Cette commande de navires qui renforce la Méridionale dans sa stratégie de décarbonation

La compagnie basée à Marseille, détenue depuis juin dernier par CMA CGM, a annoncé la commande de deux nouveaux navires pavillon français premier registre, dont la propulsion sera à la fois électrique et au GNL. Un choix qui s’inscrit totalement dans la stratégie de décarbonation que la PME, en charge de la rotation entre le Continent et la Corse, a adoptée depuis plusieurs années et qui devrait largement s’amplifier au cours des prochains mois. Sans omettre pour autant le volet design, confié au studio d’architecture d’intérieur Jean-Philippe Nuel et au studio Stirling Design. Car la volonté est bien de jouer un effet d’entraînement sur l’industrie toute entière.
(Crédits : DR)

Elle s'était faite assez discrète ces derniers mois, occupée à peaufiner sa stratégie de développement. Et la commande annoncée ce 14 novembre de deux nouveaux navires pavillon français premier registre confirme les ambitions annoncées en juin dernier, lors de l'acquisition de la compagnie basée à Marseille par le groupe CMA CGM (propriétaire également de La Tribune NDLR). Une ambition claire de poursuivre les efforts et investissements fléchés vers la décarbonation, un sujet dont La Méridionale s'était emparée notamment en mettant au point un filtre, alternative aux scrubers, pour empêcher l'émission des particules en s'appuyant pour cela sur une technologie issue de l'industrie. Filtre installé alors sur le Piana, l'un des quatre navires constituant la flotte. C'est aussi la Méridionale qui s'était engagée, dès 2016, dans l'électrification des bateaux à quai, depuis Marseille.

Déploiement technologique

Cette avance sur le sujet de décarbonation, la compagnie l'amplifie avec la commande de deux navires qui embarquent avec eux différentes technologies. Dont la propulsion au GNL, le gaz naturel liquéfié qui permettra ici de réduire de 99% les émissions de soufre et les particules fines et de 80% les particules d'oxyde d'azote. Un GNL qui, par ailleurs, alimentera deux moteurs de propulsion électrique d'une capacité de 10.5 MW chacun. Un combo qui permettra de pouvoir recharger les navires lors de leurs escales à quai, soit via l'électrification lorsque le port est doté de prises dédiées soit en s'appuyant sur le pack de batteries. Surtout, l'emploi de tout autre carburant alternatif, tels le biogaz ou le méthane synthétique, pourront également être utilisés. On sait que sur ce point, CMA CGM se dit « énergie agnostique ». C'est-à-dire ouvert à toute innovation sur le sujet.

Parmi les technologies également déployées, se trouvent cette hélice à 5 pales dont le dessin a été recalibré, l'optimisation de la carène en fonction des vitesses adéquates auxquelles s'ajoutent une meilleure pris en compte de la consommation énergétique des cabines ainsi que la récupération et le stockage d'eau chaude.

Le travail amont de réflexion et de design a été pensé conjointement entre équipes de R&D. CMA CGM apporte ici toute sa connaissance du sujet. Le spécialiste du transport et de la logistique réfléchit et travaille continuellement sur les sujets d'hydrodynamisme, de dessins d'hélices, d'utilisation aussi de peintures capables de rendre la pénétration dans l'eau plus efficace. Même si toute solution technologique doit être adaptée à la taille du navire considéré, les avancées de l'un bénéficient à l'autre.

Effet d'entraînement industriel

Pour autant, l'innovation se trouve aussi du côté du design. Confiés au studio d'architecture Jean-Philippe Nuel et au studio Stirling Design, le dessin, la conception, la ligne des 264 cabines ont également la volonté d'être disruptifs par rapport à ce qui est connu dans le secteur de la croisière. Jean-Philippe Nuel possède notamment une expertise dans l'hôtellerie de luxe comme dans l'hôtellerie lifestyle - on lui doit le Molitor à Paris notamment. Le monde maritime ne lui est pas non plus étranger, puisqu'il a notamment collaboré avec la compagnie Le Ponant. Un point commun partagé avec Jean-Emmanuel Sauvée, cofondateur du Ponant et ex-président d'Armateurs de France, qui préside aujourd'hui à la destinée de La Méridionale.

La Méridionale

Si le montant de l'investissement consenti n'est pas précisé, nul doute que la compagnie n'en a pas fini avec les orientations stratégiques. L'objectif est clairement de jouer un effet d'entraînement profitable à l'ensemble de l'industrie. Ainsi que CMA CGM l'encourage, notamment via la coalition internationale, initiée par Rodolphe Saadé, qui réunit les grands groupes et acteurs du monde du transport et de la logistique.

La livraison des deux nouveaux bateaux, d'une capacité d'accueil de 1.000 personnes, est attendue pour 2027. Outre la desserte de la Corse, liée à une DSP depuis 45 ans, La Méridionale assure également depuis 2020, la liaison avec le port de Tanger Med, au Maroc.

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Commentaire 1
à écrit le 15/11/2023 à 8:15
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Un mammouth de plus.

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