Début décembre, le groupe français Altawest (C.A 2012 de 266 M€), opérateur présent sur les marchés de l'énergie et de l'environnement, et sa filiale Inova, spécialisée dans la conception et la construction d'installations de valorisation énergétique de déchets ménagers et de biomasse, ont signé le contrat de financement, de construction et d'exploitation sur 20 ans de la centrale biomasse (1) de Brignoles sur la zone d'activité de Nicopolis. Le projet est porté par Inova Var Biomasse, détenue à 65 % par le groupe Altawest et 35 % par la Caisse des dépôts. La centrale et la plate-forme forestière attenante, qui vont permettre la transformation du bois en plaquettes forestières (copeaux de bois d'arbres résineux essentiellement), occuperont un terrain de 10 hectares, dont la moitié a été achetée 2,25 M€. Les 5 ha restants sont loués par bail emphytéotique auprès de la communauté de communes du Comté de Provence pour une durée de 22 ans. La construction de l'ensemble est évaluée à 90 M€ et fournira 168 000 MWh au réseau régional, "ce qui permet de doubler la production d'électricité dans le département du Var et augmentera de 2 ou 3 % la production au niveau régional", précise Denis Ostré, responsable du projet chez Inova. La mise en service est prévue en février 2016.

Nouveau débouché pour les résineux de la forêt varoise

Retenu lors de l'appel d'offres biomasse lancé en 2010 par le gouvernement, le projet d'Inova a soulevé des critiques au niveau local, notamment de la part de l'association des communes forestières du Var, concernant la sécurisation de l'approvisionnement des 180 000 tonnes de biomasse annuelles nécessaires à l'approvisionnement de la centrale et les conflits d'usage de la ressource bois. Mais les professionnels de la filière forestière varoise attendent beaucoup de ce projet pour le développement de l'économie locale. Outre les 50 emplois directs que la centrale doit générer, elle représente un nouveau débouché pour les résineux de la forêt varoise, encore peu exploitée. "Pour l'instant, on cède notre bois à un prix dérisoire avec un monopole de la production papetière (l'usine de Tarascon, ndlr) pour nos résineux. La concurrence va redonner vie à la forêt et à une filière économique complète, explique Frédéric Roux, président du syndicat des propriétaires forestiers et sylviculteurs du Var. La superficie de la forêt varoise est de 360 000 hectares actuellement et la demande d'Inova ne représentera que 15 à 20 % de la production de biomasse nouvelle annuelle de ces forêts." Une centaine d'emplois indirects seraient créés dans la filière.

Attirer des industries qui ont besoin de la chaleur ou de la vapeur dans leurs process de fabrication

"Nous avons travaillé bien en amont sur cette question d'approvisionnement avec les acteurs locaux, précise Denis Ostré. Le bois sera exploité dans un rayon maximal de 100 km autour de la centrale, et plus de 50 % à moins de 50 km." L'office national des forêts, qui gère les forêts domaniales, s'est ainsi engagé à fournir 20 000 tonnes de bois par an pendant 5 ans et le solde proviendra de la forêt privée, notamment grâce à un partenariat avec la coopérative Provence Forêt (2 300 propriétaires, 107 000 hectares de forêts en gestion et 80 000 m3 de bois mobilisés). Avec cette centrale, le Comté de Provence espère par ailleurs structurer une partie de la zone d'activité de Nicopolis autour des entreprises spécialisées dans le bois mais aussi attirer des industries qui utilisent de la chaleur ou de la vapeur dans leurs process de fabrication.

Charlotte HENRY
(1) l'ensemble des matières organiques d'origine végétale (algues incluses), animale ou fongique pouvant devenir source d'énergie par combustion (le bois énergie par exemple), après méthanisation (biogaz) ou après de nouvelles transformations chimiques.

Photo : La construction de l'ensemble est évaluée à 90 M€ et fournira 168 000 MWh au réseau régional.