? Quand on titre Plan Marshall pour Marseille, c ? est dévastateur ?

Les projecteurs braqués sur la ville de Marseille ces derniers jours ont fait le tour du monde des médias. Pas de nature à aider les ?chasseurs? d?investisseurs. Entretien avec Pierre Distinguin, directeur de la prospection à Provence Promotion.

Marseille et ses problèmes de criminalité ne vous aident pas dans votre chasse aux projets et aux investisseurs ?

Pierre Distinguin : "Pas en effet pour ceux qui n'ont pas une lecture récurrente de cette ville et qui n'ont pas de traçabilité de son évolution. Comme aux États-Unis, quand un média titre : "Un plan Marshall pour Marseille", c'est terriblement dévastateur.
Il faut faire le distinguo entre l'appréhension des événements par le grand public et par les chefs d'entreprise, notre cible. Ceux-ci ont l'habitude de voyager, et savent faire la différence entre ce qu'ils entendent et lisent et ce qu'ils voient réellement sur place. Et d'ailleurs si la ville était si terrible que cela, nous n'aurions pas une telle envolée de notre fréquentation touristique".


Ces dernières années, vous avez constaté une dégradation en terme d'image et d'attractivité ?

Pierre Distinguin : "On ne peut pas le formuler ainsi : notre image est tellement faible à l'origine que l'on ne peut pas parler de dégradation. Elle revient à la surface de façon chronique au gré de l'actualité mais nous ne connaissons pas d'écart majeur ces dix dernières années. En revanche, il faudrait, quand l'image est négative, ne pas la laisser se propager sans contrebalance le négatif, via des campagnes dans la presse spécialisée par exemple. Nous n'avons pas de stratégie de communication, pas un contenu suffisamment unifié dans son angle d'attaque. Une réflexion est en cours depuis plusieurs mois pour mutualiser nos budgets pour communiquer sous une bannière commune à l'image de la démarche de Lyon* (l'une des seules démarches collectives de marketing territorial en France, ndlr)... Aujourd'hui, toutes les métropoles s'équipent d'une stratégie de citybranding".

Qu'est ce qui fait que vous emportez le contrat quand un investisseur hésite entre plusieurs destinations ?

Pierre Distinguin : "Dans la décision, le coût d'implantation pour une entreprise n'est qu'un indicateur d'attractivité parmi beaucoup d'autres. Alors si l'investisseur se réfère aux grands indicateurs clés établis par les cabinets de consulting, on n'a peu de chance d'emporter l'adhésion. En revanche, sur d'autres critères on peut faire la différence. On constate ainsi que quand la décision repose sur un seul homme - cas des PME - on peut le faire basculer. Sur les 51 projets que nous avons accompagnés en 2011, pour une dizaine de dossiers, si on n'avait pas croisé la route des investisseurs, ils auraient arbitré différemment. Pour une dizaine d'autres, la décision était prise à 25 ou 50% et on a fait pencher complètement parce qu'on a répondu à une problématique particulière : une crèche, l'obtention d'un visa... Ceci pour dire que notre capacité d'influence peut aller de 5 à 100%".


La concurrence au Sud, c'est ...
Pierre Distinguin : "Montpellier, Nice, Toulouse mais pas Lyon ou du moins, plus Lyon. Au départ, nous étions dans la même division mais Lyon est montée dans la catégorie supérieure et joue désormais dans la cour des grands en concurrence avec Paris dans les implantations de sièges sociaux.
Marseille n'a pas bougé. En revanche, les villes moyennes en proximité, elles, sont passées à la vitesse supérieure. Tout est une logique d'avancement".


Propos recueillis par Adeline Descamps


*Lyon a lancé sa marque OnlyLyon, une bannière commune mutualisant les moyens de 13 partenaires : l'agence de développement Aderly, Aéroports de Lyon, la CCI, la CGPME, la Chambre des métiers, le Centre des congrès, le département du Rhône, Eurexpo, le Grand Lyon, l'Office du tourisme, le Medef, l'université de Lyon et la Ville.

Repères
Bilan Provence Promotion à fin décembre 2011

- 51 projets accompagnés correspondant à 1 978 emplois à 3 ans et 120 sauvegardés.
- 76 dossiers en cours d'analyse
- 9 dossiers sont des créations d'entreprises exogènes liées au programme Start in Provence
- 9 investisseurs étrangers recensés dont 4 Américains et 2 Chinois
- 15 projets TIC
- 8 dans la logistique
- 7 en conseil et services aux entreprises
- 5 en aéronautique


Avec 33 projets d'investissement étranger, la région se classe au 5ème rang et perd 2 places par rapport à 2010.



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