Politique : Emmanuel Macron s’imposera-t-il enfin à Marseille ?

Il déclame son amour pour la Cité phocéenne à la moindre occasion, lui dédie des déplacements réguliers, donne les preuves de cet attachement avec un Plan qui pousse à rêver la deuxième ville de France en Grand. Mais Marseille rechigne à rendre la réciproque au Président de la République. Jusqu’à présent, tout au moins. La récente nomination de Christophe Castaner à la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime, celle de Pierre-Olivier Costa, l’ancien directeur du cabinet de Brigitte Macron à la présidence du MuCEM semblent être le signe d’une volonté de marquer encore plus la présence présidentielle sur le territoire. Et elles ne sont pas les seules. Une façon de préparer le terrain ?
(Crédits : POOL)

Emmanuel Macron et Marseille c'est une grande histoire d'amour. Faite de déclarations, dès que l'occasion se présente. De preuves aussi et la plus belle prend sans doute la forme de ce Plan qui rêve la Cité phocéenne en Grand. Mais malgré des sentiments sans cesse démontrés, Emmanuel Macron peine à séduire vraiment dans une ville farouche, peu encline à se laisser conquérir facilement. Les divers scrutins électoraux l'ont démontré, il ne suffit pas de se revendiquer de la majorité présidentielle pour l'emporter. Loin de là.

Des hommes - et une femme - de confiance

L'arrivée de Christophe Castaner, l'ancien ministre de l'Intérieur, à la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille-Fos en novembre dernier a forcément fait parler. Proche du Château selon la formule consacrée, sa proximité avec le Président de la République modifie forcément la perception de la chose. A peine un mois plus tôt, une autre nomination, peut-être plus discrète mais pas moins significative, plaçait Pierre-Olivier Costa, l'ancien directeur de cabinet de Brigitte Macron à la présidence du Mucem, le musée des civilisations.

Deux arrivées sur le territoire qui semblent dire quelque chose. Le premier, originaire du Var, est aussi ancien maire de Forcalquier dans les Alpes de Haute-Provence et ancien conseiller régional (PS) sous la présidence de Michel Vauzelle. Porte-parole d'Emmanuel Macron lors de la première campagne présidentielle, Christophe Castaner connaît bien le territoire, l'écosystème local, ses rouages et certaines des personnalités qui le composent. Le second, outre avoir été le chef de cabinet d'Emmanuel Macron à En Marche, devenu Renaissance, était également le conseiller spécial du président de la République. Deux très proches donc, désormais dans le cœur du réacteur marseillais.

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Mais ils ne sont pas les seuls. Au Grand Port maritime de Marseille-Fos, la présidence du directoire est assurée depuis 2019 par Hervé Martel, auparavant directeur général d'Haropa. Haropa qui est le port du Havre, ville d'un certain... Edouard Philippe.

Sans doute pas anodin du tout, le Plan Marseille en Grand bénéficie d'un préfet dédié. Laurent Carrié, arrivé en terres marseillaises en octobre 2021, était jusqu'alors conseiller technique pôle territoires auprès du Premier ministre Jean Castex, après avoir été celui d'Edouard Philippe. Laurent Carrié qui retrouve en préfecture Christophe Mirmand. L'actuel préfet des Bouches-du-Rhône et de Région qui était lui-même secrétaire général du ministère de l'Intérieur de 2018 à 2020... où il a donc croisé Christophe Castaner.

Une sorte de maillage qui pourrait donner à penser que, plus discrètement que ses déclarations d'amour, Emmanuel Macron installe des hommes de confiance sur le terrain marseillais. Mais le président de la République peut aussi beaucoup compter sur Sabrina Agresti-Roubache, jeune députée, venue de la société civile qui parcourt sans relâche le terrain. Une Sabrina Agresti-Roubache, native de Felix-Piat, qui connaît parfaitement les acteurs économiques. Et désormais aussi politiques. Ce qui en fait une alliée précieuse.

Martine Vassal, le challenger observé depuis Paris

Sur un terrain toujours plus politique qu'économique, le rapprochement de la droite marseillaise, opérée ces dernières semaines est un élément à observer de près. Tout commence par un rassemblement mi-mai entre environ 70 élus à l'initiative Renaud Muselier, rassemblement où est notamment présente Martine Vassal. Si le président de la Région Sud, a quitté sa famille politique LR pour rejoindre Renaissance, la présidente du Département 13 et de la Métropole Aix-Marseille Provence, elle, a soutenu alternativement des candidats des deux camps lors des législatives. Un rapprochement confirmé et affirmé depuis, qui ne plaît pas forcément du côté de la gauche, les échanges de tweets acérés entre Renaud Muselier et Martine Vassal d'un côté et Benoît Payan, le maire de Marseille de l'autre en attestent.

Certes, à trois ans des élections il est sans doute prématuré d'hypothéquer sur qui sera tête de liste. Renaud Muselier répète régulièrement qu'il ne sera pas candidat et Martine Vassal botte en touche. Reste que les données du sondage réalisé par l'Ifop/Public Sénat pour La Tribune, sont riches d'enseignements. Ainsi 39% de personnes interrogées estiment que la présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Provence ferait un bon maire de Marseille. De quoi susciter un intérêt certes sur le territoire mais également en haut-lieu. L'Elysée qui aurait, dit-on, bien pris en compte cette estimation... De son côté, Renaud Muselier, testé sur la même question, est crédité de 35% d'opinions favorables. De quoi confirmer que l'union fait la force. Et peut-être même, la différence.

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Si trois ans cela peut paraître long, en politique, c'est souvent très court. Car une élection exige un temps de préparation, long, parfois ingrat. Que fera Emmanuel Macron après la présidence de la République ? Quid demain, des accords d'aujourd'hui ? Il est certain que l'avenir de Marseille, économique comme politique, est au centre de toutes les attentions...

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2023 à 8:52
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Faut dire qu'il parle et déclare beaucoup aussi le fameux "en même temps" se traduit par dire tout et son contraire pour ensuite faire ce qu'il veut selon l'orientation que lui donne ses supérieurs multimilliardaires. Et à Marseille ils les connaisse...

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