Il y avait quelque chose de kafkaïen dans la présentation de l'enquête de conjoncture réalisée pour le troisième trimestre. En résumé, les éclaircies qui se profilaient au cours du deuxième trimestre se font plus franches au troisième trimestre mais devraient disparaître au profit d'un nouvel orage au quatrième trimestre. En cause, « le climat social de cet automne qui risque de pénaliser cet entrain ». « Certes, le climat économique s'améliore peu à peu. L'embellie observée depuis le début 2010 se poursuit au 3ème trimestre pour les entreprises départementales et les résultats trimestriels sont majoritairement en progression, suivant en cela une tendance nationale. Mais il serait judicieux de ne pas être trop optimiste. Tout ce qui se passe dans notre région nous alerte profondément. L'économie reste malade et fragile et les récents événements sociaux vont probablement peser lourdement sur les résultats du dernier trimestre », résume Emmanuel Barthélémy, le PDG de la SMC, qui présidait la réunion de présentation. Un pessimisme confirmé par Louis Aloccio, premier vice-président de la CCIMP pour qui « il est clair que les récents événements vont laisser des traces à court terme et un impact durable à long terme".
Parmi les signes encourageants, le dynamisme des carnets de commande dans le secteur industriel, en particulier l'électronique et la mécanique, dopées par une reprise des marchés mondiaux. Le secteur du transport et de la logistique reprend également de la vigueur avec notamment un élan du fret fluvial, qui enregistre une croissance de 25% (+5,2% pour le maritime et +2,1% pour l'aérien). Le secteur bancaire profite également du raffermissement de la demande de crédit tant de la part des particuliers que des professionnels. En demi-teinte, après les soldes d'été décevantes pour le commerce, la consommation semblait reprendre.
Coté indicateurs, le taux de chômage marque une pause mais « maintient les écarts qui ne sont pas à l'avantage de la région par rapport à la moyenne nationale", précise Louis Aloccio. « Autre signal fort, le recours au chômage partiel tend à se ralentir. Parallèlement, la sinistralité des entreprises est en repli et le taux de défaillances marque le pas (-2,5% pour le département au 2ème trimestre) mais 585 entreprises ont néanmoins été concernées. Aussi, la médiation du crédit enregistre un flux de dossiers quasi étale sur le dernier trimestre ce qui démontre une amélioration de la santé des entreprises ».
En revanche, des bémols incitent à la prudence : le manque de visibilité sur le marché handicape les secteurs du BTP, de la mode et de l'habillement ; la volatilité des prix des matières premières impacte négativement le prix de vente de certains produits agroalimentaires ; la collecte de la TVA pour le département est en repli de 2,8% en cumul annuel à fin septembre 2010. Un autre indicateur « que l'on ne sait jamais trop comment lire », ajoute le banquier, la création d'entreprises a progressé (seulement) de 6,8% par rapport au 2ème trimestre : « Nous savons qu'en temps de crise, beaucoup d'entreprises se créent. Ce ralentissement peut signifier que moins de personnes sont contraintes de créer leur propre entreprise ». Autant de données qui seront certainement malmenées dans la dernière livraison de l'année.

A.D

PHOTO : Le climat économique s'est amélioré mais il s'agit probablement d'une embellie passagère