Club Méridien Mag : le coût des RT fait débat

Lors du Club Méridien Mag organisé lors du Printemps de l'immobilier le 27 mars dernier au Parc Chanot, le surcoût occasionné par l?application des réglementations thermiques, notamment celle en vigueur, la RT 2012 a nourri le débat entre promoteur, professionnel du bâtiment, architecte et ingénieur.

8% supplémentaires : c'est l'évaluation du surcoût occasionné par le respect de la réglementation thermique en vigueur, la RT 2012. Pour autant, entre les chiffres, les projections et l'appréciation au quotidien des professionnels, il y a parfois quelques nuances difficilement perceptibles pour le non-initié. C'est justement pour livrer le regard de ces professionnels que Méridien Mag a convié, vendredi 27 mars, à l'occasion du Printemps de l'immobilier, quatre intervenants lors d'un débat animé par Laurence Bottero, rédactrice en chef de notre titre.

Vrai coût ou épiphénomène ?

À la base, aucun d'eux n'a bien sûr remis en cause l'incidence financière de la RT 2012. Certains ont toutefois relativisé le phénomène. A la hausse, à l'instar de Renaud Tarazzi, architecte DPLG, pour qui ces 8% "ne représentent que le surcoût technique. Respecter la réglementation thermique implique aussi toute une réflexion dans la conception. Et tout cela se chiffre aussi en termes de temps passé !" Ou encore à la baisse, comme l'explique Johan Bencivenga, président de la FBTP13 : "le surcoût, c'est un épiphénomène, il va s'estomper mécaniquement et assez rapidement, soit 4 ans plus tard. Les professionnels de la construction s'y sont habitués". Ce n'est pas plus dommageable pour l'acquéreur, selon lui : "il va acheter un peu plus cher, mais le coût du logement sera davantage amorti dans la durée", ce d'autant que le prix de l'énergie a tendance à suivre une courbe ascendante. Un point de vue suivi par Jean-Alain Bousquet, ingénieur au Cerema* : "on raisonne aujourd'hui dans une approche de coût global, mais il faut aussi considérer la question du retour sur investissement". Enfin, pour Fabrice Alimi, président du Club de l'immobilier Marseille Provence, la question du surcoût s'avère presque secondaire. Car transition énergétique oblige, on ne peut se soustraire à ces impératifs : "il est indispensable de la mettre en place et d'y adhérer".

Trop contraignante ?

Incontournable certes, mais pour Johan Bencivenga, la RT 2012 recèle des écueils plus notables que celui du surcoût. Selon lui, elle gagnerait à être nuancée, déclinée selon les spécificités de chaque territoire. "Je m'inscris contre le caractère technocratique, voire dogmatique, de la réglementation. Quand on fait des règles, ce sont les mêmes partout. C'est dénué de bon sens, dans la mesure où selon la région, la problématique est différente. Celle de la Méditerranée, c'est le confort d'été, tandis que si l'on va plus au Nord, ce sera le confort d'hiver. Il est absurde par exemple que l'on ne puisse plus climatiser un appartement à Marseille, quand il fait 35 degrés". Car pour mémoire, la RT 2012 a pour objectif de limiter la consommation d'énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWhEP/(m².an) en moyenne.


Jean-Alain Bousquet va alors tenter d'apporter quelques nuances : "dès lors que le logement est exposé au bruit, il est possible de climatiser. Si ce n'est pas le cas, on peut jouer par exemple sur le niveau d'isolation, qui peut réduire l'apport solaire. On produit aujourd'hui des logements plus confortables que par le passé, donc dans bien des cas, la climatisation ne s'impose pas". Ce à quoi Fabrice Alimi objecte qu'en "étage dans un immeuble ensoleillé sans climatisation, ce peut être intenable, même dans un bâtiment neuf. De plus, l'isolation étant plus importante, on réduit de fait la taille des logements". Malgré ce, il garde des propos mesurés : "la réglementation est contraignante, elle est trop globale, mais elle a aussi l'immense mérite de nous permettre de nous poser les bonnes questions. C'est valable dans le domaine thermique comme dans tous les autres domaines liés à la construction : la domotique, le confort des personnes à mobilité réduite... Cela nous oblige à travailler avec des bureaux d'étude, à regarder les choses avec plus de perspective. On fait appel aux archis, donc à la matière grise..."

Jouer avec la norme

Renaud Tarazzi ira dans le même sens. Pour l'architecte, le défi, c'est justement de s'approprier la norme et d'appréhender la marge de liberté qu'elle peut offrir : "la réglementation nous pousse à être plus intelligents. La solution, c'est de faire avec les éléments et non pas de jouer contre eux. Pour ce faire, il nous faut aussi anticiper. Nous formons dans cette optique nos architectes dans un master à Luminy axé sur l'architecture méditerranéenne". L'embauche d'un ingénieur thermique aide également en interne à envisager les meilleures solutions. Ainsi, il n'y a pas une seule et unique façon d'appliquer la norme. Dans cette optique, le travail en binôme, entre architectes et promoteurs, peut être particulièrement porteur. La concertation semble en effet une condition sine qua non pour tirer le meilleur parti des réglementations thermiques en vigueur... mais aussi pour produire des immeubles dont concepteurs, constructeurs et promoteurs soient fiers. Besoin de satisfaction du travail accompli mis en exergue, en conclusion, par Renaud Tarazzi et Johan Bencivenga.

Carole PAYRAU
Crédit photo : Franck PENNANT

* Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement.


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