Après deux années difficiles (-10% en 2009 et -3,4% en 2010), la fédération du BTP 13 (750 entreprises qui réalisent les 2/3 des 4 mds€ de chiffre d'affaires du secteur et des 43000 salariés de la profession) gage sur une année plus « colorée » avec une « petite » croissance de 2% de l'activité sur le département, explique son président Jean-Pierre Richard. Plusieurs indicateurs le laissent accroire : « l'effort d'investissement du secteur HLM, dopé par les différents plans mis en place. En 2001, ils représentaient 750 logements. Aujourd'hui, il se montent à près de 3000. Le maintien de l'affectation des ressources du livret A à ce secteur va permettre de poursuivre la dynamique. L'introduction du PTZ+* et la préservation du dispositif Scellier pourraient générer une hausse de 10% de l'activité dans le logement privé. Enfin, l'activité « entretien et réhabilitation » (50% de l'activité de la profession en valeur) rattrape son rythme de croisière (1,8%). Elle devrait être aussi dopée par les mesures prises dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Quant aux investissements des collectivités, ils devraient repartir à la hausse car le dispositif Scellier a joué à plein en 2010. Grâce au rebond de 32% des droits de mutation, les caisses ont été abondées à hauteur de 4% ».
Reste que les entreprises sont très fragiles aujourd'hui : « Pour garder leurs effectifs, les entreprises ont taillé dans les marges et aussi dans les prix malgré les exhortations à ne pas le faire. Parallèlement à l'envolée du prix des matières premières. Résultat : effet coup de ciseau déplorable pour les bilans. La crise a eu pour premier effet de provoquer le retour des offres anormalement basses avec une baisse des prix de l'ordre de 20% ».
Une dossier sur lequel la profession se bat. Elle a d'ailleurs fait parvenir à ce propos une lettre aux collectivités pour rappeler quelques règles de conduite : « sélectionner l'offre économiquement la plus avantage ne revient pas systématiquement à choisir le moins disant. Les élus craignent d'être accusés de favoritisme mais sélectionner le moins disant, c'est quelque part le faire ». La profession voit également comme un élément très positif le fait que l'État se préoccupe enfin d'une situation dont elle s'inquiète depuis de nombreuses années : les recours abusifs aux « conséquences économiques désastreuses pour nos entreprises ».
Enfin, la profession attend beaucoup des nouveaux marchés ouverts par le grenelle de l'environnement. « Le marché de la rénovation énergétique dans la région concerne 940 000 logements. On estime que cela représente en valeur respectivement 3,2 et 5,8 mds€ pour le logement collectif et individuel. Pour les bâtiments non résidentiels, la valeur serait de 18,2 mds€ (dont 5,5 pour les bâtiments publics).
La fédération du BTP 13 a profité de son point de conjoncture pour organiser une visite du chantier de l'Hôtel Dieu dont la reconversion en hôtel 5 * menée par Eiffage Construction pour le compte du groupement Axa (investisseur), Altarea Cogedim (promoteur) et Intercontinental (exploitant), devrait être achevée fin 2012. « 200 personnes sont mobilisés en permanence sur ce chantier de 75 M€, explique Luc Bouvet, directeur régional d'Eiffage Construction, nous en sommes à la phase la plus délicate : les confortements ont été réalisés et on attaque la réhabilitation lourde ». La difficulté du chantier réside dans son classement par les BMF. « Nous conservons les façades, les escaliers et la toiture ».

* Nouveau dispositif d'aide gouvernementale entré en vigueur depuis le 1er janvier 2011, réservé aux primo-accédants et n'est pas soumis aux conditions de ressources.

A.D
Photo : Le chantier, qui doit transformer l'ancien hôpital en palace, attaque la partie lourde : les fondations et éléments porteurs.