La presse les avait déclarés en guerre (c.f article de la Provence du 23 février 2011), les cantonnant dans un rôle de frères ennemis, se renvoyant les responsabilités dans "l'inertie" de la Rue de la République. Les deux principaux aménageurs de la longue artère ont visiblement mis le pragmatisme, qui doit prévaloir quand de tels enjeux financiers sont en cause, au profit d'une rencontre. Xavier de Lacoste Lareymondie, directeur général d'ANF et Jean-Claude Aznavour, à la tête d'Atemi Méditerranée, se sont en effet vus mercredi dernier.

Une entrevue constructive puisque les deux hommes ont fait le point sur l'ensemble des îlots qui composent cette rue de 1,3 km et ont convenu ensemble d'un certain nombre d'actions (retrouvez dans le prochain Méridien Mag, en kiosque début avril, un long entretien croisé des deux hommes).

Le retard pris dans les travaux par Atemi Méditerranée, prise en tenaille dans l'imbroglio financier de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, propriétaire à 15% du fonds d'investissement Lehman Brothers Real Estate Partners (actionnaire majoritaire d'Atemi), avait généré beaucoup d'inquiétudes, notamment des pouvoirs publics.

Rappelons que la rénovation de la rue, qui bénéficie d'une opération d'intérêt national, devait être achevée en 2012. Or, les élus, qui attendent beaucoup de cet axe fort pour créer le lien entre le centre ville historique et le nouveau quartier d'affaires et qui y ont d'ailleurs beaucoup investi pour l'équiper de parking et d'un tramway, se désespéraient de la voir un jour aboutir alors que le chantier du grand complexe commercial le long des quais avance à grands pas.

Si bien qu'en décembre, le dirigeant d'Atemi Méditerranée avait signé une convention avec la Ville et Euroméditerranée une charte établissant un calendrier des travaux, assorti d'un engagement de livraison au deuxième trimestre 2013. Une charte qu'ANF n'a pas signée, au grand regret de son homologue, qui évoquait un "refus de concertation" et de "démarche participative" (cité par la Provence).

L'amertume n'est plus de mise. "Ce n'est pas que l'on ne voulait pas se parler, nous n'étions pas au même niveau d'avancement dans les réalisations sur la rue.... Il n'y avait donc pas lieu de se rencontrer. Maintenant, c'est possible puisqu'Atemi a réglé ses problèmes financiers, ce qui va leur permettre de relancer des travaux notamment sur l'îlot 14 où doit s'implanter Monoprix. Nous pouvons du coup penser à l'implantation d'enseignes autour", explique le DG d'ANF.

Les deux hommes ont prévu le lancement en 2012 d'une grande campagne de communication commune sur la commercialité de la rue "pour lui donner l'unité qu'elle aurait dû avoir depuis le début"... En attendant, ANF lance cette semaine la sienne, voulue "plus forte grâce à une présence accrue sur les supports et plus qualitative en conjuguant affichage et évenementiel".

Maître d'œuvre, l'agence de conseil en communication d'entreprises Carocom  a prévu cette année 1 196 faces Decaux, vélocity et Métrobus, déclinées en temps forts (mars pour le lancement, mai pour annoncer des animations Hawaï En République, juin-juillet pour les soldes d'été, septembre pour la rentrée des classes et décembre pour les fêtes). Concernant l'événementiel, plusieurs événements sont prévus, dont un pour l'arrivée de Rip curl fin avril. Pour l'occasion, l'artère, conçue en 1862 selon les principes urbanistiques du Second Empire, prendra des allures de village Hawaïen. Budget non communiqué.

Adeline Descamps

Crédit photo : Claude Almodovar