à Berre. La barge devait en effet passer sous le pont avant 17 heures pour ne pas gêner la circulation routière.

Impact financier des retards
Restera ensuite à tirer rapidement les leçons de cette répétition. Du point de vue mécanique, Daher devra donc renforcer les éléments défaillants et améliorer sa capacité à les remplacer au plus vite sur site. Si la circulation routière n'a pas été impactée en journée puisque, à chaque fois, la remorque, a pu être stockée sur une aire de stationnement, il restera néanmoins à apprécier l'impact des retards éventuels, compte tenu de la valeur financière et scientifique de chacun des éléments transportés. Une communication sera d'ailleurs effectuée dès le 8 avril, sur le site ITER, en présence d'Osamu Motojima, directeur général d'ITER Organization, de Jean-René Vacher, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité Sud et directeur des opérations ITER, du général David Galtier, commandant de la gendarmerie de la région PACA et de Gilles Bonny, responsable du pôle transport de Daher.

Pour rappel, les éléments qui vont composer le tokamak sont en cours de fabrication partout dans le monde. À partir de cette année, et jusqu'en 2019, ces pièces détachées doivent être transportées sur place, à Cadarache, afin d'être assemblées pour composer le plus grand réacteur de fusion du monde. 230 éléments emprunteront l'itinéraire et une trentaine affichera des dimensions très exceptionnelles.


Damien FROSSARD

 

Photo : La remorque a connu des incidents mécaniques générant plusieurs heures de retard sur l'avancée du convoi.Le convoi n'a jamais atteint le site.

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