"Les systèmes pyrotechniques fonctionnent dans des milieux et des conditions extrêmes, la seule limite étant les très hautes températures, comme la lave en fusion, explique Roger Anfosso, président et cofondateur de Tethys avec Franck Garde, qui assure la direction générale. Et seule une énergie minimale est nécessaire pour démarrer la chaîne pyrotechnique. C'est une activité très surveillée et réglementée, utilisée dans de nombreux domaines civils et militaires."

 La pyrotechnie au service du nucléaire et de l'aéronautique

L'entreprise (CA de 2,48 M€ en 2013, 20 salariés), qui se positionne aujourd'hui parmi les leaders de la pyrotechnie industrielle derrière Safran, Dassault, Nexter et Davey-Bickford, développe ainsi "un patchwork de solutions pyrotechniques en fonction des besoins des clients", précise Roger Anfosso, comme la protection des centrales nucléaires, la mise en sécurité des missiles ou l'extinction des moteurs d'aéronefs, ainsi que la production en série de certains produits. Pour cette activité, qui contribue à 50% de ses ventes, la PME varoise propose des systèmes de sécurité incendie, de gonflage de gilets de sauvetage ou de radeaux de survie ou encore de maculation des billets de banque par pulvérisation d'une encre indélébile pour dissuader d'éventuels voleurs - "un système développé pour le leader européen du secteur, Oberthur Cash Protection", indique le P.d.g.

Un système capable de localiser les épaves d'avions en mer

Depuis 2009 et le crash de l'A330 au large du Brésil, Tethys travaille notamment à l'élaboration d'un système capable de localiser les épaves d'avion en mer en partenariat avec le pôle de compétitivité aérospatial Pégase. Le Belocopa, nom du système, permet d'éjecter de manière automatique et autonome, une balise géolocalisée flottable, dès que l'avion atteint une certaine profondeur. Cette balise stockera des données de vol et sera reliée au réseau satellitaire Cosmar Sarsat, permettant de suivre son déplacement et de limiter les zones de recherche. "Si la balise n'est pas éjectée, elle n'émet pas de signal, et c'est donc que l'avion ne s'est pas abîmé en mer. C'est une information qui aurait été précieuse au début des recherches de l'avion malaisien disparu, note le dirigeant.

5 ou 6 ans avant l'industrialisation

Les essais de faisabilité terminés, l'entreprise est en train de tester les prototypes en immersion. "Nous avons déjà investi 600 à 700 K€ et nous sommes à la recherche d'un partenaire industriel." Roger Anfosso estime qu'il faudra encore au moins 5 ou 6 ans pour arriver à une phase d'industrialisation, à condition "d'y mettre les moyens".  Installée sur le plateau de Signes, la PME a en grande partie autofinancé en 2009 la construction de ses nouveaux locaux, équipés de laboratoires, d'ateliers sécurisés, d'automates d'intégration mécaniques et de contrôle électriques (entre 1,5 et 2 M€ d'investissement).

Carnet de commandes à 2,8 M€

En croissance constante depuis sa création, la spécialiste investit 20 à 25 % de ses fonds propres en R&D pour conserver ses atouts technologiques et se positionner sur des projets ambitieux. "Nous étudions de nouveaux secteurs d'avenir pour la pyrotechnie comme l'offshore profond, nos systèmes fonctionnant quelle que soit la profondeur et ne nécessitant aucune maintenance pendant 10 ou 15 ans. Nous nous heurtons à des lobbies très puissants mais dès qu'on sortira des plateaux continentaux pour atteindre des profondeurs très importantes, il n'y aura plus le choix", commente Roger Alonso. À fin janvier, le carnet de commandes s'établissait à 2,8 M€ avec une visibilité sur 3 ans. En 2014, la PME table sur un CA de 3 M€.

C.HENRY

Photo : Roger Anfosso et Franck Garde, cofondateurs de Tethys et respectivement, président et directeur général.