Giuseppe Sergi – SAFER PACA : « Il faut écouter les acteurs de la terre »

Vigneron installé à Nice, président de l’appellation Bellet, il a ajouté une autre casquette présidentielle à la précédente en prenant celle du comité technique des Alpes-Maritimes de la SAFER PACA voici quelques mois. Un engagement supplémentaire en faveur de la préservation des terres agricoles, ces terres intimement associées aux circuits courts et au retour à une alimentation de proximité. Si le contexte est favorable, tout n’est pas gagné pour autant.
(Crédits : DR)

Le sujet est longtemps resté discret, l'agriculture et ses défis n'étant pas, jusqu'à très récemment, une préoccupation grand public. Il aura fallu une crise sanitaire pour accélérer - là encore - une tendance qui creusait son sillon : l'alimentation en proximité, la nécessité de disposer de circuits courts efficients, comme nouvelle façon de consommer. Pour Giuseppe Sergi, le sujet est un véritable cheval de bataille, et depuis bien longtemps.

Président du comité technique de la SAFER PACA pour les Alpes-Maritimes depuis quelques mois, c'est d'abord au sein de la chambre d'agriculture de ce département, dès 2008, qu'il s'investit afin de promouvoir la thématique déjà sensible de la préservation des terres agricoles. Une thématique loin d'être anodine dans une région où le foncier manque, où il est extrêmement prisé, autant pour des questions immobilières qu'entreprenariales.

Le pragmatisme comme boussole

Pourtant, rien ne prédestinait Giuseppe Sergi à enfourcher un tel cheval de bataille. L'agriculture, il tombe certes dedans petit, ses parents étant maraîchers et horticulteurs. Pour autant ce n'est pas tout à fait dans cette filière qu'il fourbit ses premières armes, puisqu'à 18 ans il crée sa première entreprise... de carrosserie peinture. Comme souvent, c'est une rencontre qui le fait revenir à la terre, celle avec Roland Sicardi, qui sera son beau-père, avec qui il décide d'acquérir - après un détour par la restauration - le domaine du Clos Saint-Vincent, appellation du domaine de Bellet. Voici donc Giuseppe Sergi viticulteur. Un viticulteur impliqué. En 2007, il prend la présidence de l'appellation Bellet. Et c'est donc l'année suivante qu'il intègre la chambre d'agriculture des Alpes-Maritimes.

Depuis juin dernier, il pilote le comité technique départemental de la SAFER PACA. Un comité hyper stratégique puisque la SAFER elle-même le considère comme un « parlement du foncier ». C'est-à-dire qu'en son sein - où se retrouvent moult organisations, syndicats et acteurs économiques - il y a débat. Sur des dossiers d'installation de jeunes agriculteurs par exemple, une tendance qui s'est affirmée au fil du temps. Mais les débats dit Giuseppe Sergi doivent être constructifs et servir la cause, de façon pragmatique.

Ne pas éviter les sujets tabous

En 2021, c'est toujours le prix du foncier qui est un sujet central. « Nous subissons toujours la pression immobilière » et le passage de ces zones agricoles alors, constructibles, en zones inconstructibles n'est pas fait pour arranger la chose. « Il y a 15 ans, les terrains agricoles étaient constructibles, ce n'est plus cas aujourd'hui ». Avec comme conséquence majeure celle d'empêcher les agriculteurs d'habiter sur l'exploitation. Un sujet « tabou », reconnaît Giuseppe Sergi mais un sujet qui se pose furieusement pour la génération d'après.

Le soutien aux jeunes agriculteurs, c'est exactement l'un des rôles primordiaux de la SAFER. Réinstaller ceux qui reviennent aux premiers amours familiaux ou ceux qui y viennent par appétence, amour de la terre est primordial, encore plus dans ce contexte d'un retour à une alimentation de proximité, ce qui génère des besoins de répondre à la demande. « Un jeune agriculteur est souvent prioritaire », indique Giuseppe Sergi lorsqu'il s'agit de redistribuer des terres agricoles. Mais, rappelle tout de même le vigneron niçois qui sait de quoi il parle, « il ne faut pas oublier qu'il faut consolider l'exploitation ».

Eduquer au goût

Heureux de constater que le confinement a poussé à un changement de mentalité et à une volonté de consommer fruits et légumes en provenance des producteurs, Giuseppe Sergi tient à rappeler que « nos produits sont meilleurs et moins chers que ceux du supermarché ». Et que ce sont les jeunes qui sont pourvoyeurs de cette tendance, « plus volontaires pour mieux manger ». Mais pour le président azuréen il est un point qui mérite qu'on ne l'occulte pas. Le bien manger, ça s'apprend, ça s'éduque. « Nous sommes le pays de la gastronomie et pourtant il n'y a qu'une Semaine du Goût. A l'école, le goût des bons produits devrait être enseigné et les dégustations être organisées avec les professeurs ».

Dans une stratégie de valorisation de l'agriculture, les liens avec les collectivités est essentiel. Car ce sont aussi elles qui sont pourvoyeuses de projets de création ou de soutien à l'agriculture locale. Et dans les projets d'installation, c'est main dans la main que le tout se prépare, se déroule et se finalise. Giuseppe Sergi indiquant qu'il est primordial de « conforter les exploitations » et que parfois permettre à une exploitation existante de s'agrandir est plus stratégique que d'installer un jeune sur une exploitation de petite taille.

Et puis il y a un autre cheval de bataille, oublié souvent, celui de la terre agricole comme coupe-feu. « Même en zone verte, il serait opportun de planter des oliviers », recommande Giuseppe Sergi. Qui le répète, « nous avons été créé pour les agriculteurs, nous sommes là pour les agriculteurs. Il faut écouter les acteurs de la terre ».

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